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MONTRÉAL – Sans même annoncer un choix de repêchage, les Canadiens ont obtenu le meilleur joueur du premier tour de l’encan 2025 de la LNH.

Dans une année définie par le changement –– on parle ici de l’historique début du repêchage décentralisé en dehors de l'ère Covid –– le Tricolore a adopté sa propre approche hors norme, misant sur la certitude plutôt que le potentiel.

« En se présentant à la Séance d’évaluation de la LNH, on ne pensait certainement pas qu’on aurait les choix 16 et 17 », a raconté le vice-président aux opérations hockey des Canadiens, Jeff Gorton, au canadiens.com dans une entrevue exclusive post-repêchage.

« Peut-être un, peut-être aucun. Mais je pense qu’aucun de nous croyait qu’on aurait les deux. »

Pour Gorton, le processus d’entretien de la Séance d’évaluation s’apparente au speed dating. Mais, ce qu’il ne savait pas encore à Buffalo, c’est que le match parfait de Montréal n’a jamais franchi les portes de la salle d’entrevue.

À 21 h 20 HE le 27 juin, les Canadiens ont annoncé –– dans ce qui s’est révélé le secret le plus mal gardé de la soirée –– avoir fait l’acquisition du défenseur Noah Dobson en retour de leurs deux choix de premier tour au Repêchage 2025 de la LNH, en plus d’un extra.

À ce stade, comme la nouvelle de la transaction était déjà sortie à travers les médias sociaux, l’annonce relevait surtout d’une formalité. Mais, comme l’a expliqué Kent Hughes, l’attente à l’intérieur du Peacock Theater de Los Angeles n’était pas que spectacle.

« [La transaction] s'est matérialisée dans les toutes dernières minutes, a souligné le directeur général du Tricolore. Je ne sais pas pourquoi ça circulait dans les médias avant, car rien n’était conclu. »

Ce sont les négociations contractuelles qui ont provoqué le délai, de clarifier Hughes. Heureusement, les deux parties ont convenu d’une prolongation de contrat de huit saisons, le Club pouvant ainsi espérer profiter des services de fine pointe du défenseur jusqu’en 2033.

Issu du Bishop’s College School, dans les Cantons-de-l'Est, au Québec, Dobson ramène son impressionnant bagage dans la Belle Province. Depuis qu’il a été sélectionné au 12e rang au total par les Islanders de New York en 2018, l’arrière de 25 ans a récolté 50 buts et 180 mentions d’aide pour un total de 230 points en 388 matchs dans la LNH. Pas plus tard qu’en 2023-2024, il enregistrait un sommet personnel de 70 points en une campagne, devenant ce faisant le deuxième défenseur dans l’histoire des Islanders à atteindre ce plateau –– et le premier depuis Denis Potvin en 1983-1984.

« Quand tu as la chance d’acquérir un joueur comme Noah Dobson, même si cela implique de laisser aller deux choix de premier tour, tu le fais », a affirmé le directeur du personnel des joueurs et du recrutement amateur du Tricolore, Martin Lapointe. « Nick [Bobrov] et moi étions complètement en accord à ce que [Hughes] aille de l’avant avec la transaction, et il a fait un bon boulot pour conclure l’entente. »

Pour Hughes, il y avait bien plus qu’un joueur talentueux en jeu : c'était aussi une question d’opportunisme.

« C’est rare qu’un joueur de 25 ans ayant l’expérience de Noah et ses accomplissements derrière la cravate devienne disponible à cet âge. Pour nous, c'était une opportunité en or de mettre la main sur un gars assez jeune et qu’on pense être en mesure de garder pour l’entièreté de la période éminente de sa carrière. »

Natif de l'Île-du-Prince-Édouard, Dobson a porté les couleurs du Canada à de multiples occasions sur la scène internationale, notamment au Championnat mondial des moins de 18 ans, au Championnat mondial junior et au Championnat du monde masculin de l’IIHF.

Maintenant, il a la chance de faire quelque chose d’aussi spécial : représenter l’équipe qu’il soutenait en grandissant, dans un marché de hockey qu’il qualifie de meilleur au monde.

« L’opportunité de faire partie des Canadiens est quelque chose que tu ne prends pas à la légère, a dit Dobson une fois l’entente conclue. Ayant grandi au Canada, c'est un rêve devenu réalité. »

L’impression de vivre un rêve était un sentiment partagé par les partisans du Bleu-blanc-rouge au cours de la soirée du vendredi, et, le samedi, l’avenir est devenu d’autant plus brillant alors que neuf espoirs ont intégré l’organisation.

Les coulisses du Repêchage 2025 des Canadiens

Au sommet de la liste : Alexander Zharovsky.

Ayant récolté 50 points en 45 sorties la saison dernière dans la MHL (le meilleur circuit junior de Russie), l'attaquant de 6 pi 1 po amène un puissant mélange de gabarit et de talent au bassin de recrues.

Selon le guide du Repêchage d’Elite Prospects, l'ailier russe possède « des habiletés innées impossibles à enseigner. Il est manipulateur, il trompe son adversaire et il est toujours dangereux quand il possède la rondelle en zone offensive. »

Montréal a échangé ses 41e et 49e choix afin de parler au 34e rang et de mettre la main sur Zharovsky –– une décision qui allait de soi pour la direction.

« Sur papier, c'était un choix de deuxième tour, mais sur notre liste, c'était un gars de première ronde. L’objectif était de repêcher un talent de premier ou deuxième trio, a expliqué Lapointe. Pour nous, c’était important. On n’a donc eu aucun mal à payer pour ça. »

Un autre élément ayant fait pencher la balance en faveur de Zharovsky? Les Canadiens ont reçu un rapport d'évaluation d'Ivan Demidov, ami proche et ancien coéquipier de celui-ci, avant de le choisir. Et si le natif de Klin apporte ne serait-ce qu'une fraction du flair de Demidov, les partisans montréalais en auront pour leur argent.

Petit gabarit? Pas de soucis. Souhaitez la bienvenue à LJ Mooney, l'attaquant de 5 pi 7 po qui a fait tourner les têtes au Camp de perfectionnement des Canadiens et qui prêtera son jeu dynamique au service de l’Université du Minnesota en 2025-2026.

« On cherche à frapper un coup de circuit au quatrième tour, a mentionné Lapointe. LJ Mooney a beaucoup de caractère. C’est un compétiteur très dynamique sur la glace. [...] On n’est pas inquiets de son gabarit, c’est pourquoi on l’a choisi. »

Miser sur des talents de petite taille a porté ses fruits pour les Canadiens par le passé, et ils espèrent que leur pari sur Mooney payera aussi.

La cohorte de repêchage 2025 de Montréal comprend également les produits de la WHL Hayden Paupanekis et Bryce Pickford, lequel a établi un record pour le nombre de buts en séries marqués par un défenseur dans l’histoire moderne. S’ajoutent aussi à la liste les gardiens Alexis Cournoyer et Arseni Radkov, qui joindront les rangs universitaires au cours des deux prochaines années, et, pour conclure, Carlos Handel, Andrew MacNiel et Maxon Vig à la ligne bleue.

Par le passé, pour les Canadiens, le repêchage servait surtout à remplir les armoires et à garnir les étagères d’ingrédients de choix. Cependant, cette année, ils étaient en quête d’éléments plus raffinés, une quête axée sur la qualité plutôt que la quantité.

« Cette année, on était plus ouverts à se mouiller pour obtenir les joueurs qu’on convoitait, a dit Hughes. L’autre chose était de ne pas avoir peur de faire des erreurs, comme on a déjà beaucoup d’espoirs. On est allés chercher des joueurs qui ont un grand potentiel. »

Et, selon sa propre échelle de mesure, le Tricolore a réussi.

D’accord, les Canadiens n'ont pas gagné le repêchage. Ils ont gagné grâce à celui-ci. Et c'est ce qu’on appelle un capital bien investi.

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