tavares_022819

TORONTO -John Tavares a maintes fois répété la saison dernière qu'il désirait rester avec les Islanders de New York, à quel point il aimait vivre à Long Island, qu'il espérait que tout allait s'arranger et qu'il ferait toujours partie de l'équipe qui l'a repêché.

À la suite d'une victoire de 6-2 contre les Oilers d'Edmonton, mercredi, le joueur de centre des Maple Leafs de Toronto a encore une fois nié avec véhémence avoir planifié depuis le début de quitter les Islanders afin de se joindre à l'équipe de sa ville d'origine en tant que joueur autonome, le 1er juillet 2018, comme le croient un bon nombre de partisans de la formation new-yorkaise.
À LIRE AUSSI: Super 16: Le Lightning bien en selle au sommet | Bruins et Lightning, un duel au sommet
« Eh bien, je suis parti », a souligné Tavares, qui jouera pour la première fois en tant que joueur visiteur au Nassau Coliseum quand les Islanders recevront les Maple Leafs, jeudi soir (19 h (HE); TSN4,ESPN+, MSG+, NHL.TV). « Je pense que j'avais tout à fait le droit de passer par le processus par lequel je suis passé. J'ai essayé d'être franc et honnête quand j'ai pris ma décision.
« Je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire jusqu'au moment d'arrêter ma décision. Les gens peuvent réagir comme ils veulent, mais je vais tout simplement me rendre sur la patinoire et jouer, et faire tout ce que je peux faire pour être à mon meilleur. Tout ce que je peux faire, c'est de contrôler ce que je peux contrôler. »
Mais plus la saison 2017-18 avançait, plus les partisans des Islanders devenaient nerveux. À chaque jour qui passait, leur estomac se nouait un peu plus. Leur capitaine, l'homme à qui l'équipe devait sa seule participation aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley depuis 1993, risquait fort de quitter l'organisation à titre de joueur autonome sans compensation.
C'est ce que Tavares a fait. Il s'est rendu jusqu'à la période de l'été où il a pu discuter avec les autres équipes, et les Maple Leafs étaient prêts.
Peu de gens dans le hockey ou à l'extérieur connaissent mieux Tavares que l'attaquant des Oilers Sam Gagner, qui était à Toronto pour affronter son ami de longue date, mercredi. Gagner, qui a 29 ans, et Tavares, 28 ans, ont passé une bonne partie de leur jeunesse à jouer sur la patinoire qui se trouvait dans la cour de la résidence de Gagner à Oakville, en Ontario. La patinoire était bâtie par le père de Gagner, l'ancien attaquant de la LNH Dave Gagner.
Alors quand il entend la théorie du complot voulant que Tavares savait depuis des années qu'il allait quitter les Islanders pour rejoindre la formation de sa ville, Gagner ne peut faire autrement que de secouer la tête.
« L'histoire, ça semble être que son idée était déjà faite d'y aller avec l'équipe de son enfance, mais je sais que ç'a été la décision la plus difficile qu'il ait jamais eu à prendre, a déclaré Gagner à NHL.com. Jusqu'à ce que la décision finale soit prise, il a vécu beaucoup de choses. C'est une personne très méticuleuse. Il avait plusieurs bons souvenirs de Long Island, et je sais à quel point il voulait que ça fonctionne là-bas. En fin de compte, il a eu l'occasion de tester le marché des joueurs autonomes et de voir quelles étaient les possibilités qui s'offraient à lui. Il a pris une décision qui, croyait-il, était la meilleure pour sa famille, mais jamais cette décision n'a été prise d'avance.
« Je pense que dans sa tête, il espérait que ça allait fonctionner [avec les Islanders] à la toute fin. Puis, il a entendu ce que Toronto avait à lui dire, ils lui ont expliqué l'opportunité qu'il avait devant lui. Je pense que c'était très difficile de la laisser passer. Je suis certain qu'il est aussi heureux que tout le monde de voir les Islanders connaître autant de succès cette saison et ses amis dans le vestiaire connaître de bons moments. Mais au bout du compte, il a eu une belle occasion ici et c'en était une qu'il était difficile de laisser passer. »
Tavares s'est épanoui à sa première saison à Toronto. Il a prolongé à quatre sa série de matchs avec au moins un point (trois buts, deux passes) lors de la victoire contre les Oilers et il occupe le deuxième rang chez les marqueurs des Maple Leafs avec 68 points (36 buts, 32 passes), derrière Mitchell Marner (74).

Toronto (39-20-4) se trouve à un point des Bruins de Boston et de la deuxième place dans la section Atlantique.
« Je pense qu'il a besoin d'y mettre un point final et d'aller de l'avant, a noté l'entraîneur des Maple Leafs Mike Babcock en parlant du retour de Tavares à New York. Les partisans, ils paient leurs billets et ils ont le droit de dire ce qu'ils veulent.
« C'est une bonne personne. Il a été bon pour leur concession. Il est formidable pour notre concession. Il a décidé de revenir chez lui. Personne ne peut te blâmer pour ça. »
Tavares a vite rappelé à tout le monde à quel point il était désireux d'aider à transformer le visage des Islanders quand ils l'ont réclamé au premier rang du repêchage 2009 de la LNH. Il était clair qu'il travaillait fort tous les jours, qu'il était prêt à transporter l'équipe new-yorkaise sur ses épaules; c'est même devenu quelque chose de routinier.
Tout cela aura peu d'importance pour la majorité des amateurs qui assisteront au match de jeudi, dans un Coliseum qui sera sans doute rempli au maximum de sa capacité. Il en est bien conscient.
« J'essaie de ne pas trop m'en faire avec ça, a dit Tavares. Comme je l'ai dit plusieurs fois, dès le jour où j'ai été repêché ici, j'ai complètement accepté le fait d'être un joueur des Islanders. J'adorais ça et j'ai donné tout ce que j'avais.
« Peu importe quelle est la perception des choses maintenant, ce n'est pas à moi de convaincre qui que ce soit du contraire. Moi, je me soucie de mon niveau de jeu et je tente d'aider les Maple Leafs, et c'est déjà bien assez en soi. Je vais donc me concentrer là-dessus.
« Évidemment, c'est dur de savoir d'avance ce que je vais ressentir. Je suis certain que ce sera une soirée remplie d'émotions. Mais en même temps, je veux essayer de me concentrer sur mon jeu, sur la nécessité de me présenter tout simplement sur la glace et d'y faire ce que je dois faire. »
L'attaquant des Islanders Matt Martin, qui a joué avec Tavares de 2010 à 2016, a fait savoir à NHL.com que les deux avaient discuté au mois de juin dernier, quand Tavares tentait de décider s'il allait rester ou partir. Martin a indiqué que ce n'était pas du tout évident que Tavares allait aboutir à Toronto.
« Je ne crois pas qu'il avait l'intention que ça finisse comme ç'a fini », a dit Martin, que les Islanders ont rapatrié à New York en provenance de Toronto, le 3 juillet 2018. « Il aimait cette organisation profondément. Il adorait Long Island. Il a toujours de bonnes choses à dire de cette équipe et de la vie qu'il avait là-bas. Ç'a fini comme ç'a fini, mais c'est ce qui rend ce sport aussi intéressant. Les partisans le prennent de façon personnelle, et il faut les comprendre. Ils l'ont vu grandir, ils nous ont tous vu grandir, et ils sentent qu'il y a un lien avec nous. Quand tu pars, ils le prennent mal. Ça fait partie du jeu.
« Nous aimons bien Johnny comme ami et comme personne, mais nous voulons quand même les battre jeudi et notre foule va être animée, ça c'est sûr. Je pense que l'atmosphère va être une des plus belles qu'il nous ait été donné de voir. Nous, nous allons nous concentrer sur la nécessité de les battre. Je pense que nos partisans vont se concentrer sur autre chose, mais nous, notre but sera de trouver une façon de gagner pour rester aussi bien placé au classement. »
Ce qu'il ne faut pas perdre de vue dans tout ça, c'est à quel point les Islanders ont bien fait cette saison malgré l'absence de Tavares. Après avoir vu l'équipe être exclue des séries pour une deuxième année de suite et avoir apporté des changements à la structure de l'organisation, Lou Lamoriello a été embauché le 22 mai 2018 pour diriger la concession. Il a remercié le directeur général Garth Snow et l'entraîneur Doug Weight, le 5 juin, puis il a embauché Barry Trotz, qui venait de décrocher un championnat de la Coupe Stanley avec les Capitals de Washington, à titre de successeur à Weight le 21 juin.
Alors que Trotz en est à sa première saison comme entraîneur, New York (36-19-7) est passé du statut d'équipe qui a accordé le plus de buts dans la LNH (293) à celle qui en a alloué le moins (144). Avant les matchs de jeudi, les Islanders étaient en première place de la section Métropolitaine, à égalité avec les Capitals.
« Ils méritent une tonne de mérite, a affirmé Tavares. Ils connaissent une saison formidable. Évidemment, passer de dernier dans bien des catégories défensives à premier dans pratiquement toutes les catégories, c'est très impressionnant. De toute évidence, ils connaissent toute une saison et il s'agit d'une très bonne équipe de hockey. Ça devrait être un match difficile (jeudi) soir et ce sera un défi pour nous. »

-- Le journaliste de NHL.com Mike Zeisberger a contribué à cet article