BOBROVSKY BADGE LEPAGE 4

EDMONTON – Sergei Bobrovsky semblait bien seul sur la glace. Seul contre le monde, presque.

Dans les longues secondes entre la fin de la présentation des joueurs et l’interprétation des hymnes nationaux avant le deuxième match, vendredi, l’intimidante foule du Rogers Place s’est mise sur son cas : « Seeeergeiiiiiii…Seeeergeiiiiiii… Seeeergeiiiiiii… »

Pas de musique, rien. Son visage en gros plan sur l’écran géant. Que des partisans des Oilers d’Edmonton qui s’époumonent et qui tentent d’entrer dans la tête du gardien des Panthers de la Floride.

L’effort est louable, mais il s’avère que le résultat est mitigé. Oui, le portier a cédé quatre fois dans chacun des deux premiers matchs de la finale. Reste qu’il a été brillant plus souvent qu’à son tour, et qu’il n’a pas grand-chose à se reprocher. Bien au contraire.

Dans le second affrontement, une victoire de 5-4 en deuxième prolongation, il a été intraitable pour aider les siens à niveler les chances dans la série.

« Il a été incroyable. Incroyable, a répété l’attaquant Matthew Tkachuk. Il n’y pouvait rien sur leurs buts. Si ça n’avait pas été de lui, ç’aurait pu être quelque chose comme 7-2 après la première période. Il nous a donné une chance. Tout avait l’air facile pour lui, surtout en prolongation.

« Je ne sais pas comment il fait, pour être honnête, mais c’est incroyable. Encore plus à son âge. »

Force est d’admettre que le gardien de 36 ans vieillit comme le bon vin, à l’instar de son coéquipier Brad Marchand, 37 ans, qui a tranché le débat en cinquième période. En l’espace de trois jours, et alors qu’il a été d’office pour tous les matchs éliminatoires des Panthers, il a fait face à un barrage de 92 lancers.

Il est devenu le premier gardien à enregistrer au moins 40 arrêts dans les deux premiers matchs d’une finale – il a reçu 46 tirs à chaque match. Il affiche une efficacité de ,913 contre la redoutable attaque des Oilers.

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« Incroyable, a soufflé le défenseur Seth Jones en reprenant un mot à la mode. Il n’y a plus vraiment d’autres qualificatifs à ce stade. Il est au sommet de son art tous les soirs. Il nous donne une chance de gagner tous les soirs, qu’importe la situation ou le défi qui se présente à lui. C’est tout simplement incroyable. »

Selon le site NaturalStatTrick, Bobrovsky a fait face à 15 chances de qualité dans le premier match, puis à 16 dans le deuxième – des chiffres similaires à ceux de son vis-à-vis Stuart Skinner. Les Panthers ont d’ailleurs accordé au moins 10 tirs dans cinq des neuf périodes disputées dans cette finale.

« On ne regarde pas le compteur des tirs », a simplement rétorqué Tkachuk quand on lui a demandé si sa troupe pouvait faire un meilleur boulot pour limiter le nombre de lancers des Oilers.

On veut bien, mais au volume, il est clair que les Panthers jouent avec le feu en donnant autant de travail à leur gardien. Ils ont accordé pas moins de 14 tirs dans un premier engagement fort mouvementé, vendredi, puis 13 lors de la première prolongation. Ça en fait beaucoup quand même.

« On a vraiment tout vu de sa part ce soir, a lancé Evan Rodrigues. Il nous donne une chance, et c’est tout ce qu’on peut demander, n’est-ce pas? Il est toujours là pour faire le gros arrêt au moment opportun. Je vous assure qu’on ne tient pas ça pour acquis. »

Avec la force de frappe de l’attaque des Oilers, et malgré la solidité de la brigade floridienne, on peut s’attendre à ce que Bobrovsky continue d’être fort occupé. La plus grande différence, c’est qu’il aura la foule de son côté et qu’il cessera de se faire narguer. Le temps de deux matchs, en tout cas.

Les « Seeeergeiiiiiii…Seeeergeiiiiiii… Seeeergeiiiiiii… » se transformeront en « Bob-by! Bob-by! Bob-by! » après chacun de ses gros arrêts. Si la tendance se maintient, on risque de les entendre assez souvent.