MONTRÉAL – À l’âge vénérable de 27 ans, et avec le chemin qu’il a parcouru depuis son premier match dans la grande ligue, Mathieu Olivier a la maturité et le recul nécessaire pour savoir ce qu’il aurait fait différemment pour faire sa place.
Et quand il voit le phénomène Matt Rempe prendre de l’ampleur à la vitesse de l’éclair – pas toujours pour les bonnes raisons, on en convient – il se dit qu’il aurait pu mieux faire les choses.
« J’aurais aimé ça faire ça de même. Ça m’aurait peut-être pris moins de temps à m’établir », a rétorqué l’attaquant des Blue Jackets de Columbus, mardi, quand on lui a fait remarquer que le jeune attaquant des Rangers de New York ne semblait pas être un grand défenseur du respect des conventions.
« Pour être honnête, non, il n’y a pas de hiérarchie. Il y a toujours un respect mutuel, mais tout le monde se bat pour sa job ici. On a tous des rôles différents. »
Avant de poursuivre, rappelons que Rempe est ce mastodonte de 6 pieds 8 pouces et 240 livres qui a fait son entrée dans la Ligue en jetant les gants à sa première présence contre Matt Martin des Islanders de New York. Il s'est depuis frotté à Nicolas Deslauriers des Flyers de Philadelphie, à Olivier, et à Ryan Reaves des Maple Leafs de Toronto. Tout ça en dix matchs.
Il a toutefois franchi la ligne, mardi, en assénant un coup de coude à Jonas Siegenthaler des Devils du New Jersey – un coup dangereux pour lequel il a été suspendu pour quatre matchs par le Département de la sécurité des joueurs.
« Il essaie de faire sa place. Il n’est pas parfait, a reconnu Olivier. Il va faire des erreurs. »
Le Québécois, en raison de son style robuste et de son rôle de protecteur de ses coéquipiers, est l’un des mieux placés pour savoir exactement quel chemin est en train d’emprunter son jeune homologue.
« Je trouve que c’est super, a-t-il lancé. Pas parce que ç’a ramené plus de bagarres et des discussions qu’il y avait peut-être moins. Je trouve ça super parce qu’on voit un kid prêt à faire n’importe quoi pour rester. C’est un exemple dans le sens où il veut accomplir son rêve et qu’il prend les moyens pour y arriver.
« Il y a une belle leçon là-dedans. Au nombre de fois qu’on entend des gens dire qu’ils feraient n’importe quoi pour jouer dans la LNH. Là, on a un kid qui le fait et tout d’un coup, ça ne marche plus? »
Olivier est bien conscient de ce que ça prend pour rester au plus haut niveau quand on n’a pas le coup de patin de Connor McDavid ou les mains de Connor Bedard. Même à 27 ans, le Québécois se bat toujours pour un poste régulier avec les Jackets.
Il a été rayé de la formation plus souvent qu’à son tour, cette saison, et il disputera seulement son 37e match face aux Canadiens de Montréal, en soirée.
« On voit récemment que les bagarres ne sont pas nécessairement disparues, a argué l’entraîneur Pascal Vincent. Mathieu prend de la place au sein du vestiaire avec son leadership. Il s’est blessé cet été et il était un peu en retard en début de la saison. Il a eu besoin de temps pour redevenir le Mathieu qu’on connaît.
« Il joue présentement comme on le veut. Oui, il y a l’élément de la robustesse et des combats, mais on veut aussi qu’il soit capable de jouer. Il a un bon échec avant et une présence sur la patinoire. Des gars comme Johnny Gaudreau et Kent Johnson, avant sa blessure, peuvent jouer au hockey sans se casser la tête. »
Incertitude
Les Blue Jackets (22-32-10) ont connu une saison de misère et sont au dernier rang dans l’Est. Une saison qui a été marquée par le congédiement de l’entraîneur Mike Babcock avant le début du camp d’entraînement et celui du directeur général Jarmo Kekalainen, il y a un mois.
Tout un défi, donc, pour un entraîneur recrue comme Vincent.
« Il y a eu quelques rebondissements, a-t-il rigolé. Mais je dirais que j’étais bien préparé pour ce défi. Si j’avais vécu cela il y a dix ans, je ne suis pas certain que j’aurais eu la même approche. J’ai travaillé avec des gens très compétents dans le passé et je connaissais l’organisation à Columbus. J’étais bien outillé. »
Pour le moment, le président des opérations hockey John Davidson assure l’intérim au poste de directeur général, mais il en nommera éventuellement un nouveau. Il s’agira d’une décision qui pourrait avoir un impact sur la direction qu’empruntera l’équipe, et peut-être sur Vincent, qui était l’homme de Kekalainen.
« Il y a de l’incertitude pour tout le monde, pas juste pour moi, a conclu le pilote. On ne sait pas ce qui va arriver. Dans les moments où il y a de l’adversité, tu veux prouver que tu peux faire partie de la solution. Je veux travailler en équipe et garder les choses positives.
« Je sais selon ma propre histoire que quand tu fais les choses pour la bonne raison et que tu ne places pas ton ego dans le chemin, il y a de bonnes nouvelles qui t’attendent. »