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COLUMBUS – Lorsque Dean Evason a accepté le poste d’entraîneur des Blue Jackets de Columbus le 22 juillet, il a parlé de mettre en place une mentalité où l’équipe passait en premier, et qui ferait en sorte que ses joueurs jouent avec intensité les uns pour les autres.

Il n’avait aucune idée de ce qui allait se produire, et de la manière dont sa philosophie allait aider Columbus – sur la glace comme en dehors.

Les Blue Jackets sont devenus l’une des histoires les plus inspirantes de la LNH. À l’aube de leur duel contre les Maple Leafs de Toronto mercredi (19h30 HE; TVAS, SN, FDSNOH), ils montrent un dossier de 6-1-1 à leurs huit dernières parties et se trouvent à un point des Bruins de Boston, des Canadiens de Montréal et des Sénateurs d’Ottawa pour la deuxième place de quatrième as dans l’Association de l’Est.

Evason devrait être candidat pour le trophée Jack-Adams, remis à l’entraîneur de l’année dans la LNH.

« Je pense que Dean doit être dans la conversation, peu importe ce qui se passe, simplement en raison de l’adversité à laquelle nous avons fait face cette année », a avancé le directeur général Don Waddell.

Les Blue Jackets ont raté les séries éliminatoires au cours des quatre dernières saisons et ont terminé au dernier rang de l’Est au cours des deux dernières campagnes. Personne ne les avait choisis pour participer au tournoi printanier cette saison, même après l’embauche du centre Sean Monahan pour cinq ans et 27,5 millions $ (moyenne annuelle de 5,5 millions $) sur le marché des joueurs autonomes le 1er juillet.

Evason savait qu’il avait tout un défi à relever, mais il s’attendait à voir Monahan jouer aux côtés de Johnny Gaudreau, l’un de ses meilleurs amis et ancien coéquipier avec les Flames de Calgary. Il s’attendait aussi à miser sur de bons vétérans comme l’attaquant Boone Jenner, son capitaine, et le défenseur Erik Gudbranson afin de mener un groupe de jeunes joueurs talentueux.

Les Blue Jackets ont ensuite échangé le franc-tireur Patrik Laine aux Canadiens le 19 août.

Puis l’inimaginable s’est produit.

Gaudreau, le meilleur pointeur de Columbus au cours des deux dernières saisons, et son frère, Matthew, sont décédés le 29 août lorsqu’ils ont été frappés par un chauffard suspecté d’avoir conduit en état d’ébriété alors qu’ils circulaient à vélo à Salem County, au New Jersey.

Tout le monde a été dévasté. Waddell et Evason ont demandé à leurs joueurs : « Qu’est-ce que Johnny voudrait que nous fassions? » Il aurait voulu qu’ils continuent à jouer au hockey et qu’ils aient du plaisir à l’aréna chaque jour, comme c’était le cas pour lui.

Lorsqu’il lui a été demandé si la mentalité qui place l’équipe en premier avait servi de fondation, Evason a répondu : « Je pense que ça a aidé en partie ». Il a ensuite redirigé l’attention vers les autres.

Il a donné du mérite au leadership de Waddell, qui a donné aux joueurs une voix pour leur permettre de vivre leur deuil comme ils l’entendaient. Waddell pourrait de son côté être considéré pour le titre de directeur général de l’année.

« Il n’y avait pas d’échéancier avec un événement comme celui-là, a souligné Evason. Nous leur avons simplement donné le temps d’être ensemble, de guérir, et plusieurs joueurs l’ont fait de manière différente. »

Jenner a subi une blessure à l’épaule pendant un entraînement à la fin du calendrier préparatoire, puis Gudbranson est tombé au combat en raison d’une blessure semblable dès le troisième match de la saison régulière. Les deux hommes n’ont pas rejoué depuis. Les Blue Jackets (22-18-7) ont aussi eu à composer avec des blessures à d’autres joueurs importants.

Waddell a mentionné qu’Evason ne se soucie pas de l’identité des joueurs qui seront à sa disposition ou de ceux qui ne le seront pas. Evason a indiqué que des joueurs ont saisi l’occasion pour exercer leur leadership, ce qu’ils n’auraient pas fait dans d’autres circonstances. Il a mentionné au passage Monahan, le défenseur Zach Werenski et les attaquants Mathieu Olivier et Sean Kuraly. De jeunes joueurs ont aussi progressé au même moment.

« Je crois qu’ils se seraient rapprochés au cours de cette épreuve, avec toute cette adversité, peu importe que nous ayons tenté d’implanter par rapport à la mentalité d’équipe, a soumis Evason. Quand une tragédie comme celle-là frappe, ça rapproche les gens, ils se serrent les coudes, et c’est ce que notre groupe a fait. »

Cette mentalité d’équipe ne repose pas que sur des paroles creuses d’un entraîneur. Elle se transpose de manière tangible sur la glace.

« Sans vouloir manquer de respect aux derniers entraîneurs et dirigeants, je crois que l’approche que nous avons cette année et les changements qui ont été apportés à notre système et notre approche en général ont été très bénéfiques pour notre équipe », a affirmé Olivier.

Evason est un apôtre de la défensive, mais il veut que les Blue Jackets jouent avec vitesse et qu’ils utilisent leurs aptitudes en attaque. Il aime utiliser ses quatre trios pour que tous les joueurs conservent leur énergie, qu’ils soient impliqués, et qu'ils jouent avec confiance.

Pour y parvenir, ses joueurs doivent se soutenir les uns les autres.

« C’est vraiment une approche d’équipe, a renchéri Olivier. Nous voulons être agressifs. Nous voulons que les joueurs appliquent de la pression sur la rondelle partout sur la glace. Mais quand on joue de cette manière, les autres joueurs qui n’appliquent pas de pression doivent être au bon endroit et avoir le bon état d’esprit pour que nous connaissions du succès. »

Ce fut un processus.

Les Blue Jackets ont amorcé la saison avec un dossier de 12-15-5. En date du 18 décembre, ils marquaient en moyenne 3,22 buts par match, ce qui leur valait le 11e rang de la LNH, et en accordaient 3,63 par rencontre, bon pour le 30e rang de la ligue.

Ils ont conservé une fiche de 10-3-2 depuis. Au cours de cette séquence, ils ont inscrit 3,33 buts par match, le septième plus haut total dans la LNH, et en accordent 2,73 par partie, ce qui les place à égalité au 16e rang avec les Blues de St. Louis.

Les statistiques offensives sont probablement celles qui étonnent le plus, étant donné que les Blue Jackets ont marqué en moyenne 2,85 par match avec Gaudreau dans leurs rangs la saison dernière, ce qui leur a valu le 24e rang, à égalité avec les Blues. L’amélioration en défensive est tout aussi impressionnante par rapport à la dernière saison. Columbus a alloué 3,63 buts par match la saison dernière, et a terminé au 31e rang de la ligue.

« Est-ce que nous permettons à nos joueurs de commettre des erreurs? Oui, a noté Evason. Mais est-ce que nous les rendons imputables de ces erreurs? Oui. […] Nous avons cloué au banc des joueurs, et c’est peut-être passé un peu inaperçu. Les gens ne pensent pas que nous l’avons fait. Nous leur donnons toutefois la chance d’apprendre de leurs erreurs, et s’ils ne le font pas, il y a des répercussions, et il faut les rendre imputables. Nous leur donnons assurément la chance de jouer librement, tant qu’ils font les bonnes choses sur la glace, et qu’ils demeurent du bon côté de la rondelle. »

Werenski s’est établi comme l’un des candidats pour le trophée Norris, remis au meilleur défenseur de la LNH, en partie parce qu’il a la liberté de soutenir l’attaque, ce qui lui a permis d’afficher des statistiques impressionnantes. Il a inscrit 15 buts, ce qui le place à égalité avec Cale Makar au premier rang parmi les défenseurs de la LNH, ainsi que 51 points, un point derrière Makar au premier échelon.

L’attaquant Kirill Marchenko est le meneur des Blue Jackets avec 18 buts, mais ce qui frappe le plus dans son cas, c’est son différentiel de +26, ce qui le place à égalité avec l’attaquant des Capitals de Washington Aliaksei Protas au deuxième rang de la LNH, derrière le centre des Oilers d’Edmonton Leon Draisaitl (+27). Marchenko a compilé un différentiel de -28 au cours des deux dernières campagnes. Evason l’a mis au défi de jouer davantage à l’intérieur et de remporter plus souvent ses batailles.

« Un nouvel entraîneur arrive avec un système différent, a souligné Marchenko. Ça aide tout le monde ici, parce que tous les joueurs ont progressé et sont passés au prochain niveau. Il m’a donné confiance, il me fait confiance, et je tente de bien jouer. »

Sept joueurs ont inscrit au moins 10 buts, dont Olivier, un joueur robuste qui a déjà doublé son ancien sommet en carrière qui était de cinq buts, total réussi en 2022-23 et la saison dernière.

Olivier, qui est âgé de 27 ans, dispute une septième saison dans les rangs professionnels. Il a participé aux séries éliminatoires de la Coupe Calder avec Milwaukee dans la ligue américaine de hockey en 2018-19 et en 2021-22, ainsi qu’aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley avec les Predators de Nashville en 2020-21 et 2021-22. Il affirme que le système d’Evason cadre bien avec l’équipe, parce qu’il est simple et prévisible. Les joueurs y ont adhéré.

« Comme professionnel, on apprend que les équipes qui participent en séries et qui connaissent du succès en séries sont celles qui jouent du hockey prévisible, a-t-il analysé. C’est bizarre à dire, parce que les gens pensent que comme nous sommes les meilleurs joueurs au monde, nous devrions être en mesure de réagir aux autres et réaliser des jeux qui ne sont pas planifiés. Mais les meilleures équipes misent sur des joueurs qui pratiquent du hockey prévisible, et leur talent prend ensuite le dessus, parce que nos adversaires doivent respecter la manière dont nous jouons.

« Je crois que c’est ce qui a fait la plus grande différence pour nous cette année. »