NHL GMs 4.24

Kyle Dubas était un recruteur pour les Greyhounds de Sault Ste. Marie lorsque l'équipe a vu un attaquant de 6 pieds 3 pouces et 194 livres de St. Catharines, en Ontario, lui glisser entre les mains au profit des Whalers de Plymouth lors du Repêchage 2005 de la Ligue de hockey de l'Ontario.

Qui était ce joueur?

John Chayka.

« Malheureusement, tu n'étais pas très haut sur ma liste, John », lui a lancé Dubas en riant. « C'est celui qui m'a échappé! Mais il s'en est quand même bien tiré, donc tout est bien qui finit bien. »

De nos jours, Chayka, 30 ans, et Dubas, 34 ans, sont les deux plus jeunes directeurs généraux de la LNH, le premier avec les Coyotes de l'Arizona et le deuxième avec les Maple Leafs de Toronto.

Les deux ont participé vendredi à une conférence téléphonique organisée par la LNH avec deux autres DG, Julien BriseBois, 43 ans, du Lightning de Tampa Bay, et Bill Guerin, 49 ans, du Wild du Minnesota. La séance a permis d'en apprendre plus sur les quatre, comment ils sont devenus DG et quelles sont leurs responsabilités.

Chacun y est arrivé à sa façon.

Chayka a subi une blessure au dos alors qu'il jouait au niveau junior. Il a alors cofondé l'entreprise Stathletes, spécialisée dans l'analyse statistique, à l'âge de 19 ans et il est par la suite devenu adjoint du DG chez les Coyotes. Lorsque les Coyotes l'ont nommé au poste de DG en 2016, il n'avait que 26 ans, ce qui en faisait le plus jeune DG de l'histoire du sport professionnel majeur.

BriseBois jouait au hockey lorsqu'il était jeune, mais sa passion, c'était le baseball. Il est allé à l'université en droit pour devenir un avocat fiscaliste. Mais la firme où il avait été engagé désirait ouvrir un département sportif et était à la recherche d'un candidat bilingue. C'est ce qui l'a mené à la LNH. Après neuf saisons dans l'organisation des Canadiens de Montréal et huit avec Tampa Bay, il est devenu le DG du Lightning en septembre 2018.

Guerin, après une carrière de 18 saisons dans la LNH lors de laquelle il a remporté deux Coupes Stanley, désirait demeurer dans le sport. Il est devenu un entraîneur de développement avec les Penguins de Pittsburgh, puis adjoint du directeur général. Le Wild l'a embauché comme DG le 21 août dernier.

« Quand tu es un joueur, tu n'as aucune idée de tout le travail nécessaire pour bâtir une saison et s'assurer que l'équipe est prête à jouer, a souligné Guerin, l'un des 19 directeurs généraux actuels qui ont joué dans la LNH. « Tu es tellement hypnotisé par ta routine personnelle et tes performances que tu n'as pas le temps de penser à autre chose. »

La première réunion des directeurs généraux de la LNH peut s'avérer une expérience intimidante. Dubas n'était pas encore DG lors de sa première, en juin 2015 à Las Vegas. Les Maple Leafs venaient de congédier Dave Nonis mais ne l'avaient pas encore remplacé par Lou Lamoriello.

« J'étais incroyablement effrayé quand je suis entré dans la salle à Vegas, a rigolé Dubas. C'était un des moments dans ma vie où j'ai été le plus nerveux. Avant de m'y rendre, [le président des Maple Leafs Bredan Shanahan] m'avait dit de tout simplement ne pas parler à personne.

Dubas a finalement discuté avec Ron Francis, qui occupait alors ce poste avec les Hurricanes de la Caroline, puisqu'il le connaissait depuis longtemps. Sinon, il est resté dans sa chaise et a pris des notes, avant de s'envoler pour la Floride où se tenait le Repêchage 2015.

« Je ne disais pas un seul mot, a ajouté Guerin. Lors des premières réunions, rien, rien du tout. »

Ce à quoi BriseBois a répondu du tac au tac.

« On attend encore tes premiers mots. »

« Personne ne m'a jamais dit cela », a répondu Guerin.

Guerin aime bien y aller de quelques blagues, et puisque les directeurs généraux sont assis par ordre alphabétique de la ville qu'ils représentent, il se retrouve aux côtés du DG des Canadiens de Montréal Marc Bergevin, qui était lui aussi reconnu comme un farceur lorsqu'il jouait.

« J'ai beaucoup de choses qui me passent par la tête, mais je fais un bon travail pour m'assurer que ça ne sorte pas. Je contrôle encore cet aspect », a souri Guerin.

La conférence a aussi permis d'en apprendre plus sur des sujets plus sérieux de la vie des DG.

« Avant d'obtenir ce poste, tu lis certaines choses, comme des petits changements aux règlements ici et là, et tu te dis que ce n'est pas majeur comme changement, mais en fait, c'est très important, a expliqué le patron du Wild. Le moindre changement dans un règlement peut avoir un immense impact sur le jeu parce que nous sommes dans la LNH, la meilleure ligue au monde, et que si nous modifions un règlement, ça aura un impact sur toutes les autres ligues en dessous de nous. C'est vraiment quelque chose qui m'a ouvert les yeux. La moindre petite chose peut vouloir dire beaucoup. »

Le mélange des différents parcours des DG permet aussi d'avoir des échanges productifs.

C'est ainsi qu'un choix de 15e ronde dans le junior, qui ne s'est jamais même approché de la LNH comme joueur, peut en venir à faire la différence dans la Ligue d'une autre manière.

« Le potentiel d'apporter une perspective différente, c'est assurément quelque chose que nous pouvons offrir », a affirmé Chayka.