Steve-Ott

BROSSARD - Steve Ott n'a peut-être disputé que 42 matchs avec les Red Wings de Detroit avant d'être échangé aux Canadiens au début du mois, mais il a eu le temps de se faire un tas d'amis.

Amis qui seront, l'instant d'un match mardi soir, des ennemis.
«J'ai créé beaucoup de belles amitiés là-bas. On peut être encore amis après le match et plus tard dans nos vies, mais quand la rondelle sera en jeu, tous s'attendent à ce que je sois moi-même, à ce que je joue dur», a-t-il dit à quelques heures de l'affrontement face à ses anciens coéquipiers au Centre Bell.
Et comment c'est de jouer contre des amis?
«C'est parfois un peu comme de jouer contre son frère, tu veux gagner. Tu veux que ce soit extrêmement difficile de jouer contre toi et je pense que c'est ce qu'ils pensent voir de ma part», a précisé le vétéran de 34 ans.
Il est tout à fait normal qu'un gars comme Ott ait réussi à s'intégrer aussi bien dans les vestiaires partout où il est passé. C'est le genre de joueur qu'on aime détester quand on est partisan de l'équipe adverse, qu'on déteste tout court quand on est un joueur de l'autre équipe, mais qu'on adore quand on porte le même uniforme.

Andrew Shaw, qui aime bien déranger lui aussi, est content de ne plus avoir à répliquer aux paroles du numéro 92.
«Otter a toujours été amusant. Maintenant, il est de mon côté, alors il l'est encore plus, je crois. Je peux entendre quelques trucs qu'il dit du banc ou le voir chercher les autres gars en les confrontant. Normalement, c'est moi l'autre gars, alors c'est bien d'être de l'autre côté», a admis l'ancien des Blackhawks de Chicago.
L'entraîneur-chef Claude Julien a bien ri en mentionnant qu'il «entendait parfois très bien ce que Ott disait sur la glace».
«Avec un [Brad] Marchand et un Ott, disons qu'il y avait de bonnes discussions! a lancé Julien lors de son point de presse, en parlant de son ancienne peste chez les Bruins de Boston.
«Steve a un bon sens de l'humour. Ce n'est jamais personnel et la plupart du temps, il agace des gars qu'il connaît déjà très bien. Ça fait partie de son jeu, de son identité. Il a des bonnes répliques», a ajouté le pilote.
Ce qu'il apprécie particulièrement de son attaquant, c'est surtout que c'est une peste… qui sait bien se contrôler.
«Il sait comment gérer ça. Ce n'est pas un gars qui va y aller de propos qui ne sont pas nécessaires. Ça reste de bonne foi. Il fait rire ses coéquipiers, mais il peut déranger l'adversaire», a précisé Julien.

Déçu pour les Wings
Par ailleurs, Ott a avoué qu'il trouvait la situation désolante chez les Red Wings, qui devraient rater les séries pour la première fois en 26 ans cette saison. Avec 25 apparitions d'affilée dans la grande danse du printemps, les Wings avaient la plus longue séquence active du sport professionnel. Les Bruins sont donc assurés de conserver leur record de 29 participations consécutives aux séries éliminatoires pour encore plusieurs, plusieurs années, puisque ce seront désormais les Penguins de Pittsburgh qui auront la plus longue séquence active dans la LNH. Ils en seront à une 11e présence d'affilée dans quelques semaines.
«C'est très décevant. Je sais que les joueurs prennent ça très difficilement là-bas. C'est comme s'ils sentaient qu'ils ont laissé tomber la ville, le chandail ou les joueurs qui y ont joué avant eux. Ils en prennent une grande responsabilité, a-t-il dit.
«Il y a une fierté dans ce vestiaire avec des grands leaders comme [Niklas] Kronwall, [Henrik] Zetterberg et [Justin] Abdelkader. Et il y a les joueurs qui sont là depuis tellement longtemps, comme Darren Helm et Jimmy Howard. Quand tu comptes sur des joueurs comme ça, tu tires une grande fierté de cette séquence et c'est extrêmement décevant. Je sais qu'ils trouvent la situation très difficile», a poursuivi Ott, qui a inscrit sept points (3B, 4A) en 48 matchs depuis le début de la saison.
Natif de Summerside (l'Île-du-Prince-Édouard), mais ayant grandi à Windsor (Ontario), à seulement quelques pas de Detroit, Ott était un partisan des Wings lorsqu'il était enfant. Jouer au Joe Louis Arena aura donc été une partie importante de sa carrière.
«Ça voulait dire beaucoup pour moi de pouvoir jouer devant mes amis et ma famille chaque soir. Comme j'ai beaucoup d'amis là-bas, sur et à l'extérieur de la patinoire, je leur souhaite ce qu'il y a de mieux pour la ville. Je sais qu'ils seront excités de voir le nouvel aréna et de dire adieu au Joe», a mentionné le joueur de centre.
La ville de Detroit a eu mauvaise presse avec tous les déboires économiques des dernières années, mais Ott a adoré son temps passé là-bas.
«La revitalisation du centre-ville avance bien. Je le vois puisque j'y retourne durant l'été. Ça s'améliore d'année en année. Les étés y sont magnifiques, alors la ville a mauvaise réputation, mais c'est un bel endroit où jouer et c'est une belle ville», a conclu Ott.