MONTRÉAL – S’il avait le plein contrôle sur sa destinée, Jordan Binnington serait en train de connaître une saison de rêve, et son poste de gardien partant pour le Canada aux prochains Jeux olympiques ne serait pas remis en question sur une base quotidienne.
Or, le portier des Blues de St. Louis en arrache depuis le début de la campagne. La victoire de 4-3 qu’il a signée face aux Canadiens de Montréal, dimanche, n’était que sa septième en 20 matchs, cette saison.
« C’est certain que les statistiques ne sont pas exactement au niveau que je souhaiterais, a-t-il répondu après avoir repoussé 23 tirs contre le Tricolore. Mon approche, c’est que je me concentre sur le processus et sur ce dont j’ai besoin pour me sentir bien au bon moment.
« Je veux bâtir mon jeu tous les jours. C’est tout ce que je peux faire : contrôler ce que je peux contrôler. Plus je le fais, plus les choses vont tomber en place. »
À un peu plus de trois semaines de la date limite du 31 décembre pour la soumission de la formation canadienne, Binnington affiche une moyenne de buts alloués de 3,29 et un taux d’efficacité de ,875. Il n’a aussi connu que six départs de qualité – avec une efficacité supérieure à ,900.
L’année olympique, et le fait qu’il ait un poste à perdre après son triomphe à la Confrontation des 4 nations, le dérange-t-il au point de l’empêcher de répondre aux attentes? Après tout, un phénomène similaire se produit à Montréal dans le cas de Samuel Montembeault, qui était son deuxième adjoint avec le Canada.
« Pour être honnête, je n’ai pas trop ressenti ça, a-t-il confié dans un sympathique point de presse avec une poignée de journalistes montréalais. Je suis au courant des enjeux. Je veux me placer dans la meilleure position pour percer la formation et faciliter les décisions de la direction.
« Ça fait longtemps que je suis dans la Ligue. Je sais que si je contrôle mon petit monde et que je fais ce que je dois faire pour être à mon meilleur, le reste va venir tout seul. »
Il faut quand même préciser que les Blues (11-12-7) ne ressemblent en rien à une équipe olympique : ils présentent, par ailleurs, un différentiel de -27. Tout juste avant le match, l’entraîneur Jim Montgomery avait indiqué que « toutes les chances qu’on donne sont des coups de circuit ».
« C’est sûr qu’on peut penser qu’il connaît une saison difficile si on ne fait que regarder les statistiques, a dit le vétéran pilote après la victoire. Mais Binnington est un gagnant. Peu importe l’ampleur de la scène, il a toujours la capacité de rebondir grâce à sa solidité mentale et sa confiance en soi. »
Le niveau de confiance du gardien de 32 ans a peut-être justement été rehaussé un brin grâce à ce premier gain en trois sorties, dimanche. Il n’a pas été testé à profusion, mais il s’est dressé alors que les Canadiens tentaient le tout pour le tout en fin de match. Il a même freiné Cole Caufield avec une seconde à écouler.
Sur la séquence, il s’est lui-même mis dans le trouble en décidant de rejeter la rondelle dans le coin de la zone plutôt que de l’immobiliser avec deux secondes au tableau. Elle est revenue (trop) rapidement devant son filet.
« Il était dans son match dès le tout début, a vanté Dylan Holloway, qui a inscrit un but et deux aides. Jordan est un gardien incroyable. Son arrêt à la fin, nous croyions tous que le match était fini, mais il est resté concentré jusqu’à la cloche finale. Il a eu un grand rôle à jouer dans cette victoire. »



















