Stanley-Six

MONTRÉAL - Lorsque les numéros 21, 34, 44, 67, 73 et 94 se sont tous retrouvés dans la formation des Canadiens pour la première fois dans une rencontre au mois d'avril, la soirée s'est avérée être historique pour l'équipe.

Tous les joueurs qui portent ces numéros pour Montréal cette saison possèdent chacun une bague de la coupe Stanley. Lorsque les six ont tous pris part au même match, les Canadiens sont devenus la cinquième formation seulement dans l'histoire moderne de la LNH à pouvoir compter sur six champions de la coupe Stanley après n'en avoir eu aucun lors de la campagne précédente.
Est-ce une coïncidence? Certainement pas.
En fait, les acquisitions des attaquants Eric Staal, Tyler Toffoli, Michael Frolik et Corey Perry, de même que du défenseur Joel Edmundson et du gardien Jake Allen ont été effectuées par le directeur général, Marc Bergevin, en raison de ce qu'ils conservent bien précieusement chez eux.
Bergevin a souvent affirmé vouloir bâtir ses équipes avec « des gars pouvant te mener en séries et des gars pouvant te mener loin en séries » et maintenant que ces six vainqueurs de la coupe ont été en mesure d'aider le Tricolore à se rendre en séries, le nouvel objectif est de remporter la Coupe Stanley encore une fois.
Commençons par Perry. Le vétéran de 36 ans en est à sa 16e saison dans la LNH et est un membre de la Triple couronne grâce à ses conquêtes de la coupe Stanley, de la médaille d'or aux Jeux olympiques et de la médaille d'or au Championnat du monde.
Le joueur originaire de Peterborough s'est avéré être un excellent ajout à l'équipe jusqu'à présent cette saison en raison de sa contribution sur la patinoire et de l'exemple qu'il donne à ses coéquipiers.
« Corey l'a démontré dans le passé avec ses performances en séries éliminatoires, et non seulement l'année dernière, mais tout au long de sa carrière. Il semble atteindre un autre niveau lorsque les séries débutent », a affirmé Bergevin au sujet du vétéran de plus 1000 matchs au début du camp d'entraînement. « Je pense que ça envoie un message à toute la ligue et à nos joueurs que nous sommes à prendre au sérieux. »

Corey Perry

Perry a inscrit cinq buts et neuf points en 27 rencontres éliminatoires en 2020, ce qui inclut une soirée de deux buts lors du cinquième match de la finale de la coupe Stanley alors que les Stars tiraient de l'arrière 3-1 dans la série et tentaient d'effectuer une remontée dans le but de remporter une deuxième coupe Stanley, tout comme Perry. Ils allaient toutefois s'incliner lors du match suivant.
« Tout le monde sait à quel point c'était une saison bizarre, avec la pause en mars puis le retour au jeu, et personne ne savait si on allait terminer la saison », partage Perry qui a inscrit 41 buts et 98 points en 145 rencontres éliminatoires. « Mais on l'a terminée et, perdre au match 6 de la finale de la coupe Stanley, c'est déchirant et tu en redemandes. »
Perry n'est pas le seul joueur dont l'envie de soulever la coupe n'a fait qu'augmenter après l'avoir remportée une première fois. Edmundson et Allen l'ont remporté en 2019 et peuvent espérer répéter leur exploit avec le Tricolore.
« J'ai remporté la coupe Stanley avec St. Louis, mais ça te donne juste envie d'en gagner une autre, puis une autre. Je vais faire tout ce que je peux pour aider l'équipe à obtenir sa prochaine coupe Stanley », affirme Edmundson qui a inscrit un but et six passes lors du parcours éliminatoire des Blues en 2019. « J'ai l'impression que, chaque année de ma carrière en séries -- où il y a évidemment un maximum de pression sur tes épaules --, c'est là que j'ai le mieux performé. »

Joel Edmundson

Les champions de la coupe Stanley se font souvent demander comment ils peuvent utiliser leur vécu avec leurs nouvelles formations. Perry a parlé à maintes reprises de l'importance de mener par l'exemple, un élément que Toffoli a aussi mentionné lorsqu'il s'est adressé aux médias suite à sa signature de contrat avec les Canadiens.
« C'est en jouant de la bonne façon que tu gagnes des matchs. Tu ne marqueras peut-être pas tous les soirs, mais si tu joues de la bonne manière et que tu gagnes des matchs, il n'y a pas de meilleur sentiment », partage le natif de Scarborough qui a établi un nouveau record chez les Kings pour le plus de points obtenus par une recrue lors de la conquête de 2014. « Gagner la coupe Stanley, il n'y a rien qui peut se comparer à ça. Donc, je veux revenir à ce niveau, aider les jeunes, et amener une coupe Stanley à Montréal. »

Toffoli

Pour sa part, Allen a utilisé son vécu lorsqu'est venu le temps pour lui d'occuper le rôle de gardien partant suite à la blessure de Carey Price le 5 avril dernier. Il a amorcé 15 des 21 derniers matchs de l'équipe cette saison et l'expérience acquise avec la conquête de la Coupe Stanley des Blues lui a permis de s'assurer que sa jeune équipe continuait de garder un bon état d'esprit.
« C'est une question de bâtir et d'élever ton jeu au bon moment. C'est une question de momentum en séries éliminatoires. On doit enlever le momentum à l'équipe adverse afin de prendre le rythme des matchs et ne pas l'échapper », a souligné Allen au début mai. « Les gars font de bons efforts en ce moment, surtout en l'absence de plusieurs leaders de notre équipe. C'est bien de voir ça. »
Les partisans des Canadiens connaissent plutôt bien la plus récente addition de la Triple couronne -- Staal -- qui a obtenu huit points dans la série de première ronde opposant les Hurricanes aux Canadiens en 2006, l'année où la Caroline a remporté sa toute première coupe Stanley. Maintenant qu'il porte le bon chandail rouge, espérons que les partisans pourront lui pardonner ce qu'il s'est passé il y a 15 ans et se concentreront sur le mentorat qu'il effectuera auprès des jeunes joueurs de l'équipe.
« C'est de comprendre ce qu'il faut pour gagner, que ce soit au niveau des entraînements, des journées de congé ou des matchs. C'est une question de faire ce qu'il faut pour que chaque individu puisse aider l'équipe à avoir du succès », décrit Staal qui a inscrit 51 points (21 buts, 30 passes) en 62 matchs disputés en séries éliminatoires. « Lorsque j'étais plus jeune et que je regardais Rod Brind'Amour, Glen Wesley, Ron Francis ou d'autres vétérans se préparer, les voir prendre soin d'eux-mêmes et comment ils compétitionnaient lors des entraînements. J'ai beaucoup appris grâce à eux. »

Eric-Staal

Parlant de préparation, que représente chez un joueur le fait de se préparer de la bonne façon et comment un champion le fait-il? Nous avons posé la question à Alexandre Burrows qui a atteint la finale de la coupe Stanley avec les Canucks de Vancouver en 2011 et possède une perspective unique puisqu'il observe de près les six champions en tant qu'entraîneur adjoint.
« Ils se présentent à l'aréna comme de vrais professionnels, ils dorment correctement, ils regardent des matchs. Ils sont passionnés par ce sport. Ils tentent d'apprendre constamment », décrit Burrows qui a inscrit deux buts -- dont le but vainqueur en prolongation -- lors du deuxième match de la finale de la coupe Stanley en 2011 contre Boston. « On n'a qu'à constater ce qu'ils font lors des entraînements: à chaque exercice, à chacun de leurs tirs, peu importe la situation, ils s'appliquent et tentent de s'améliorer parce qu'ils ne sont jamais satisfaits. »
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Jamais satisfaits et jamais opprimés. Burrows remarque aussi que la mentalité chez les champions est différente lorsque les choses se corsent. Il n'est pas question pour eux d'abandonner ou d'espérer que les choses iront mieux une prochaine fois.
« Ces gars-là sont dans la ligue depuis longtemps et ont eu du succès, ils ont su faire face à de l'adversité. Ils continuent de se donner à fond, ils retroussent leurs manches et mettent leurs bottes de travail et retournent au jeu », explique Burrows, un vétéran de 913 matchs avec les Canucks et les Sénateurs d'Ottawa. « C'est la seule manière qu'ils connaissent pour se sortir d'une léthargie et de cette forme d'adversité. »
De son point de vue derrière le banc, Burrows est confiant que son équipe est capable de connaître du succès alors que les séries éliminatoires sont sur le point de commencer. La chimie présente dans le vestiaire, renforcée par ces champions de la coupe Stanley, explique en grande partie cette conviction.
« Ce qui me rend si optimiste est le fait que nous avons un très bon groupe qui a l'équipe à cœur. Ça explique pourquoi cette équipe est tissée serrée et que l'environnement autour du vestiaire est bon », conclut-il. « Lorsque la culture d'équipe est bonne, tout est possible. »