« C’étaient les années de Ken Dryden et de Michel Laroque (devant le filet), les années de plusieurs monuments à Montréal. Ken a pris sa retraite, et des portes se sont ouvertes, a dit Sévigny. La première fois que je me suis retrouvé dans le vestiaire des Canadiens, j’étais assis entre Ken Dryden et Guy Lafleur. C’est plutôt impressionnant quand tu as vu ces vedettes-là à la télévision.
« Je me demandais ce que je faisais là, mais c’est comme ça que ç’a commencé. »
À sa première saison complète à Montréal, en 1980-81, Sévigny a remporté le trophée Vézina en compagnie de ses acolytes Michel Laroque et Herron. À cette époque, le Vézina était remis aux gardiens de l’équipe ayant accordé le moins de buts en saison régulière.
Il passera au total huit saisons dans la LNH, cinq avec les Canadiens et trois avec les Nordiques, conservant un dossier de 80-54 et 20 verdicts nuls en 176 matchs. Il a également pris part à quatre rencontres des séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
Sévigny ne s’enfle jamais la tête avec le fait d’avoir joué dans la Ligue nationale. Homme de nature modeste, il se dit tout simplement chanceux.
« Quand je reparle de ça, je dis toujours aux gens que j’ai été extrêmement chanceux, car je ne pourrais pas refaire ma vie de la même façon, a-t-il soulevé. Je ne pourrais pas revivre ce que j’ai vécu. Aujourd’hui, ce sont de vrais athlètes. Les gardiens modernes font tous un pied de plus que moi.
« J’ai eu la plus belle vie, je suis très chanceux. Le hockey m’a apporté beaucoup. »
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La fascination pour son sport ne l’ayant jamais quitté, Sévigny est demeuré très près du monde du hockey une fois sa carrière de joueur terminée. Il a travaillé pendant 20 ans dans le milieu scolaire – quatre ans au Collège de Montréal et 16 ans au Collège l’Assomption – en s’impliquant dans divers programmes de hockey.
Aujourd’hui âgé de 68 ans, Sévigny, qui habite maintenant sur le bord du fleuve Saint-Laurent à Sorel, enfile encore les jambières de temps à autre.
« Je joue encore avec les anciens (Canadiens), mais je suis sur le point d’accrocher mes patins. Si ce n’est pas moi qui le fais, c’est quelqu’un d’autre qui va me dire de le faire!
« J’arbitre beaucoup dans la région de Sorel, a-t-il poursuivi. Je suis très impliqué dans l’arbitrage en Montérégie, je suis sur la glace pratiquement six jours sur sept. C’est important de rester occupé. Ça garde l’esprit jeune. Si tu ne bouges pas et que tu restes les deux pieds sur le pouf, c’est là que tu vas vieillir. Ça va être le début de la fin. »
Vers la fin d’un appel téléphonique d’une vingtaine de minutes, Sévigny souligne que le temps passé dehors a façonné les gens de sa génération, une qualité qui se perd malheureusement, selon lui.
« J’ai passé mes étés à jouer dehors au parc. Les enfants de la génération d’aujourd’hui, ce n’est pas la même chose, a-t-il dit. On ne voit plus personne dans les cours d’école après les heures de classe. Dans mon temps, c’était le contraire. On était toujours là. »