Aleksander Barkov #16 of the Florida Panthers chats with teammate Jaromir Jagr #68 after scoring a goal against the Montreal Canadiens at the BB&T Center on March 17, 2015 in Sunrise, Florida. (Photo by Eliot J. Schechter/NHLI via Getty Images)

SUNRISE, Floride — L’impact laissé par Jaromir Jagr sur les Panthers de la Floride il y a plusieurs années est toujours ressenti en raison de son impact direct sur Aleksander Barkov.

« Je ne serais pas dans cette position sans son séjour ici et comment j’ai appris de lui en le regardant », a indiqué Barkov, le capitaine des Panthers, à NHL.com.

Jagr, le professeur, se trouvait au Amerant Bank Arena pour le quatrième match de la finale de la Coupe Stanley, jeudi, pour regarder son ancien élève amasser deux passes lors de la défaite de 5-4 en prolongation face aux Oilers d'Edmonton, qui a nivelé la série à 2-2.

Le cinquième affrontement aura lieu au Rogers Place d’Edmonton samedi (20h, HE, CBC, TVAS, SN, TNT, truTV, MAX).

Avant la quatrième rencontre, Jagr est revenu sur son passage avec les Panthers entre 2015 et 2017 et sur le fait d'avoir évolué sur le même trio que Barkov, qui était alors dans la jeune vingtaine. Barkov n’était pas encore le capitaine avec le plus long règne dans l'histoire de l'équipe, ni son meilleur marqueur en saison régulière et en séries éliminatoires, ni le triple vainqueur du Trophée Selke, remis au meilleur attaquant défensif, ni champion de la Coupe Stanley.

On a demandé à Jagr si Barkov, maintenant âgé de 29 ans, était devenu le joueur qu’il avait imaginé quand il a joué avec lui et Jonathan Huberdeau.

« Pas vraiment », a répondu Jagr.

Il a ensuite fait une pause de 15 secondes avant de repenser à la question et d’analyser le brillant joueur qu’est devenu Barkov, qui excelle dans les deux sens de la patinoire et qui a obtenu plus d’un point par match (611 points en 552 parties) depuis le départ de Jagr après la campagne 2016-17.

« D’être le meilleur joueur défensif, et j’ai aussi joué avec Ron Francis, est un véritable cadeau, a indiqué Jagr. C’est aussi un cadeau d'être aussi bon offensivement et d’avoir autant de talent, mais pour être aussi bon défensivement, il faut sacrifier un peu votre offensive et peu de joueurs peuvent faire cela. Ce qu’il est devenu me surprend un peu. En y pensant bien, je ne suis pas surpris, car il devait s’adapter à mon jeu. »

Jagr a rejoint les Panthers après une transaction avec les Devils du New Jersey le 26 février 2015, 11 jours après son 43e anniversaire de naissance. Il a toujours été le genre de joueur à ralentir le jeu, qui gagnait ses batailles à un contre un le long de la bande. Il avait besoin que ses coéquipiers soient près de lui, et non de les voir se diriger rapidement en zone adverse.

Barkov avait 19 ans à l'époque et Huberdeau en avait 21.

« Je ne pouvais pas m'ajuster à eux, ils étaient trop rapides, a avoué Jagr. Ils jouaient différemment. Ils savaient qu’ils devaient s’ajuster à mon style de jeu, car je n'étais pas aussi rapide. Ils pouvaient ralentir, mais je ne pouvais pas aller plus vite. Ils devaient donc s'ajuster à moi et en tant que centre, "Barky" devait y parvenir. »

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Barkov effectuait un sacrifice pour y arriver, a mentionné Jagr, et ce sacrifice prouve qu’il n’était pas un égoïste. C’est exactement ce qu'il fallait faire pour devenir le meilleur attaquant défensif.

Barkov a remporté le trophée Selke pour une deuxième saison de suite cette année, et une troisième depuis 2020-21.

« Si "Barky" peut s'ajuster à moi, il peut s'ajuster au jeu défensif, a lancé Jagr. Cela signifie qu’il peut se sacrifier. Il peut sacrifier son offensive pour sa défensive. C'est un cadeau. Ce n'est pas un égoïste. Il avait l’attitude pour vouloir se sacrifier, et c’est très bien. »

L’influence de Jagr va beaucoup plus loin. Il lui a inculqué l'éthique de travail et lui a enseigné les nuances dans l’entraînement, qui fait maintenant partie de la routine de Barkov.

« Des trucs comme lancer un ballon lesté contre un mur, a mentionné Barkov. Tout ce qu’il faisait recréait quelque chose qu’il faisait sur la patinoire. Il faisait des choses qu’on ne fait pas sur la patinoire, mais il faisait beaucoup d’exercices avec son bâton dans le gymnase. Il enfilait même ses patins dans le gymnase. »

Jagr fait encore tout cela à 53 ans en tant que joueur/propriétaire de l'équipe de Klado, en Tchéquie, sa ville natale.

« Je ne mets pas de patins dans le gymnase, mais je travaille beaucoup avec mon bâton durant l’été, a ajouté Barkov. Je mets du poids au bout de mon bâton et je me promène avec. C’est bon pour la stabilité. Le bâton est plus lourd, donc on ressent qu’il faut être plus fort. Je mets aussi des poids autour de mes chevilles quand je patine lors des entraînements. Je mets aussi des vestes avec des poids sur ma poitrine. Quand vous enlevez tout ça, vous vous sentez tellement plus léger. Je ne mets pas ces vestes sur la glace, mais j'en utilise lors des entraînements hors glace. »

Jagr a souri quand on lui a dit que Barkov utilisait ses méthodes d’entraînement.

« C’est un avantage et il est assez intelligent pour le faire, a noté Jagr. En vieillissant, vous ne voulez pas dépenser d’énergie sur quelque chose que vous n’utiliserez pas à 100 % sur la patinoire. C’est une perte d’énergie. Avant de faire quelque chose, je dois penser si c’est 100 % relié au hockey. Il sait tout ça maintenant. »

Barkov a dit qu’il suivait toujours Jagr de près lors de ses trois saisons passées avec lui.

« Je l’épiais tout le temps. Je voulais voir ce qu'il faisait », a admis Barkov.

Ils étaient toujours ensemble à travailler sur la patinoire après l'entraînement ou les matchs. Jagr a avoué en riant que leurs copines les attendaient ensemble et n'étaient pas tellement heureuses en raison du temps que les deux joueurs mettaient à se doucher et à s'habiller.

« On voyait qu’il voulait devenir meilleur. Il écoutait et il travaillait fort, a indiqué Jagr. Il faisait tout ce que je faisais. Il avait besoin de quelqu’un pour travailler. Il ne voulait pas faire tout cela en étant seul. Il demeurait plus longtemps que moi après les entraînements et les matchs. »

Il y a également eu les leçons mentales.

« Il y a eu un moment mémorable, s'est remémoré Barkov. Nous éprouvions des difficultés sur la patinoire. Gérard Gallant, l’entraîneur-chef de l'époque, est venu nous dire que nous devions mieux jouer. Jagr m'a alors dit de ne pas m’en faire, car nous allions marquer un but en troisième période et que nous serions des héros. On a effectivement marqué et tout s'est bien passé. J’ai alors appris que même si les choses ne tournent pas rond, il y a toujours une autre présence sur la patinoire pour se reprendre. On doit se concentrer sur la prochaine présence. »

Barkov a obtenu un cumulatif de -4 lors des deux premiers matchs de la finale. Il a effectué un jeu fort important lors du troisième, forçant le défenseur John Klingberg des Oilers à commettre un revirement qui a permis à Sam Reinhart de porter le pointage à 3-1 en route vers un gain facile de 6-1.

Barkov a amassé deux aides lors du quatrième affrontement.

Les Panthers vont énormément se fier à Barkov dans tous les aspects du jeu pour le reste de cette finale, maintenant devenue un deux de trois. Barkov devra donc se fier à toutes ces leçons apprises de Jagr il y a plusieurs années.

« Il fait les bonnes choses, a mentionné Jagr. Il se sacrifie pour quelque chose de plus grand, soit gagner la Coupe Stanley. »