SUNRISE, Floride – Les Oilers d’Edmonton avaient à tout prix besoin que l’alarme sonne. Et vite.
Ils tiraient de l’arrière 3-0 après les 20 premières minutes de ce quatrième match face aux Panthers de la Floride. Ils venaient d’être complètement dominés dans toutes les facettes du jeu, et on les voyait déjà rentrer à Edmonton avec la difficile tâche de combler un retard de 1-3 dans la finale de la Coupe Stanley.
« Nous avions le dos acculé au mur à ce moment, a reconnu Ryan Nugent-Hopkins. Corey Perry s’est adressé à nous au premier entracte, et ç’a été le signal d’alarme pour nous. »
Vingt minutes plus tard, c’était l’égalité 3-3. Et après une troisième période au cours de laquelle ils ont pris l’avance pour finalement l’échapper avec 19,5 secondes à écouler au cadran, Leon Draisaitl, encore lui, a offert aux siens une spectaculaire victoire de 5-4 en prolongation. C’est tout un changement de plan.
Les Oilers rentrent à Edmonton avec le vent dans les voiles, une égalité de 2-2 dans la finale et la possibilité de reprendre les devants devant leurs partisans, qui ont probablement vécu autant d’émotions qu’eux, jeudi.
Tout ça, en grande partie grâce aux sages paroles de Perry. Et aussi, bien sûr, au quatrième but en prolongation de Draisaitl, ce printemps – un record pendant un parcours éliminatoire.
« On voulait sortir en force ce soir, a assuré Draisaitl. Ils nous ont forcés à jouer sur les talons rapidement, et on flânait avec la rondelle. Ce n’était pas le moment de faire ça, surtout après avoir été corrigés 6-1 dans le troisième match. Corey a pris la parole et quand il parle, tu l’écoutes. »
On a bien essayé de savoir exactement ce que le vétéran attaquant avait dit à ses coéquipiers, mais ils ont tous préféré garder ça à l’intérieur du vestiaire. Était-ce à la hauteur du cri du cœur de Connor McDavid l’an dernier? On ne le saura pas. On sait toutefois qu’il a touché une corde sensible.
Parce que quand les Oilers sont revenus du vestiaire, ils n’étaient plus les mêmes proies vulnérables.
Le changement de gardien de Stuart Skinner à Calvin Pickard a fouetté les troupes et changé la donne à quelques occasions – nous y reviendrons – mais on retiendra que les agresseurs ont changé de camp.
« Nous avions besoin de changer les choses, a commenté l’entraîneur Kris Knoblauch. Je savais que nous pouvions revenir de l’arrière. Ce n’est pas facile, mais je sais que c’est un groupe fort que nous avons. On peut le faire. On a travaillé fort, on a gagné plus de batailles et on a joué de façon plus intelligente.
« On a gagné en confiance et on a cru qu’on pouvait y arriver. Avec la façon dont s’est conclu le troisième match, et après cette première période, beaucoup d’équipes n’auraient pas trouvé le moyen de s’en remettre. »
Ce ne sont pas toutes les équipes qui comptent sur un vétéran de la trempe de Perry, non plus. Il en est à une sixième participation à la finale, il a une bague de la Coupe Stanley à son actif et a joué plus de matchs éliminatoires que n’importe quelle équipe de la LNH au XXIe siècle – celui de jeudi était son 235e.
« Son message tournait autour du fait qu’il a déjà été dans ces moments, a expliqué Draisaitl. Il n’est pas un gars qui prend la parole et qui crie tout le temps. Ce n’est pas son tempérament. Quand un gars avec autant d’expérience, qui sait comment gagner, prend la parole, ça capte ton attention. Il est tout un leader. »
Ce discours a eu un effet durable sur le reste de l’équipe. Même après avoir échappé la victoire à 19,5 secondes de la fin de la rencontre, les Oilers ont gardé le cap, presque inébranlables. Puis, Draisaitl les a délivrés à 11:18 de la prolongation – une troisième en quatre matchs dans cette finale.
« Leon est l’un des leaders de cette équipe, l’un des meilleurs joueurs au monde pour une raison, a commenté le défenseur Darnell Nurse. Il ne fait pas que parler, il passe de la parole aux actes. Quand il arrive dans ces moments tendus, il a la capacité de rester calme, et il est récompensé pour son travail. »
Un tournant
Knoblauch n’avait pas grand-chose à perdre en retirant Skinner, qui avait cédé trois fois sur 17 lancers, pour envoyer Pickard devant le filet au début de la deuxième période. Le gardien était loin d’être la raison principale des déboires des Oilers, mais le pilote était à la recherche d’une étincelle.
Son gardien réserviste la lui a fournie. L’arrêt qu’il a réussi face à Anton Lundell sur une échappée alors que les Oilers venaient de réduire l’écart à 3-1 a véritablement changé le cours de la rencontre.
« C’est incroyable d’être capable d’entrer dans un match de cette façon, et de réaliser d’énormes arrêts comme ceux-là, a observé Nugent-Hopkins. Il a fait de gros arrêts dans les grands moments. Je peux imaginer à quel point c’est difficile de jouer ce rôle, mais il a fait son travail à merveille.
Pickard, qui était aussi venu en relève à Skinner dans le troisième match, a également sauvé la rencontre en frustrant Sam Bennett en prolongation. Il a touché le tir sur réception de l’attaquant des Panthers avec la mitaine pour le faire dévier sur la barre transversale.
« J’ai fait une assez bonne lecture sur le jeu, et quand j’ai regardé dans ma mitaine, la rondelle n’y était pas, a rigolé celui qui a repoussé 22 rondelles. J’ai entendu la foule crier et célébrer. J’ai eu peur à ce moment, mais nous avons obtenu un bond chanceux. »
Cinq minutes plus tard, la tentative de passe de Leon Draisaitl déviait sur le défenseur Niko Mikkola et filait derrière Sergei Bobrovsky. Un autre bond chanceux, à la faveur des Oilers celui-là. En voyant cette victoire s’ajouter à son dossier, Pickard a maintenant une fiche de 7-0 dans ces séries.
« Calvin a touché la rondelle juste assez pour empêcher la rondelle de rentrer sur le tir de Bennett, a souligné Knoblauch, C’était bien de le voir faire les arrêts quand nous en avions le plus besoin. »