Henri_Richard

FORT LAUDERDALE - Les voix de l'entraîneur-chef Claude Julien et de l'entraîneur associé Kirk Muller se sont jointes à celles de tout le monde du hockey pour rendre hommage à Henri Richard, qui s'est éteint vendredi à l'âge de 84 ans au terme d'une longue bataille avec la maladie d'Alzheimer.

Autant pour Julien que pour Muller, la disparition de ce membre du Temple de la renommée revêtait un aspect particulièrement personnel.
Ayant croisé celui que l'on surnommait le « Pocket Rocket » au fil de leurs séjours respectifs au sein de l'organisation, ils étaient attristés par le décès de cette autre légende des Canadiens.
Au cours d'un point de presse dans le sud de la Floride, Julien a rappelé combien Richard était une personne particulièrement populaire dans la maison familiale où il a grandi.
Pour son père Marcel, le numéro 16 du Tricolore était de loin un joueur favori, surtout en raison de son acharnement au jeu.
« Simplement par sa façon de jouer, il n'était pas très grand, mais il n'avait peur de rien et il était très agressif. Peu importe l'endroit sur la patinoire, il ne ralentissait devant rien ni personne. Il savait se défendre et il était un peu hargneux, mais il était aussi un très bon joueur. Il pouvait marquer des buts. Il était un athlète complet. Beaucoup de gens aujourd'hui apprécient le style de Brendan Gallagher, le genre de petit athlète qui se présente sur la patinoire et qui joue comme un gros bonhomme. C'est exactement ce que faisait Henri Richard, explique Julien. Il jouait comme un gros bonhomme et c'est facile d'aimer un gars comme ça. Je l'aimais beaucoup. Quand je venais à Montréal et que je ramenais des souvenirs d'Henri Richard à mon père, ça lui faisait très plaisir. »

Claude Julien partage ses souvenirs d'Henri Richard

Le vétéran entraîneur appréciait non seulement Richard comme joueur, mais il admirait réellement l'homme aussi.
La grâce et l'élégance de l'ancien capitaine du Tricolore à l'écart de la patinoire sont des qualités qui ont immédiatement attiré son attention.
« Quand je l'ai rencontré, il avait un grand sourire. Tu pouvais voir qu'il était vraiment une personne très gentille. C'est ce qui fait de grands joueurs, non? Ils sautent sur la glace et ils deviennent une personne complètement différente. Ils sont concentrés sur ce qu'ils ont à faire, ils jouent avec ardeur, mais à l'extérieur de la patinoire, c'était un tout un monsieur. Chaque fois qu'on le voyait, il semblait vraiment facile d'approche, puis il discutait avec nous, raconte Julien. Mon père l'a déjà croisé dans un ascenseur, mais il était trop gêné pour même le saluer. C'est le plus près qu'il a pu se trouver d'Henri, mais je suis certain que s'il lui avait parlé ce jour-là, il aurait été plus qu'heureux de lui serrer la main. C'est certainement quelque chose qu'il regrette aujourd'hui, mais peu importe, nous venons de perdre un géant de la trempe d'un Jean Béliveau. »
Julien est toujours renversé quand on parle des 11 titres de la Coupe Stanley remportés par Richard en 20 ans de carrière dans la LNH avec l'équipe de sa ville natale.
Sachant très bien combien il est difficile de remporter le prix le plus convoité du hockey professionnel, il ne voit pas comment ce record sera abaissé un jour.
« Il faudra encore beaucoup de temps avant qu'une personne n'ait pas assez de doigts pour mettre toutes ses bagues de champion. C'était pourtant le cas pour Henri. C'est incroyable, affirme Julien. Onze bagues de la Coupe Stanley comme joueur. Je ne sais pas si ce record sera un jour battu. C'est le type d'équipe qu'ils avaient à l'époque et il était leur capitaine parce qu'il était un grand leader. »

Les 100 plus grands de la LNH : Henri Richard

À l'instar de Julien, Muller ne s'est pas fait prier pour louanger le parcours remarquable et l'esprit compétitif de Richard.
« Comme ancien capitaine, je crois que la chose la plus importante était ce qu'il représentait et ses 11 titres de la Coupe Stanley dont tout le monde parle. Plus importante encore pour moi est la façon dont il y est parvenu. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de le voir jouer quand j'étais plus jeune, mais on m'a raconté les histoires. Il n'en demeure pas moins qu'il a réalisé tout cela. Il n'était pas un gros gaillard, mais quand tu lui serrais la main, tu savais sans te tromper combien il pouvait être fait fort. Il était farouche, un véritable compétiteur, le genre de chose que tu ne peux pas enseigner, explique Muller. Quand tu réunis le talent et cette attitude de compétiteur farouche, c'est généralement une assez bonne formule pour connaître du succès. Il a remporté ces 11 Coupes. C'est un tout un fait d'armes dont personne d'autre ne peut se vanter. »
Muller croit avoir grandi comme joueur et comme leader en observant comment Richard était de nature une personne très humble.
Il a aussi apprécié de tout cœur le soutien qu'il a ressenti de la part de Richard et des autres anciens quand il évoluait encore sur la patinoire pour les Canadiens.
« Quand vous êtes joueur et que vous portez le 'C' du capitaine, ces gars-là ne parlaient jamais d'eux-mêmes ou de leurs 11 championnats de la Coupe Stanley. Tout ce qu'ils faisaient réellement, c'était d'être présents à la patinoire et aux matchs et tout était à propos des joueurs actuels des Canadiens de Montréal. Ils étaient là, derrière toi, rappelle Muller. Ils voulaient voir cette organisation continuer de gagner. Quand tu viens ici, la puissance de voir un gars qui peut venir de dire 'Cela n'a rien à voir avec moi ou avec mes coéquipiers, mais tout est à propos de vouloir vous voir gagner.' C'est là que j'ai vraiment découvert le véritable sentiment de faire partie de la famille des Canadiens de Montréal. Il y a beaucoup de fierté là-dedans. Je dis toujours aux gens que cela a beaucoup à voir avec des gars comme lui. »

Kirk Muller sur ses interactions avec Henri Richard

Muller a aussi partagé une drôle d'anecdote à propos de l'ancien lauréat du trophée Bill Masterton.
« Je me souviens il y a quelques années, nous nous étions rendus à Buffalo. C'était le 40e anniversaire de l'organisation. Il a fait le voyage avec nous et il s'est approché de moi. Il m'a tapé sur l'épaule et m'a demandé si on avait de la bière, puis il m'a dit : 'Ma femme me préparait toujours un petit sac brun avec mon sandwich et ma pomme et glissait parfois quelques bières avec ça', raconte Muller en riant. Les temps ont bien changé. »
Oui, les temps ont changé, mais l'héritage de Richard durera sans doute pour toujours.