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TORONTO- Martin Brodeur estime qu'il a pu être le gardien dominant qu'il a été pendant 20 saisons dans la LNH parce que les Devils du New Jersey l'ont laissé être lui-même.

« J'ai été chanceux de tomber dans une organisation qui m'a dit : 'Tiens Martin, c'est ton équipe. On te laisse aller'. »
« Les Devils m'ont donné l'occasion d'être le gardien que je suis devenu, a-t-il enchaîné. C'est la raison pour laquelle j'ai fait le choix de demeurer avec eux pendant ma carrière. Ç'a été un choix mutuel. »
Le 36e gardien qui fera son entrée au Temple de la renommée du hockey a souligné l'indéfectible confiance que le directeur général Lou Lamoriello lui a témoignée.
« J'ai obtenu un support énorme. Lou disait aux entraîneurs 'Martin c'est notre gars'. Tous les entraîneurs qui sont passés, à part Peter DeBoer, me laissaient faire ce que je voulais et je ne les ai pas déçus. Je leur disais 'Ne soyez pas inquiet, ça va être correct'. »
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Il attribue une grande part de la glorieuse carrière qu'il a connue, qui a été jalonnée de trois conquêtes de la Coupe Stanley, de plusieurs honneurs individuels et d'une multitude de records, à l'entraîneur des gardiens de l'équipe Jacques Caron.
« Jacques a été comme mon deuxième père. Il me connaissait parfaitement et il savait exactement comment me gérer, a-t-il confié. Dans le discours que je livrerai lundi, j'aurai un mot pour lui qui le fera sourire. J'ai été choyé de l'avoir à mes côtés pendant toutes ces années. Les entraîneurs se succédaient, mais lui il restait. »
Brodeur s'est démarqué de ses collègues gardiens en raison de son attitude décontractée et de sa grande disponibilité. Ce sont les valeurs que son père photographe, Denis Brodeur, lui a inculquées. Il lui martelait dans son enfance comment il devait se comporter avec ses coéquipiers et les journalistes, en donnant toujours comme modèle Jean Béliveau et Guy Lafleur.
« Je ne me suis jamais pris au sérieux. Je ne me suis jamais pensé si bon que ça », a-t-il lancé en tournant en dérision son style peu orthodoxe. « Il y avait en masse de monde autour de moi pour me dire que j'étais bon. Je n'avais pas besoin d'y penser.

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« J'ai toujours abordé le hockey comme un jeu, a-t-il renchéri. Il arrivait même à Jacques (Caron) de me rappeler à l'ordre quand j'étais trop concentré ou dans ma bulle. Il me disait 'Martin fait comme si tu jouais dans la rue. Arrête de capoter'. Il avait toujours le bon mot. Il savait comment soutirer le maximum de mon rendement. »
Le déclic
Avant Caron, Brodeur a eu un autre entraîneur de gardiens qui l'a grandement aidé à faire sa marque dans les rangs juniors, Mario Baril.
« Il m'a vraiment aidé à peaufiner mon propre style, a-t-il relevé. Patrick Roy avait du succès dans la LNH grâce au style papillon. Les gardiens voulaient tous l'imiter. Je voulais également, mais je me suis fait mal à un genou et j'ai réalisé que ce n'était pas pour moi. Mario m'a dit 'Pourquoi tu ne serais pas toi-même? C'est correct que tu tentes de harponner un rival ou que tu tentes de faire des arrêts les jambières en l'air.
« Ç'a été le déclic. J'allais laisser les joueurs venir à moi et décider ce qui se passerait. J'allais tenter de les faire changer d'idée. J'ai continué comme ça dans la LNH. J'essayais de prendre des trucs de gardiens comme Félix Potvin ou Ron Hextall. Je les pratiquais, mais si ça ne donnait pas de bons résultats, je revenais au style avec lequel j'étais à l'aise. J'ai tout de même pigé quelques trucs ici et là. »
Il a en tout cas été maître dans un aspect, soit l'art du maniement de la rondelle pour un gardien. Il en a de nouveau fait la démonstration vendredi lors de la prise de photos officielles qui a suivi la remise des bagues du Temple de la renommée.

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« Je tirais tous les jours à la maison des rondelles plus lourdes de couleur orange que mon père avait achetées en grande quantité. Il se fâchait quand je manquais mon coup et que je frappais la porte du garage. Je pratiquais ça tout le temps. J'ai toujours été un attaquant dans l'âme. J'ai toujours eu une bonne vision périphérique et un bon sens du jeu. Souvent, je m'amusais avec mes coéquipiers des Devils en équipement de joueur. Nous avions du 'fun'. On ne voit plus ça. »
Au rayon de ses plus beaux souvenirs, il y a la 552e victoire qu'il a signée qui lui a permis de détrôner Patrick Roy au premier rang de l'histoire de la LNH, le 17 mars 2009.
« J'ai eu le sentiment ce soir-là de réaliser un grandiose exploit. »
Il y a également le duel épique qu'il a livré à Ed Belfour des Stars de Dallas dans les deux derniers matchs de la Finale de la Coupe Stanley en 2000.
« Nous avions perdu le cinquième match 1-0 en troisième prolongation avant de gagner le sixième 2-1 en deuxième prolongation. Ç'avait été toute une bataille entre Ed et moi. Ç'a été les deux matchs les plus incroyables dans lesquels j'ai été impliqué, le nombre d'arrêts que nous avons réalisés. C'est sûr que c'est plus mémorable pour moi parce que nous avons gagné la Coupe Stanley. »
Patrick ou Martin?
Le Québec peut se targuer d'avoir vu naître dans ses terres les deux plus prolifiques gardiens de l'histoire de la LNH.
Dans 20, 30 ans, le débat sera possiblement encore d'actualité à savoir lequel a été le meilleur des deux.
« Que le monde en parle, c'est tant mieux. Quelqu'un peut faire valoir que Patrick a été le meilleur et il aura de bons arguments. Quelqu'un d'autre peut dire que c'est moi et il aura également de bons arguments.
« Nos carrières se sont chevauchées, mais nous n'avons pas réellement eu de rivalité ensemble. Ma plus grande rivalité a été avec Dominik Hasek. Ç'a été particulier les premières fois que j'ai affrontées Patrick à Montréal, mais nous ne nous sommes pas affrontés tant que ça. »
Brodeur a dit que sans être proche l'un de l'autre, il existe un fort respect mutuel entre Roy et lui.
« Nous discutons ensemble toutes les fois que nous nous voyons, a-t-il élaboré. Nous avons passé une quinzaine de minutes ensemble lors du dévoilement des 100 plus grands joueurs dans le cadre des festivités du 100e anniversaire de la LNH en janvier 2017. »