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Evgeny Kuznetsov a paraphé cet été un lucratif contrat. Étant désormais payé 7,8 millions $ par saison, le Russe de 25 ans est le deuxième plus haut salarié de son équipe après Alex Ovechkin. Il est donc un peu normal de voir son rôle changer.
On l'a vu, notamment lors du match de mercredi contre les Devils du New Jersey, mettre
l'épaule à la roue en désavantage numérique
, situation où on ne l'employait pas par le passé. De même, on l'a maintenant associé à Ovechkin à forces égales, alors que Nicklas Backstrom était le centre attitré du capitaine depuis plusieurs années déjà. Enfin, on l'a vu prendre le poste autrefois réservé à Marcus Johansson sur la première vague d'avantage numérique.

Les deux premiers changements sont intéressants, mais il est possible que tout ça ne dure qu'un temps. Les Capitals ont eu de nombreuses pénalités contre les Devils, je doute qu'on soit en train d'ajouter significativement à ses tâches. Et Kuznetsov a joué une quinzaine de matchs en début de saison, l'an dernier, au centre d'Ovechkin. On essaye des choses, mais il n'est pas dit que ça va rester ainsi.
La situation en avantage numérique, par contre, semble définitive et mérite un peu plus notre attention. Johansson est devenu un rouage important du jeu de puissance des Capitals lors de la saison 2013-2014. Il y jouait un rôle précis, que Kuznetsov devra désormais reprendre à son compte.
Le jeu de puissance des Capitals est légendaire, et avec raison. Depuis la saison écourtée de 2013, cette unité articulée autour d'Ovechkin et Backstrom est la plus prolifique de la ligue, ayant profité de 23,9 pour cent de ses occasions,
pour un total de 284 buts marqués
. Si le passage d'Adam Oates derrière le banc des Capitals lors de cette saison n'a pas fait époque, c'est néanmoins lui qui a réorganisé le jeu de puissance autour d'un plan tactique que de nombreuses équipes utilisent encore aujourd'hui à travers la ligue, le fameux 1-3-1, construit de manière à maximiser deux choses : les talents de passeur de Backstrom et le tir sur réception d'Ovechkin.
Le génie du 1-3-1 est, à mon sens, de ne pas « gaspiller » de joueur devant le filet, ouvrant ainsi de plus nombreuses options de passes pour embouteiller l'adversaire. La disposition des Capitals, classique, comprend deux gauchers (les fabricants de jeux) et trois droitiers (les tireurs).
Les deux gauchers sont dans le coin droit de la patinoire. Plus précisément : un joueur se trouve contre le mur droit, vis-à-vis du point de mise en jeu, l'autre dans le coin droit, sous la ligne des buts. À Washington, Backstrom orchestre le tout du mur droit, alors que Johansson l'assistait du coin droit.
Les trois droitiers sont disposés en triangle : un joueur en plein milieu de l'enclave, un à la pointe, et le troisième sur le point de mise en jeu de gauche. Ces rôles, l'an dernier, étaient respectivement joués par T.J. Oshie, John Carlson et Alex Ovechkin. La carte des tirs obtenus par
Oshie
,
Carlson
et
Ovechkin
est parfaitement éloquente, on voit la séparation des rôles.
Kuznetsov va donc devoir prendre le rôle de distributeur secondaire. Sa tâche est, dans ce plan, d'enlever de la pression à Backstrom en lui offrant une option de passe rapide, de repérer Oshie et Ovechkin à l'occasion et de se précipiter devant le filet lorsqu'un tir arrive pour nuire au gardien.
Mais il y a plus. Marcus Johansson est un spécialiste d'une tâche bien précise, transporter la rondelle en zone adverse lorsque l'avantage numérique cafouille. À voir le match de mercredi, il accomplit encore cette tâche au New Jersey. À Washington, de toute évidence, on compte sur Kuznetsov.
Or, si on se fie aux données cueillies l'an dernier par le blogueur Corey Szjnader, Kuznetsov est celui qui a le plus souvent transporté la rondelle en zone adverse parmi les attaquants de son équipe. On n'a donc pas effectué cette promotion au hasard.
Reste que l'adaptation va être intéressante à surveiller. Sur la deuxième vague, le numéro 92 jouait le rôle de Backstrom. Il devra désormais apprendre à déférer certaines responsabilités, la paire Ovechkin-Backstrom demeurant, encore et toujours, la colonne vertébrale de cet excellent avantage numérique.