OTTAWA – Il y a un an environ, Thomas Chabot s’assoyait dans les gradins du Madison Square Garden pour regarder le premier match du deuxième tour entre les Rangers de New York et les Hurricanes de la Caroline. Il voulait s’immiscer dans cet environnement unique des séries.
Chabot découvrira maintenant ce sentiment dans la perspective d’un joueur. À sa huitième saison à Ottawa, il endossera enfin l’uniforme des Sénateurs pour un premier match en séries. Il aura joué un peu plus de 500 matchs dans la LNH avant de franchir cette étape.
À sa sortie d’un entraînement jeudi matin au Centre Canadian Tire, Chabot a raconté son expérience comme spectateur à New York.
« Je ne me souviens pas du pointage final, mais les Rangers avaient gagné, a-t-il dit. J’y étais avec ma femme pour passer du temps à New York et j’avais aussi une rencontre avec un médecin pour regarder une blessure. Ça tombait bien. Et je voulais voir du hockey. »
Les Rangers l’avaient emporté 4-3 lors du premier match contre les Hurricanes. Assis à son siège, le numéro 72 pouvait imaginer le jour où il se retrouverait enfin en action pour un match des séries avec son équipe, les Sénateurs.
« C’était ma mentalité cet été, d’essayer de vivre l’expérience sans jouer. Le MSG, c’est spécial avec beaucoup d’énergie, avec de bons partisans… C’est comme à Montréal, disons. Je ne pouvais pas aller à Montréal ou à Ottawa. Je voulais juste vivre l’expérience, essayer de le sentir, voir l’énergie. C’est un peu ça que j’essayais d’aller chercher. En même temps, je suis fan de hockey. J’étais avec ma femme, c’est tout. »
Chabot ne s’en cache pas. Il attendait ce moment depuis longtemps.
« On est des compétiteurs, on veut jouer les plus gros matchs, les plus gros moments, a-t-il reconnu. Chaque année, la saison finit tôt, tu retournes à la maison au mois d’avril. Je m’en vais chez moi, j’écoute tous les matchs des séries chaque année, je n’en manque jamais un. Tu t’assois sur le divan, tu fais ton lâche sur le divan, mais tu paierais pour être sur la glace. De savoir qu’on va faire partie de ce premier tour-là, c’est ça qui est le fun. »
À l’instar de Chabot, le capitaine Brady Tkachuk vivra aussi son baptême des séries. Il le fera à sa septième saison avec les Sénateurs. Il a lui aussi plus de 500 rencontres (511) derrière la cravate.
« Ça devait arriver un jour, a dit Tkachuk qui s’absentera pour un sixième match d’affilée vendredi lors de la visite des Canadiens à Ottawa. Il n’y a rien qui n’arrive pour rien. Nous ne serions pas les mêmes joueurs sans les étapes traversées. Nous avons vécu des moments plus sombres avec cette équipe, mais ces moments ont forgé nos caractères. »
« Nous avons changé notre mentalité cette année et nous avons tout fait en notre possible pour gagner nos matchs, a-t-il continué. J’ai trouvé cela difficile d’attendre aussi longtemps, mais c’était la même chose pour Chabby (Chabot). Nous sommes maintenant prêts à nous retrouver sur cette scène des séries. »
Une première étape
Pour Chabot, Tkachuk et les Sénateurs, il s’agit de la fin d’un long calvaire ou du début d’une nouvelle étape. Après sept exclusions d’affilée, les Sens ont confirmé leur participation aux séries mardi soir. Le CH a aidé la cause des Sénateurs en triomphant des Red Wings de Detroit 2-1 pour assurer une place à ses rivaux de la 417.
« Nous étions juste contents, a noté Chabot. C’était notre but depuis le début de la saison, c’est ce que nous voulions accomplir, nous voulions participer aux séries. Nous avons eu notre confirmation après notre match à Columbus (défaite de 5-2). Nous sommes chanceux de jouer au hockey tous les jours et de faire le meilleur emploi sur la Terre, mais au bout du compte, nous sommes tous des compétiteurs, nous voulons tous jouer dans les plus gros moments, les plus gros matchs. Les séries éliminatoires, c’est là que ça se passe. »
Dans les minutes qui ont suivi la qualification de l’équipe, Chabot a revu des images défiler dans sa tête.
« Je pensais à tout ce qu’on a passé à travers, tout le monde ensemble. La majeure partie d’entre nous a commencé à 18, 19, 20 ans, peu importe. On a grandi ensemble. Tu penses aux moments difficiles. Ce qui a bâti la résilience, le caractère de notre groupe. On est fiers d’avoir accompli ça ensemble, c’est ce qui rend le moment plus spécial. C’est plaisant de faire les séries, mais on veut avoir un impact, on ne veut pas être satisfaits de s’être qualifié.
Les Sénateurs (90 points), qui occupent la première carte d’équipe repêchée dans l’Association de l’Est, ont une priorité de trois points sur le CH et un retard de quatre points sur les Panthers de la Floride, qui sont troisièmes dans la section Atlantique.
Il y a donc encore trop de scénarios possibles pour connaître les rivaux du premier tour. Mais ça se jouera entre les Maple Leafs, le Lightning, les Panthers et les Capitals.
Perron : un candidat pour le Bill-Masterton
Auteur de 40 points (sept buts, 33 passes) et d’un dossier de +15 en 77 matchs, Chabot a joué un rôle important dans cette participation des Sénateurs en séries. Aux yeux de Travis Green, le Québécois a probablement joué le meilleur hockey de sa carrière en raison de son jeu sans la rondelle et de son engagement.
Dans un autre coin du vestiaire des Sénateurs en ce jeudi matin à Kanata, David Perron avait aussi le sourire dans le visage.
« Oui, je suis heureux pour Thomas, a dit Perron. Je l’avais vécu d’une façon différente à St. Louis. Je m’étais fait échanger pour une première fois et je faisais face à des critiques. Les gens commencent à te pointer du doigt. Parfois, c’est pour de bonnes raisons et d’autres fois, non. Tu vis ça de différentes façons et tu ressens plusieurs émotions. Tu veux prouver aux gens que tu es un gagnant. Thomas a une très bonne saison. Il est l’une des raisons pour notre participation aux séries cette année. Je suis vraiment fier et heureux pour lui. »