Shawinigan2012DucharmeLNH

Tous les amateurs de hockey s'ennuient fermement de pouvoir assister en personne à des matchs, et les membres du LNH.com ne font pas exception. Histoire de patienter un peu en attendant d'enfin pouvoir renouer avec ce plaisir, ils ont tous accepté de raconter en leurs mots leur plus belle expérience vécue à un match de hockey, que ce soit en tant que simple partisan ou dans un cadre professionnel.

Parmi les nombreux matchs de hockey que j'ai couverts dans ma carrière de journaliste, aucun n'avait plus d'importance que la finale de la Coupe Memorial 2012 entre les Cataractes de Shawinigan et les Knights de London. L'histoire de David contre Goliath.

Le 27 mai 2012, il faisait un soleil radieux sur Shawinigan et le thermomètre s'approchait des 30 degrés. On se serait cru en plein mois de juillet. Mais non, il restait encore un match de hockey à disputer dans le Centre Bionest, un aréna de 4125 sièges. On se serait cru le double tellement il n'y avait pas un seul centimètre d'espace à l'intérieur. Et peut-être qu'on l'était… l'histoire ne le dira jamais!

Pour Shawinigan, ce tournoi voulait dire beaucoup. Les Cataractes, la plus vieille concession de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), n'avaient jamais gagné un championnat dans leur histoire depuis 1969. Pas de Coupe Memorial, pas de Coupe du Président, l'emblème de la LHJMQ. Chaque fois que l'équipe est passée proche, ça s'est terminé en larmes.

En 1985, les Cataractes étaient les hôtes de la Coupe Memorial dans le vieil Aréna Jacques-Plante. Mais après deux matchs, le tournoi a été déplacé à Drummondville puisque les colonnes à l'intérieur de l'aréna empêchaient de bien retransmettre les matchs à la télévision. Loin de leurs partisans, les Cataractes se sont inclinés 6-1 en finale.

Durant cette période, la ville de Shawinigan est frappée durement par une crise économique. Les usines ferment, les gens perdent leur emploi, la pauvreté s'installe, les jeunes quittent. Beaucoup de larmes.

Même les Cataractes, une des dernières fiertés de la ville, ont failli déménager, avant de finalement être sauvés en 2007.

Puis en 2009, Shawinigan espérait accueillir à nouveau le tournoi de la Coupe Memorial, mais on lui a préféré Rimouski. Une autre déception.

Tout de même, l'équipe s'approchait de son premier titre de la LHJMQ puisqu'elle affrontait les Voltigeurs de Drummondville en finale. Les Cataractes ne sont finalement passés qu'à un but d'y parvenir, s'inclinant 3-2 lors du septième match. Encore des larmes.

Puis, en 2011, Shawinigan a retenté sa chance pour obtenir le tournoi de la Coupe Memorial 2012. Ce serait une dernière tentative, puisque dans le futur, il en coûterait trop cher pour un petit marché de tenir un tel événement.

Le pari a été gagné. Cette fois, pas de larmes.

Les larmes, elles sont venues près d'un an plus tard. Les Cataractes, qui avaient fait le plein de bons joueurs, ont été éliminés dès la deuxième ronde des séries éliminatoires face aux Saguenéens de Chicoutimi. Tout venait de s'écrouler. Ils allaient donc être 30 jours sans jouer avant le début de la Coupe Memorial. À l'extérieur du Centre Bionest, bien peu de gens y croyaient encore.

Mais les Cataractes se sont retroussé les manches, et après un éreintant camp d'entraînement, ils sont arrivés prêts physiquement pour le tournoi. Après la ronde préliminaire, Shawinigan avait une fiche de 1-2-0 et a dû disputer le match de bris d'égalité, qu'ils ont remporté contre les Oil Kings d'Edmonton. Le lendemain, à la surprise générale, les Cataractes ont renversé les champions de la LHJMQ, les Sea Dogs de Saint-Jean, pour accéder à la finale.

Ce qui nous mène à ce 27 mai 2012. Les Knights sont l'adversaire et ils veulent prendre leur revanche après s'être inclinés 6-2 contre les Cataractes lors du tournoi à la ronde. Ils savent à quoi s'attendre.

Les Knights sont l'une des plus prestigieuses et riches concessions dans les rangs juniors au Canada. Une machine de hockey menée par les frères Mark et Dale Hunter (qui dirige alors les Capitals de Washington). À leur bord, on retrouve Bo Horvat, Max Domi, Josh Anderson, Vladislav Namestnikov, Andreas Athanasiou, Olli Maatta, Chris Tierney, Austin Watson, Scott Harrington et Greg McKegg, 10 joueurs qui disputeront au moins 150 matchs dans la LNH. Chez les Cataractes, on n'en compte aucun, bien que l'équipe possède plusieurs joueurs travaillants comme Michaël Bournival, Brandon Gormley et Michael Chaput.

David contre Goliath. L'ambiance était à son paroxysme, la foule en délire.

Après une première période difficile, où ils n'ont tiré que quatre fois, les Cataractes se sont levés. Ils ont résisté aux gros canons de London et égalé la marque 1-1 en deuxième période. Le reste de la rencontre a été si serrée que la prolongation a été requise. Chaque fois qu'une équipe passait près de marquer, le cœur des partisans s'arrêtait. Celui des journalistes aussi, surtout que l'heure de tombée approchait rapidement.

Puis, avec un peu plus de deux minutes à faire à la première période de prolongation, Bournival a récupéré une rondelle derrière le filet avant de trouver Anton Zlobin dans l'enclave. Son lancer, parfait, a déjoué le gardien Michael Houser.

David venait de battre Goliath. Le toit du Centre Bionest a été soulevé par l'explosion de la foule. On se serait cru 10 000 à l'intérieur.

Il fallait voir la fierté sur le visage des gens, surtout lorsque Bournival, le petit gars de la place, est allé cueillir le précieux trophée.

Encore une fois, les larmes étaient au rendez-vous, mais cette fois, elles étaient de joie.

Et quel party ce fut!