Thibault : Logan Thompson, l’improbable gardien de l’heure

Choix de premier tour des Nordiques de Québec au repêchage de 1993, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est aujourd’hui actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.

Éternel négligé, Logan Thompson a enfin son heure de gloire. Le gardien des Capitals de Washington a remporté ses cinq derniers matchs, bloquant 123 des 127 tirs dirigés vers lui depuis le 11 janvier. Il est véritablement le gardien de l’heure dans la LNH.

Je me réjouis de le voir jouer de la sorte. Son histoire, fascinante, est le parfait exemple qu’il n’y a pas que les parcours traditionnels ou linéaires qui mènent au succès.

Thompson n’a jamais été repêché dans la LNH. En 2018-19, il évoluait avec les Badgers de l’Université Brock, au sein du circuit universitaire canadien. Souvent, les dépisteurs regardent de haut ce circuit, plaidant que les joueurs qui s’y trouvent ont déjà été scrutés, lors des années précédentes, dans leur ligue junior respective. Mais dans un sport à développement tardif comme le hockey, surtout à la position de gardien de but, certains connaissent leur éclosion bien après leurs 20 ans. Thompson est l’un de ceux-là.

Après une spectaculaire saison à l’université (18-6-0; 2,22; ,934), il a eu sa chance dans la ECHL, puis dans la Ligue américaine (LAH). En 2021, à 24 ans, il a obtenu un premier départ dans la LNH avec les Golden Knights de Vegas, qui l’avaient mis sous contrat l’année précédente. Il est arrivé à Vegas et, sans que le chemin se trace de lui-même, il a réussi à faire sa niche et à remporter 10 matchs en 2021-22.

En 2023, alors qu’il était devenu établi dans la LNH, Thompson a subi une blessure à une jambe qui l’a empêché de jouer en séries éliminatoires. Propulsés par la véritable révélation qu’a été Adin Hill, son remplaçant, les Golden Knights ont remporté la Coupe Stanley.

Un an d’avance, l’avenir de Thompson se dessinait.

L’été dernier, les Capitals n’ont eu qu’à débourser un choix de troisième tour pour obtenir les services du gardien albertain.

Quelques mois plus tard, les deux grandes têtes dirigeantes des Capitals, Chris Patrick et Brian MacLellan, doivent se pincer. Ils ont obtenu, pour un choix lointain, un gardien qui se classe au troisième rang de la LNH cette saison au chapitre des victoires (22), puis au deuxième rang au chapitre de la moyenne de buts alloués et du taux d’efficacité (2,09; ,925 – min. 25 matchs).

Et depuis qu’il a été ignoré par Hockey Canada, le 6 décembre, lors du dévoilement de la formation nationale à la Confrontation des 4 nations, Thompson est encore meilleur. Il présente une fiche de 12-1-1, accorde moins de deux buts par match en moyenne (1,67) et présente une efficacité de ,938.

A-t-on tendance à le sous-évaluer depuis le début de sa carrière parce qu’il a un style peu orthodoxe? Thompson n’a peut-être pas l’élégance d’un Andrei Vasilevskiy devant son filet, certes, mais il a un très bon gabarit, de très bonnes capacités athlétiques, une bonne mobilité des hanches et il se bat devant son filet.

Dominik Hasek n’était pas élégant sur ses patins… mais il arrêtait les rondelles. Sans comparer les deux hommes, je souhaite souligner que l’important, au-delà du style, est d’être combatif devant son filet et d’avoir sa propre structure pour arrêter la rondelle. C’est le cas de Thompson.

L’art de faire beaucoup avec peu

Thompson est l’un de ces brillants ajouts qui ont permis de donner une nouvelle vie aux Capitals, qu’on ne croyait destinés à rien de glorieux pour les dernières années de la carrière d’Alex Ovechkin. La formation de la capitale américaine est plutôt devenue, contre toute attente, la plus redoutable de la LNH en l’espace de quelques mois.

Patrick et MacLellan ont eu le flair d’aller chercher Thompson, le Québécois Pierre-Luc Dubois, le vétéran Lars Eller, puis les aguerris Jakob Chychrun et Andrew Mangiapane par voie de transaction dans les derniers mois, alors que la valeur marchande de ces cinq joueurs était à la baisse. Ils ont conservé les services de vétérans importants qui avaient soulevé la Coupe Stanley en 2018, comme John Carlson, Tom Wilson et T.J. Oshie. En quête de repères avant de se joindre aux Capitals, Dylan Strome a donné un second souffle à sa carrière et est devenu le véritable acolyte d’Ovechkin. Et je n’ai même pas encore parlé des nombreux jeunes que l’organisation a repêchés et qui se greffent très bien à l’équipe jusqu’à présent – Aliaksei Protas et Connor McMichael en sont deux exemples probants.

Les Capitals d’aujourd’hui sont une belle preuve qu’un « réoutillage », lorsque le contexte s’y prête, peut porter ses fruits.

Des signes encourageants dans l’adversité

Je conclus ma chronique de la semaine en revenant sur la dernière sortie du jeune Jakub Dobes, lors du duel entre les Canadiens de Montréal et les Rangers de New York.

Pour la première fois de sa jeune carrière de la LNH, Dobes a vécu de l’adversité. Mais même s’il a accordé quatre buts aux Blue Shirts, j’ai soulevé deux signes extrêmement positifs de son match.

D’abord, il est resté de glace après avoir accordé deux buts sur les trois premiers tirs qu’il a reçus. Dans un premier match à domicile en carrière, ç’aurait été facile de se laisser distraire ou de perdre la confiance après ce faux départ. Finalement, il s’est ressaisi.

Puis, en prolongation, Dobes a effectué deux arrêts incroyables qui ont ultimement permis au CH de l’emporter. C’est très impressionnant, surtout venant d’un jeune gardien comme lui.

Il a ainsi conservé sa fiche parfaite (5-0-0; 1,55; ,940) en cinq matchs dans la LNH. Chapeau, Jakub!

Propos recueillis par Gabriel Duhamel, pupitreur LNH.com