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À la bonne place au bon moment.
C'est de cette manière que l'on pourrait simplement résumer le retour en force de Charlie Lindgren avec les Blues de St. Louis. Ce serait toutefois injuste à son endroit de réduire ce qu'il est en train d'accomplir à un simple concours de circonstances. Il y a plus que ça à l'histoire.

Certes, la porte s'est ouverte en raison de l'entrée de Jordan Binnington sur le protocole de la COVID-19 et de la blessure à son adjoint Ville Husso. Mais l'ancien des Canadiens de Montréal était prêt à répondre à l'appel quand son téléphone a sonné. Et ça, c'est tout à son honneur.
Après cinq matchs, l'Américain de 27 ans a signé cinq victoires et présente une impressionnante moyenne de buts alloués de 1,22 et un taux d'efficacité de ,958. Il connaît sans contredit les meilleurs moments de sa carrière dans la LNH et démontre qu'il est en mesure de faire le travail à ce niveau - une chose dont on commençait à douter.
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Surtout en raison de ses dernières présences dans l'uniforme du Tricolore. L'organisation avait visiblement perdu confiance en lui, et il s'était retrouvé entre deux chaises dans la hiérarchie des gardiens de l'équipe. L'émergence de Cayden Primeau - et le fait qu'il a rapidement été identifié comme le gardien d'avenir - a changé la donne pour Lindgren, qui avait une bonne longueur d'avance jusque-là.
Il a obtenu quelques occasions de s'imposer à Montréal, mais il n'a jamais vraiment saisi la balle au bond. Il faut cependant souligner que ça ne s'est jamais fait dans un contexte idéal. Le poste de gardien auxiliaire n'est pas le plus facile à occuper, encore moins dans la métropole derrière un ténor comme Carey Price.
Lindgren en était à ses premières saisons chez les professionnels après trois années passées dans les rangs universitaires américains. Ça demande premièrement une certaine période d'adaptation au chapitre de la charge de travail parce qu'elle est beaucoup plus imposante que dans la NCAA. Ensuite, c'est difficile de trouver son rythme quand on joue une fois par semaine, voire aux deux semaines.
C'est un peu comme si on exigeait d'un jeune comme Cole Caufield de jouer un match par tranche de cinq, et de marquer trois buts chaque fois. Le défi de jouer sans rythme et sans pouvoir se bâtir une confiance tout en n'ayant peu ou pas de marge de manœuvre est immense. Vous comprendrez que ce ne sont pas les meilleures dispositions. Ce n'est ni la faute de Lindgren ni celle des Canadiens.
Et peut-être qu'à ce stade de sa carrière, Lindgren n'était pas aussi prêt qu'il ne l'est maintenant à faire face à la musique. Après avoir mangé son pain noir à sa dernière saison avec le Rocket de Laval - il n'a été d'office que pour trois matchs - Lindgren a manifestement fait le nécessaire pour obtenir une autre chance sous d'autres cieux.
Comme je vous le disais dans une récente chronique, on m'a toujours dit que la chance était la rencontre entre la préparation et l'opportunité. Ça prend tout son sens dans le cas qui nous occupe. Lindgren s'est rebâti une confiance en jouant beaucoup dans la Ligue américaine depuis le début de la saison, et il était gonflé à bloc quand il a été rappelé. Il défie les lancers et se plante au haut de son demi-cercle - c'est le signe d'un gardien qui a confiance en ses moyens.
En plus de ça, il évolue derrière une équipe difficile à affronter, qui compte sur une imposante brigade défensive et qui limite les chances de marquer. C'est un bon timing, et il mérite beaucoup de crédit pour ce qu'il a accompli. On ne sait pas ce que cette heureuse séquence lui rapportera dans l'organisation des Blues, mais il aura à tout le moins laissé une belle carte de visite.
Chaque fois qu'un joueur enfile un uniforme sur la plus grande scène au monde, il joue pour son équipe, mais aussi pour le reste de la LNH. Il n'a rien à gagner à bouder et à se morfondre sur son sort ou sa situation. Il doit se retrousser les manches et livrer la marchandise parce qu'il y a toujours quelqu'un, quelque part, qui le regarde et qui est peut-être prêt à lui donner une chance ailleurs.
On dit souvent aux jeunes de continuer à croire en leurs rêves et à croire en des jours meilleurs. En ce sens, l'histoire de Lindgren doit être soulignée.
Luukkonen en profite
Toujours dans le registre des gardiens qui tirent profit de l'absence des réguliers, Ukko-Pekka Luukkonen se distingue plutôt bien. Le Finlandais de 22 ans a amorcé cinq des six dernières rencontres des Sabres de Buffalo et il a maintenu une moyenne de 1,96 et une efficacité de ,939.
Je plaide toujours pour la patience dans le cas des jeunes gardiens, mais la blessure à Craig Anderson et le fait que Dustin Tokarski soit inscrit au protocole de la COVID-19 ont forcé la main des Sabres. Luukkonen a quand même une feuille de route plutôt garnie qui lui permet de bien gérer la situation.
Il a toujours fait partie de l'élite mondiale au niveau de son groupe d'âge et il a le talent pour relever le défi. Les Sabres ont beau être en reconstruction, tant qu'il connaît du succès, qu'il progresse et qu'il bâtit sa confiance, je ne vois pas pourquoi l'organisation ne lui donnerait pas l'occasion de gagner en expérience.