Jonathan Drouin

MONTRÉAL - Ce fut une transaction d'envergure et un retour à la maison attendu pour une jeune vedette locale. Mais au hockey, comme dans la vie, les choses ne vont pas toujours comme vous le souhaitez.

Après son arrivée très médiatisée dans le giron des Canadiens, Jonathan Drouin a eu un impact immédiat sur son nouveau club en marquant le but gagnant en tirs de barrage lors du tout premier match des Canadiens à Buffalo. La saison s'annonçait prometteuse.

Mais on connaît la suite : Drouin et ses coéquipiers ont connu des difficultés en octobre, n'ont pu se relever et ont été exclus des séries éliminatoires. Et bien qu'il ait amassé neuf points lors de ce premier mois, Drouin tentait surtout de s'adapter à son nouveau rôle de joueur de centre - position qu'il n'avait pas occupée depuis ses les rangs juniors - et de créer une chimie avec le capitaine Max Pacioretty, qui n'a pas donné les résultats espérés.
«Des fois ça fonctionne, des fois ça ne fonctionne pas. Ça peut fonctionner l'année prochaine. Ça clique avec certains joueurs, ça ne clique pas avec d'autres, et des fois ça va cliquer en janvier, puis ça ne cliquera plus en février, a résumé Drouin à propos de son expérience avec Pacioretty, avec qui il a été jumelé pendant plus ou moins les 20 premiers matchs de la saison avant que Claude Julien ne les sépare.
«Je pense que c'est comme ça avec tout le monde. Jusqu'à ce que tu trouves vraiment un gars qui reste tout le temps avec toi.»
Drouin a peut-être connu des difficultés en apprenant les rouages de la position de centre dans la LNH, mais l'ancien joueur de l'année dans la LCH a toujours considéré le fait d'apprendre à jouer au milieu comme une occasion d'ajouter une corde de plus à son arc.

Et si ç'a été plus ardu au départ, le Québécois a montré des signes encourageants lors des dernières semaines de la saison. Après avoir remporté 40,4% de ses mises au jeu au cours de ses 58 premiers matchs, le taux de réussite de Drouin a atteint 48,1% à ses 19 derniers. Il a également augmenté sa production durant cette même période, amassant 14 points - une moyenne de 2,42 points par 60 minutes de temps de glace, contre 1,91, sa moyenne jusqu'au 1er mars.
«À la fin d'année, je me sentais un peu plus à l'aise dans le cercle des mises au jeu. Je suis content d'avoir ça dans mon répertoire, a affirmé Drouin, qui a terminé la saison avec 46 points (13B-33A) en 77 matchs, le deuxième meilleur total de sa jeune carrière.
«Ce n'est pas moi qui va décider si je serai utilisé à l'aile ou au centre en septembre, mais je suis content d'avoir les deux options.»
L'augmentation des statistiques personnelles de Drouin en tant que joueur de centre n'est pas la seule raison d'être optimiste à l'approche de la saison 2018-2019. L'association entre l'attaquant de 23 ans et Pacioretty n'a peut-être pas fonctionné en 2017-18, mais un examen plus approfondi des chiffres suggère que Drouin a eu une influence positive sur les deux meilleurs buteurs de l'équipe, Brendan Gallagher et Paul Byron, surtout en fin de saison.
Le Corsi et le Fenwick sont deux statistiques qui mesurent les tentatives de tirs (Corsi compte les buts, les tirs au but, les tirs ratés et les tirs bloqués, tandis que Fenwick inclut tous les tirs sauf les tirs bloqués). Lorsqu'ils sont exprimés en pourcentage (CF% = Corsi For, FF% = Fenwick For), ils mesurent toutes les tentatives de tir dans un match, avec pour prémisse qu'une équipe ayant un Corsi ou un Fenwick supérieur contrôle probablement plus le jeu et génère plus d'attaque que son adversaire.
Statistiques : naturalstattrick.com
En utilisant les données des tableaux ci-dessus (gracieuseté de naturalstattrick.com), on peut considérer que Drouin a eu un impact positif sur Gallagher et Byron parce que le nombre de tirs de l'équipe à 5 contre 5 a été significativement plus élevé quand il était sur la glace avec eux. Ç'a été encore plus vrai lors de la dernière séquence de 19 matchs, du 1er mars au 8 avril, alors que contrairement au début de la saison, l'impact individuel de Drouin sur le Corsi et le Fenwick de l'équipe a été plus grand que ceux de Byron ou Gallagher.
Gardant à l'esprit que Gallagher a marqué 10 de ses 31 buts au cours des 19 derniers matchs de la saison et que Byron a récolté neuf de ses 35 points dans la même période - et que Drouin a récolté trois premières passes et deux deuxièmes passes sur ces 10 buts de Gallagher - on peut supposer que la paire a profité de la présence de Drouin, ce qui a largement été le cas lors du dernier quart de la campagne 2017-18.

Quoi qu'il arrive en septembre, Drouin peut se réconforter dans ces chiffres qui montrent qu'il devrait faire partie intégrante de l'effort de redressement de l'équipe. Vedette locale, Drouin a peut-être ressenti plus que sa part de la pression qui accompagne le fait de jouer à Montréal. Mais il affirme qu'il ne le ferait pas autrement.
«J'ai eu du plaisir avec tout ça, j'étais toujours content de venir à l'aréna, a-t-il mentionné à propos de sa première saison dans l'uniforme bleu-blanc-rouge.
«Je me trouve très chanceux de jouer au Centre Bell, je suis un Québécois, c'est tout un honneur.»
«Ç'a été une année d'apprentissage, c'était ma première année à Montréal, je jouais au centre. Je devrai être plus constant l'an prochain. J'ai appris plusieurs choses et je suis prêt pour l'année prochaine», a-t-il conclu.