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Martin Biron a connu une carrière de 15 saisons dans la LNH et il a signé 230 victoires en 508 matchs, connaissant notamment deux saisons de 30 gains et plus. Il a également atteint la finale de l'Association de l'Est avec les Flyers de Philadelphie en 2008. Le gardien natif de Lac-St-Charles a été sélectionné au 16e rang au total du repêchage 1995 par les Sabres de Buffalo. Il a évolué avec les Sabres, les Flyers, les Islanders de New York et les Rangers de New York. Martin a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com chaque semaine afin de discuter de l'univers des gardiens et d'analyser l'actualité de la LNH.
Avec les succès que connaissent Brayden Point et Nikita Kucherov en avantage numérique depuis le début de la saison, il semble que les équipes qui affrontent le Lightning de Tampa Bay ont un peu oublié à quel point Steven Stamkos pouvait représenter une menace avec l'avantage d'un homme.
Un tel oubli ouvre les portes peu à peu et le capitaine du Lightning leur a fait payer récemment. Il a attiré mon attention en marquant trois buts pratiquement identiques contre les Sabres de Buffalo à partir du bureau habituellement réservé à Alex Ovechkin.

Je me souviens qu'à l'époque où j'affrontais Stamkos, Alexander Ovechkin ou même Ilya Kovalchuk, on confiait souvent la responsabilité du tir sur réception au gardien. Les joueurs s'occupaient de couper les lignes de passes, de bloquer les tirs de la pointe et de réduire les chances de l'enclave tandis que le gardien devait anticiper le tir sur réception pour avoir de meilleures chances de le bloquer.
Sur des tirs aussi puissants que ceux de Stamkos et d'Ovechkin, la seule chance du gardien est de sortir de son filet et d'être bien positionné pour que la rondelle le frappe. Il est très difficile de réagir sur un lancer de la sorte. Un lancer parfait d'un de ces deux joueurs va probablement battre tous les gardiens, mais c'est quand même difficile de le réussir à la perfection de cette position-là. S'il n'est moindrement pas à point et que le gardien est bien positionné, il aura la chance de faire l'arrêt.
Si on prend l'exemple du but de Stamkos contre Carter Hutton, ce dernier fait face au lancer, mais il est très profond dans son filet et n'a aucune chance de réagir.

Même chose dans le cas d'Henrik Lundqvist. C'est un gardien qui joue toujours profondément et qui mise sur ses réflexes et son temps de réaction, mais avec un lancer aussi rapide du côté éloigné, c'est très difficile de faire l'arrêt.

Sur le deuxième but contre Lundqvist, il a essayé de sortir un peu plus de son filet, mais cette fois, Stamkos a été incroyable pour aller chercher la rondelle dans ses patins et décocher un bon lancer en tombant. À la défense de Lundqvist, c'était un tir qui était difficile à lire parce qu'il papillonnait un peu.

Même si le gardien s'attend à ce tir, il est difficile pour lui de se mettre à tricher pour l'anticiper. S'il sort trop et que le tireur le décèle avant de prendre son tir, il peut prendre la décision de renvoyer le disque à la pointe ou dans l'enclave et faire en sorte que le gardien se retrouve hors position.
Et détrompez-vous, le fait de coller un joueur sur Ovechkin ou Stamkos ne réglera aucun problème. À toutes les fois que nous avons essayé de faire ça, un joueur comme Ovechkin s'éloigne du jeu et attire son couvreur à l'extérieur du carré défensif.
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Ça donne alors un 4-contre-3 au reste de son équipe dans une zone beaucoup plus rapprochée du but. Ces gars-là ne sont pas des fous! Mario Lemieux faisait la même chose dans les années 80. Les meilleurs joueurs au monde savent comment se servir d'une situation pour en faire profiter leur équipe.
Toutes les équipes ont tenté de contrer ce jeu à maintes reprises. Quand nous jouions contre Ovechkin, nous avions des rencontres la veille et le jour du match pour nous assurer que tout le monde comprenne bien ses responsabilités sur le désavantage numérique.
Des fois, nous mettions un joueur sur lui pour contrer son lancer sur réception. D'autres fois, nous mettions beaucoup de pression sur le porteur de la rondelle pour tenter de créer des revirements. C'est comme si nous essayions tellement de changer notre manière de faire que ça empirait les choses.
Ce n'était simplement pas naturel.
Le rôle d'Hedman
Un point important quand on parle de l'efficacité de Stamkos en avantage numérique, c'est l'apport du défenseur Victor Hedman. Depuis qu'il est revenu de sa blessure, on voit vraiment ses qualités de passeur. L'angle avec lequel il peut passer la rondelle fait toute la différence.
Hedman est un gaucher et Stamkos est un droitier. Ça ouvre donc la ligne de passe vers la gauche - du point de vue d'Hedman - parce qu'il est très difficile pour le joueur adverse de venir couper cette ligne qui se retrouve très éloignée. Ça en fait une combinaison gagnante.

Et avec tout le talent que le Lightning peut déployer, ça cause bien des maux de tête aux équipes adverses. Point est une option très dangereuse dans l'enclave si Kucherov est en mesure de le repérer.
Les équipes vont peut-être s'ajuster en se rendant compte que Stamkos se met à produire, mais ça va ouvrir la porte pour les autres options. C'est ce que la majorité des équipes tentent de faire, mais elles n'ont pas toujours le talent et la profondeur pour y parvenir.
Le Lightning s'en sert à merveille.
Une petite révision s'impose
Deux jeux survenus en début de semaine m'ont rappelé à quel point certains joueurs auraient besoin d'une petite révision du livre de règlements de la LNH.
D'abord, les joueurs des Blues de St. Louis ont célébré et ne semblaient pas comprendre pourquoi le but « marqué » par l'arbitre Tim Peel n'avait pas été accordé. Même si la rondelle a frappé Roberto Luongo avant de rentrer dans le filet, le règlement est clair.

FLA@STL: Bortuzzo touche l'arbitre, le but est refusé

Toutefois, si la rondelle avait frappé l'arbitre, s'était retrouvée dans l'enclave et avait permis à un joueur des Blues de marquer, le but aurait été accordé. L'arbitre fait partie du jeu sauf si le but est un résultat direct d'une déviation de ce dernier.
Dans une tout autre situation, le défenseur recrue des Sabres Lawrence Pilut s'est fait prendre par un jeu que l'on voit pourtant assez souvent. La rondelle avait été touchée au vol par un joueur des Kings de Los Angeles et aucune des deux équipes ne voulait toucher au disque.
L'arbitre semblait dire à Pilut de jouer la rondelle et il l'a finalement fait… Les Kings ont intercepté sa passe précipitée à la ligne bleue et ont porté la marque à 3-1 une dizaine de secondes plus tard. Si personne n'avait touché à la rondelle, l'arbitre aurait sifflé et le jeu aurait repris avec une mise au jeu.

Les Kings profitent d’un revirement de Lawrence Pilut

Ce sont des petites nuances que les joueurs ne connaissent souvent pas. Maintenant que l'erreur a été faite, parions que tous les joueurs dans l'organisation des Sabres seront au courant.
Une autre équipe pour Johnson
En terminant, un petit mot sur Chad Johnson qui a été réclamé par les Ducks d'Anaheim après avoir été soumis au ballottage par les Blues. Ce sera pour lui une quatrième équipe en trois saisons. Il avait bien fait avec les Flames de Calgary et les Sabres dans les dernières années et c'est pour cette raison que les Blues lui avaient octroyé un contrat.
Il devait être une police d'assurance à Jake Allen, mais avec les insuccès à St. Louis, ç'a été difficile pour lui. Je pense qu'il va connaître plus de succès avec les Ducks, qui n'ont pas les mêmes ennuis que les Blues.
Il retrouvera aussi son ancien entraîneur des gardiens avec les Islanders de New York et ça va possiblement l'aider au sein de sa huitième formation dans la LNH.
\Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*