Caps-celebrate 4-5

Les Capitals de Washington ont connu une saison extraordinaire et leur capitaine, Alex Ovechkin, a continué à cimenter sa place parmi les meilleurs buteurs de l'histoire. Mais le Tsar ralenti. Après trois saisons de 50 buts (et une de 32 en 48 matchs), Ovie est aujourd'hui arrêté à 33. L'âge l'a-t-il enfin rattrapé?

Historiquement, Ovechkin a su évoluer. Au début de sa carrière, il a fondé sa production offensive sur sa capacité à marquer à 5-contre-5, flirtant pendant trois ans avec le seuil des 40 buts dans cette situation. S'il a depuis régressé vers le plateau des 30 buts à forces égales par année (ce qui le place quand même parmi l'élite de la ligue), Ovechkin a compensé depuis 2012 par une production accrue en avantage numérique.
Or, sa production offensive à 5-contre-5 comme à 5-contre-4 a diminué au cours de la présente campagne.

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Une partie de l'explication se trouve du côté du temps de jeu à 5-contre-4. Les Capitals ont en effet joué moins souvent avec l'avantage d'un homme cette saison, et Ovechkin a, en proportion, obtenu une moins large part de ce temps de jeu.

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Ce n'est pas inédit; les 286 minutes jouées par Ovechkin dans cette situation depuis le début de la saison sont presque identiques à son total joué en 2014-15, alors qu'il avait récolté sept buts de plus. Mais cette récolte était en large part attribuable à une poussée d'opportunisme exceptionnelle (ce qui, pour cet extraordinaire buteur, n'est pas peu dire). Avec cinq buts obtenus par tranche de 60 minutes jouées, Ovechkin a en effet presque doublé le nombre de buts prévus que l'on pouvait attendre de lui en prenant compte du type et du volume de tirs qu'il a obtenus. S'il a pour ainsi dire (talent oblige) dépassé son total de buts prévus en avantage numérique, Ovechkin n'a pas su garder ce rythme hors norme depuis.
En fait, la présente saison a été étonnamment productive lorsqu'on la regarde sous l'angle de la différence entre buts prévus et buts obtenus par heure jouée à 5-contre-4. Encore une fois, il a presque doublé son total prévu, obtenant 3,4 buts à l'heure, là où le modèle de Corsica.hockey annonce deux buts à l'heure pour un tireur moyen. Ce faisant, il est resté collé sur le rythme qui a été le sien au cours de trois des quatre dernières saisons.

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Ce constat est important parce que, tant pour la variation du temps de jeu de l'équipe à 5-contre-4 que celle de la part de temps qu'on lui confie dans cette situation, on a affaire à des variables qu'Ovechkin ne contrôle pas. Ce qu'il contrôle, le volume et la précision de ses tirs, nous montre qu'il demeure tout aussi redoutable que par le passé.
C'est à 5-contre-5 que le Tsar semble avoir pris un pas de recul cette saison. Le volume de buts prévus qu'on lui prédit reste en gros identique depuis quatre ans : entre 0,9 et 1 but par heure jouée. Au cours des trois saisons précédentes, il a su dépasser ce total, parfois légèrement et, l'an dernier, massivement. Mais cette saison, Ovechkin a sous-performé à forces égales, obtenant un peu moins de 0,8 but par heure jouée.

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Il est possible que ce soit simplement le fruit d'une mauvaise séquence qui affecte parfois même les meilleurs d'entre les meilleurs. Mais on est en droit de se demander si, dans une situation ou l'espace est restreint et le marquage défensif de l'adversaire est incessant, on n'a pas ici un premier indice de ralentissement.
Ça ne serait pas exceptionnel. En fait, ce serait plutôt le contraire : qu'Ovechkin ait maintenu un tel rythme jusqu'à l'âge de 31 ans tient de l'exploit. Les buteurs connaissent généralement leurs meilleures saisons entre l'âge de 23 et 28 ans et on a vu de nombreux joueurs perdre de l'élan à l'approche de la trentaine. Parfois, la production s'effondre purement et simplement (Bobby Ryan, Danny Heatley). Dans d'autres cas, le volume horaire demeure, mais la santé n'y est plus et le joueur peine à briser le cap des 60 matchs joués (Marian Hossa). Mais Ovechkin, lui, continue à produire et ne manque toujours pas de match.
On a quand même un peu économisé Ovechkin, cette saison. Alors qu'il jouait plus de 16 minutes par match à forces égales par le passé, on a ramené son temps de jeu à 14:30 cette saison, un autre facteur qui explique sa baisse de production. On jouait évidemment le long jeu : en le taxant moins, on espère qu'il lui reste plus d'énergie pour la course vers la Coupe Stanley. Pour une équipe qui possède une attaque aussi redoutable, ça mérite bien quelques buts perdus.