feature-thumb

MONTRÉAL – Difficile de prédire le discours que nous réserve Martin St-Louis quand il passe au micro, mais ce qu'on sait, c'est qu'il risque de faire les manchettes.

Lors du Tournoi de golf des Canadiens en septembre dernier, l'entraîneur-chef a encore une fois livré la marchandise. Même s’il n’a pas tenu les propos les plus mémorables, drôles ou inspirants de sa carrière, ils furent sensibles, vrais, et peut-être même prophétiques.

« Tous les jours, ton équipe te parle; pas nécessairement avec des mots, mais à travers des actions. »

Et la saison dernière, les actions des Canadiens en ont dit long. L’équipe s’est battue, améliorée, et a prouvé qu’elle était prête à accomplir plus qu’être « dans le mix ». Elle s'est révélée une équipe digne des séries.

Cinq mois plus tard, le message est le même – seuls les enjeux ont changé.

Les attentes sont naturellement plus élevées; du côté des partisans, évidemment, mais encore plus du côté des joueurs. Si leur participation en séries la saison dernière leur a permis de prouver qu’ils méritaient leur place, ce ne fut pas suffisant pour les rassasier.

« On veut encore plus », a d’ailleurs exprimé Cole Caufield aux médias. « On est un groupe déterminé. Beaucoup de gars sont encore jeunes et veulent montrer ce qu’ils peuvent faire. Personne n’est satisfait à 100 % de son jeu. Je pense qu’il y a encore beaucoup dans le réservoir à essence. »

À l'heure actuelle, ce réservoir est plein, et le chemin vers l’après-saison commence maintenant pour les Canadiens.

Reste à voir comment ils se rendront à destination, mais pour leur propre bien, St-Louis, Caufield et compagnie espèrent que le trajet sera moins cahoteux que le plus récent. Besoin de vous rappeler qu’il était moins une quand le Club s’est classé?

Après avoir emprunté la route panoramique l’an dernier, Montréal a cette fois les yeux rivés sur la voie rapide.

À l’attaque

Derrière le volant, vous l’aurez deviné, se trouve Nick Suzuki. En tant que moteur de l’équipe, la valeur du capitaine des Canadiens ne peut être trop amplement soulignée. Non seulement il figure au sein de la formation chaque soir – une ressource déjà rare et sous-estimée en soi – mais son impact est exponentiel. Avec 89 points en 2024-2025, Suzuki a été impliqué dans 36,6 % des buts du Bleu-blanc-rouge, la plus grande proportion enregistrée par un attaquant du Tricolore depuis Guy Lafleur vers la fin des années 70.

Maintenant qu’il a su mener le Club jusqu’en après-saison, Montréal attendra encore une fois de son capitaine qu’il prenne les commandes à sa septième saison dans la LNH.

« J’ai l’impression qu’il s’épanouit de plus en plus, » a dit le vice-président aux opérations hockey, Jeff Gorton. « On le voit s’améliorer constamment en tant que joueur, et, dans le vestiaire, on le voit devenir un meilleur meneur. On savait qu’il était jeune quand on l’a nommé capitaine, mais on savait aussi qu’il serait à la hauteur de la tâche, et il l’a assurément prouvé. »

Le principal trio, qui voit Suzuki flanqué de Caufield et de Juraj Slafkovsky, a formé la combinaison offensive la plus productive de la LNH la saison dernière, entre autres grâce aux 37 buts et 70 points de Caufield. Bref, ça tombe sous le sens : les chances de Montréal d’atteindre les séries reposent largement sur l’implication des trois attaquants.

Cela dit, la contribution des autres membres de l’offensive est destinée à augmenter. Un Patrik Laine en santé – et ayant bénéficié d’un premier été complet d’entraînement depuis longtemps –, un Kirby Dach motivé et un jeune prodige du nom d’Ivan Demidov offrent aux Canadiens une artillerie renforcée et redoutable.

Et ça ne s’arrête pas là.

Au tournoi de golf, le directeur général, Kent Hughes, a réitéré le fait que si l’équipe n’est pas encore un produit fini, elle est néanmoins passée de simplement bâtie à stratégiquement ficelée.

L'une des acquisitions de l’été est Zachary Bolduc, un jeune du coin au tir de niveau élite, impitoyable sur l’échec avant et pourvu d’un éventail d’habiletés interchangeables lui permettant d’œuvrer tant au sein des deux premiers que des troisième et quatrième trios. Sélectionné au premier tour en 2021, celui qui a récolté 19 buts à sa deuxième saison à St-Louis débarque avec un grand potentiel à exploiter, lequel pourrait aider Montréal à se positionner parmi les meilleures brigades offensives de la Ligue cette année.

N’empêche que la présence de vétérans demeure cruciale, et avec les départs de Christian Dvorak et Joel Armia au cours de la saison morte, les rôles de leaders qu’incarnent Josh Anderson, Jake Evans et Brendan Gallagher à l’attaque s’intensifieront.

Les trois avants ont signifié leur présence en 2024-2025, Gallagher disputant les 82 matchs et atteignant le plateau des 20 buts pour la première fois depuis 2019-2020, Evans établissant un nouveau record personnel de 36 points, tout en étant l’un des piliers en infériorité numérique, et Anderson rebondissant d’une saison 2023-2024 plus ou moins décevante en remportant le trophée Jacques-Beauchamp-Molson à titre de joueur des Canadiens ayant eu un rôle déterminant au sein de l’équipe, sans toutefois en retirer d’honneurs particuliers.

Enfin, des atouts de choix, comme Alex « couteau suisse » Newhook, le nouveau venu Joe Veleno et Oliver Kapanen ont de solides profils pour compléter l’attaque, tandis que de jeunes talents comme Owen Beck et Florian Xhekaj chercheront à laisser leur marque lorsque l’occasion se présentera.

La ligne bleue

Par qui d’autre commencer que Noah Dobson? L’acquisition estivale la plus médiatisée de Montréal – et l'une des plus notables dans l’histoire récente – redéfinit complètement la défense des Canadiens. La perte de David Savard – retraite en cause – a creusé un trou dans l’expérience, mais Dobson le remplit de sa jeunesse, de son savoir-faire et de son style de jeu complet.

Âgé de 25 ans, le défenseur droitier possède tout ce qu’un entraîneur recherche chez un arrière pour sa première paire défensive : il joue de grosses minutes, déplace la rondelle avec fluidité et sait s’impliquer offensivement, comme en témoigne son record de 70 points en 2023-2024.

Kaiden Guhle, Mike Matheson et le plus récent gagnant du trophée Calder, Lane Hutson, complètent le « top 4 » défensif du Tricolore, qui se classe aisément parmi les meilleurs du circuit.

Comme l’a dit Guhle lors du camp d’entraînement : « On a tout ce dont on a besoin. »

Y compris de la robustesse, qu’amènent Jayden Struble et Arber Xhekaj, tandis qu’Alexandre Carrier équilibre le tout de par sa sagesse de vétéran inébranlable.

Devant la cage

Samuel Montembeault devrait tenir le fort après une campagne exceptionnelle lors de laquelle il s’est surpassé au chapitre des matchs joués, des victoires, de la moyenne de buts alloués et des blanchissages – une belle récompense pour ses progrès constants des dernières années.

Les chiffres le prouvent : selon Data Driven Hockey, Montembeault siège au cinquième rang de la LNH au chapitre des buts sauvés au-delà des attentes (61,5) dans les trois dernières campagnes.

À titre d'acteur de soutien devant le filet se trouve Jakub Dobes, qui n’a pas manqué de faire tourner les têtes avec l’un des meilleurs débuts de carrière que vous verrez d’un portier. Le cerbère de 24 ans a conclu sa première campagne dans la LNH avec une fiche de 15-7-4, un pourcentage d’arrêts de ,909 et une moyenne de buts alloués de 2,74. Comme le calendrier 2025-2026 sera particulièrement exigeant, notamment en raison de quelques séquences de matchs consécutifs, Montréal comptera sur lui pour faire un autre pas de l'avant à sa deuxième année.

Avec la nouvelle saison maintenant lancée, ce n’est pas un nouveau départ que prennent les Canadiens – ce cap, ils l’ont déjà franchi. Les fondations sont érigées, les pièces sont en place, et l’adhésion aux objectifs de l’équipe est à son comble.

Mais, comme le demande souvent St-Louis : qu’est-ce qui vient ensuite?

Cette année, la réponse ne se présentera pas sous forme de phrase-choc ou de slogan. Elle se profilera peu à peu, au fil des matchs, sujette à la façon dont l’équipe réagira devant l’adversité, gèrera les attentes et profitera des opportunités qui se présenteront à elle.

Et, avec une nouvelle page blanche à noircir, nous sommes sur le point de voir si ce club pourra passer au prochain niveau, non pas par les mots, mais par ses actions.