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Ce texte a été publié le 23 janvier. Au moment de l'annulation du reste de la saison de la USHL en raison du coronavirus, Thomas Bordeleau totalisait 16 buts et 30 aides pour un total de 46 points en 47 matchs. Il a conclu la campagne au premier rang des pointeurs de son équipe.
PLYMOUTH, Michigan - Thomas Bordeleau était en train de nous faire visiter le gymnase du USA Hockey Arena quand un de ses coéquipiers, monté sur un vélo stationnaire, lui a lancé un « Bonjour! » dans un français très expérimental avec un large sourire, l'air un peu moqueur.

C'est anodin et anecdotique, mais ça illustre à merveille la particularité qui différencie l'attaquant québécois du reste de ses coéquipiers de l'équipe des moins de 18 ans du Programme de développement de l'équipe nationale de USA Hockey (NTDP).
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Bordeleau possède la double citoyenneté puisqu'il a vu le jour à Houston, au Texas, alors que son père Sébastien évoluait pour le club-école du Wild du Minnesota. L'ironie, c'est qu'il a passé plus de temps aux États-Unis depuis son arrivée au sein du programme, l'an dernier, qu'il ne l'avait fait dans toute sa vie.
Il a grandi en Suisse avant de rentrer au Québec vers l'âge de 10 ans quand son père a décidé d'accrocher ses patins et de mettre fin à sa carrière de 10 saisons dans la Ligue nationale suisse.
« Maintenant, je me considère comme un Américain, mais c'était bizarre au début, a lancé l'espoir admissible au prochain repêchage de la LNH. La plupart de mes coéquipiers rêvent de jouer ici depuis qu'ils sont jeunes. Moi j'ai appris l'existence du programme six mois avant d'y entrer. C'est spécial, mais je grandis là-dedans. Je me suis approprié le logo que j'ai sur mon chandail. »
Quand on y pense, c'est tout à fait logique, au sein d'une famille de hockey, que le cheminement de carrière du paternel - un choix de troisième ronde des Canadiens en 1993 - ait eu une influence directe sur celui qu'a emprunté fiston, 16 ans plus tard.
Sans ce petit détour dans le sud des États-Unis en 2001-02, le jeune Bordeleau n'aurait peut-être pas pu évoluer au sein de l'un des programmes de développement les plus en vue sur la planète - le même programme qui a fourni 17 espoirs à la LNH au dernier encan, dont huit choix de premier tour.
Et ce n'est assurément pas le seul bénéfice que Sébastien a légué à son fils.
Disons que ce ne sont pas tous les jeunes hockeyeurs qui peuvent compter sur un entraîneur du développement à domicile - Sébastien occupe ce poste chez les Predators depuis le début de la saison après avoir passé deux ans à travailler au développement des habiletés des joueurs des Canadiens.

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« Quand il était plus jeune, j'étais assez intense parce que je voulais qu'il prenne de bonnes habitudes de travail, a expliqué Sébastien. Je pense que c'est ce qui a fait en sorte qu'il s'est démarqué au camp d'évaluation du programme américain. Il savait jouer la game et il utilisait tous les joueurs dans toutes les situations.
« Son sens du jeu était au-dessus de celui des autres et c'est ce que je voulais. Il ne comprenait pas toujours pourquoi je faisais telle ou telle chose quand il était jeune, mais il le réalise aujourd'hui. Il est chanceux et je le suis aussi de pouvoir partager ces moments avec lui. »
Poursuivre la tradition
Il y a probablement aussi en Thomas un peu du bagage du grand-père, Paulin Bordeleau. L'ancien attaquant des Canucks de Vancouver et des Nordiques de Québec, sélectionné au 19e rang en 1973, a été son entraîneur durant deux saisons avec le Phénix du Collège Esther-Blondin dans le Midget AAA avant de le voir s'expatrier au pays de l'Oncle Sam.
« Je prends tout le positif qui vient avec le fait de faire partie d'une famille de hockey, a expliqué le jeune attaquant. Je retiens tous les petits conseils qu'ils me donnent. Je suis fier de porter ce nom même s'il vient avec des attentes. J'espère faire mon propre nom et poursuivre la tradition pour qu'on se souvienne des autres Bordeleau. »
Il est sur la bonne voie pour y parvenir. Après avoir mené l'équipe des moins de 17 ans au chapitre des points avec 39 (16 buts, 23 aides) en 56 matchs, l'an dernier, il est à égalité au premier rang des pointeurs de sa formation grâce à une récolte de 31 points en 34 rencontres.
Il figure maintenant au 26e rang des espoirs nord-américains sur la liste de mi-saison du Bureau central de dépistage de la LNH.
« On peut voir le bagage de son père dans sa manière de comprendre le jeu, mais aussi de patiner, a fait valoir son entraîneur Seth Appert. Nous savions qu'il serait l'un de nos leaders offensifs. Notre objectif pour lui est d'en faire un joueur complet et de lui faire comprendre comment il devra jouer pour atteindre la LNH.
« À 5 pieds 9 pouces, il n'est pas le plus grand. La Ligue évolue et c'est moins important, mais les joueurs de centre de cette taille doivent être compétitifs et défensivement fiables. Ce sont des choses qu'il a améliorées de manière incroyable depuis qu'il est arrivé ici. »