Eigner: « J'ai vraiment hâte de voir ce qu'il peut accomplir »
Entraîneur de Ryan Poehling au secondaire, Trent Eigner avait la larme à l'œil en regardant l'étincelante performance de son ancien protégé contre les Maple Leafs
par Matt Cudzinowski. Traduit par Philippe Germain. @CanadiensMTL / canadiens.com
MONTRÉAL - On peut dire sans se tromper que Ryan Poehling avait bien des partisans à la maison qui ont suivi son premier match dans la LNH au cours du weekend. Un d'entre eux était Trent Eigner.
Eigner a été l'entraîneur du joueur de centre de 20 ans pendant trois saisons à l'école secondaire Lakeville North et il connaît l'espoir des Canadiens depuis l'âge de 11 ans.
Les événements qui se sont déroulés samedi soir ont profondément touché Eigner, qui a suivi la rencontre face aux Maple Leafs sur les ondes de NHL Networks alors qu'il assistait à une soirée d'anniversaire.
« Ma femme s'est tournée vers moi en début de match après que Ryan a marqué son premier but et elle m'a demandé si je pleurais. J'ai simplement évité la question en essuyant une larme », raconte Eigner qui a dirigé les Panthers de Lakeville North au cours des neuf dernières saisons. « Ayant suivi ce garçon et après l'avoir dirigé, j'étais très émotif de le voir réaliser son rêve en direct. »
Poehling a aussi décrit ces événements comme le scénario d'un rêve, ce qui ironiquement n'était pas très loin de la réalité. Après avoir marqué un premier but en première période et un autre en deuxième, il a trouvé le fond de la cage pour créer l'égalité en fin de troisième période. Puis l'athlète originaire du Minnesota a conclu cette soirée absolument magique en inscrivant le but gagnant en fusillade.
Bien au fait des capacités de Poehling, Eigner n'était pas surpris que son ancien joueur ait saisi l'occasion et qu'il ait livré la marchandise.
« J'ai expliqué à ses frères par texto comment il était surréaliste de voir ce qui se passait à ce match et je ne dis pas cela parce que j'étais surpris de le voir réaliser cela. C'est tellement lui et dans sa nature d'arriver dans une situation du genre et de faire quelque chose comme ça », raconte Eigner. « Avec beaucoup d'humilité, je crois que cela a paru qu'il comprenait en partie pourquoi les choses se passaient ainsi. Ça me frappe combien il est le type de gars qui profite de chaque aspect des situations. »
Video: TOR@MTL: Poehling marque sur son tir de barrage
Les situations en question doivent inclure le duel qui l'a opposé à Frederik Anderson sous les feux de la rampe au Centre Bell.
Eigner observait Poehling de près avant la fusillade et il était convaincu que son ancien joueur allait profiter de son occasion.
« Je surveillais vraiment comment il se comportait. Avant de foncer sur la rondelle et simplement son approche du filet. Il ressemblait au gars que j'ai connu et qui improvisait à l'entraînement au secondaire. Il avait tellement l'air à son aise, confiant de ce qu'il allait faire et sûr du résultat, explique Eigner. Pour un gars aussi humble, c'était approprié. J'étais devant mon écran à des milliers de kilomètres au Minnesota, mais je pouvais sentir l'énergie se bâtir. »
Autant qu'Eigner a apprécié de voir Poehlign trouver le fond du filet à quatre occasions, il a aussi vraiment aimé comment l'ancien de l'Université St. Cloud State a profité de son expérience.
« J'ai tellement aimé quand la caméra nous montrait son visage et je peux voir ce sourire authentique. Le gars démontrait une attitude détendue à la suite de ce qui venait de se passer. À la source même de son succès, il a beaucoup de plaisir à vivre tout cela. C'est quelque chose de difficile à décrire ou à expliquer aux gens », estime Eigner. « Je pouvais vous dire en regardant son visage qu'à ce moment et à cet endroit, il avait autant de plaisir que quiconque pourrait avoir dans cette situation. Je crois que ce sera toujours le cas pour lui quand il chaussera ses patins pour jouer au hockey. »
La passion incroyable de Poehling pour le sport est une des nombreuses choses qui font de lui un joueur spécial selon l'entraîneur de 48 ans des Panthers.
Le joueur par excellence du Championnat du monde junior de 2019 figure aussi parmi les plus beaux cerveaux de hockey avec qui Eigner a pu travailler.
« Ce qui a toujours ressorti pour moi comme entraîneur est qu'il est un des rares joueurs, sinon le seul avec qui j'ai travaillé, qui m'a vraiment forcé à écouter attentivement ce qu'un joueur a à dire et je considère aujourd'hui cela comme une très bonne chose. Je vous dis cela le plus gentiment du monde. J'ai dû admettre que ce gars voyait le hockey à un niveau complètement différent du mien, raconte Eigner. Très souvent et au premier coup d'œil, quand tu vas diriger un gars comme lui, tu dois constamment jeter un regard sur le rétroviseur et quand tu reviens pour examiner une situation qui s'est produite dans un match, il avait raison à propos de ce qu'il voyait. C'était vraiment une expérience d'apprentissage comme entraîneur, de travailler avec un gars qui voyait non seulement le match à un niveau tellement plus élevé, mais qu'il appréciait le sport davantage que simplement les rouages. »
Ryan « le Tracteur » Poehling
Savez-vous pourquoi Eigner surnomme Poehling « le Tracteur » sur Instagram?
L'histoire derrière ce surnom est plutôt intéressante.
« J'ai entendu des gens dire que c'était un surnom utilisé pour Joe Thornton. J'ai toujours dit à Ryan quand il était jeune que j'ai tellement entendu de belles choses à propos de Joe Thornton comme personne et comme joueur de hockey. La façon dont Ryan se comporte sur la glace et à l'extérieur avec sa nature un peu insouciante et la capacité qu'il a de toucher les gens autour de lui de façon positive, cela m'a conduit à le surnommer « le Tracteur ». Je le considère comme un gros tracteur sur la patinoire, raconte Eigner. Il était vraiment gros et très compétitif, mais il a aussi une attitude vraiment plaisante. Tu peux voir comment il plait aux gens tellement il est humble. C'est pourquoi je comptais sur lui. »
Encore ici, Eigner souligne l'approche cérébrale de Poehling à son travail comme une autre raison pourquoi le surnom lui colle à la peau.
« Je considère certains joueurs comme étant très axés à aller du point A au point B, ils voient le jeu et ils exécutent ce que leurs entraîneurs leur enseignent. Puis, il y a des gars comme Ryan qui ont un genre de sens artistique et une appréciation de la façon dont le jeu peut être joué et perçu et il n'a pas peur d'explorer ces aspects du jeu qui correspondent bien avec ce type de nature », ajoute Eigner. « À mes yeux, il était comme « un gros tracteur », un joueur de hockey incroyable et facile à aimer. »
Regard vers le futur
Si Eigner n'était pas au Centre Bell pour le premier match de Poehling dans l'uniforme des Canadiens, il sera certainement dans les estrades à un moment ou l'autre dans son parcours.
Ce ne sera pas le premier passage de l'entraîneur au Centre Bell. Ancien coéquipier de Brian Savage à l'Université Miami en Ohio, Eigner venait parfois à Montréal voir son bon ami jouer.
« J'ai même texté Savvy samedi soir et je lui ai dit qu'on devait aller le voir jouer ensemble parce que j'aimais vraiment aller voir Brian jouer à Montréal, raconte Eigner. J'ai vraiment hâte d'y retourner. »
Video: TOR@MTL: Poehling égalise avec son 3e du match
Pour l'instant toutefois, Eigner a bien hâte de rencontrer Poehling au cours de la saison morte.
« C'est au point où quand je vais le prendre dans mes bras je serai probablement sans mot et je sais que sans rien dire il comprendra quand même combien je suis heureux et enthousiaste pour lui », raconte Eigner. « La profondeur des conversations que nous avons transcende le hockey et j'en suis très reconnaissant. À un jeune âge, Ryan a compris combien il était choyé et il a pris une responsabilité en pratiquant son sport à un haut niveau. J'aime son approche au jeu. Longtemps, il m'a dit qu'un jour il jouerait dans cette ligue et il me partageait cela avec beaucoup d'humilité et de charisme à la fois. Au cours de mes neuf années en poste, je n'ai jamais entendu un coéquipier qui n'appréciait pas sa compagnie. J'ai vraiment hâte de voir ce qu'il peut accomplir. »