«Quand je suis arrivé dans le junior, mon père m'a dit de ne pas en parler, mais moi, j'étais comme "c'est moi!", je ne me considère pas comme si j'avais un handicap comparativement à un autre, parce que j'ai toujours été comme ça.»
Mais il a gardé le secret.
«En arrivant chez les professionnels, je me souviens du début du camp des Blues - il y a eu la même chose à Montréal -, quand on devait lire les lettres au loin un par un pendant que les autres joueurs attendaient en ligne à côté, les joueurs étaient surpris de voir que je ne voyais rien dès que je couvrais mon œil gauche, même si ce n'était que la deuxième ligne, par exemple. Ils se disaient : "Câline, voyons donc! Les lettres sont grosses!" Sinon, ça ne m'affecte pas», a raconté Veilleux, sourire en coin.
Selon lui, son jeu ne s'en ressent pas. La seule différence, c'est peut-être quand il se bat, car oui, cet aspect fait partie de son jeu - et ça ne fait pas vraiment plaisir à sa mère, il faut l'admettre. Alors quand il échange des coups, il protège davantage son œil droit.
«Les seules fois que j'ai reçu des coups près de l'œil gauche, je me disais : "Je ne vois pas de ce côté-là anyways!"» a-t-il lancé en riant.
Malgré tout, il démontre une grande prudence.
«C'est pour ça que je porte des visières un peu plus épaisses parce qu'un coup de bâton au visage ne finirait pas juste ma carrière, mais changerait ma vie, que ce soit pour conduire, aller travailler, n'importe quoi. Alors c'est sûr que c'est une chose à laquelle je dois faire attention, mais je n'y pense pas toujours», a dit Veilleux, qui aurait aimé être policier, n'eût été sa vision.
Veilleux a aussi appris à compenser son manque de vision. Mais tout ça est tellement naturel qu'il ne pourrait même pas dire si son comportement est différent sur la glace, s'il se tourne davantage pour mieux voir, par exemple.
«C'est comme un aveugle qui, dans le fond, développe d'autres sens. Mais moi, c'est peut-être la même chose puisque surtout étant jeune, je voyais vraiment moins. C'est peut-être quelque chose que j'ai développé sans m'en rendre compte. Mais au hockey, on se parle beaucoup sur la patinoire. Tu apprends à reconnaître les voix et à faire confiance à tes coéquipiers», a conclu Veilleux.