Marner Q and A April 19

TORONTO - La seule chose que Mitch Marner a en tête en ce moment, c'est de permettre à la ville de Toronto d’organiser un défilé de la Coupe Stanley cet été. Ce n'est pas le sort qui l’attend à l'ouverture du marché des joueurs autonomes de la LNH le 1er juillet.

Depuis plusieurs mois, bien avant le premier match de la série de première ronde de l'Association de l'Est entre les Maple Leafs de Toronto et les Sénateurs d'Ottawa au Scotiabank Arena dimanche (19 h HE ; CBC, TVAS, SN, ESPN2), des murmures se font entendre dans la ville, selon lesquels il pourrait s'agir de la dernière danse pour le noyau de quatre joueurs des Maple Leafs, formé de Marner, Auston Matthews, William Nylander et John Tavares, surtout s'ils offrent une autre sortie sans éclat au premier tour.

Marner pourrait devenir joueur autonome sans compensation après la saison, ce qui nourrit les rumeurs quant à une éventuelle séparation du groupe en cas d'une autre élimination hâtive. Toronto n'a remporté qu'une seule série éliminatoire en 21 ans, une source de frustration pour Marner, Matthews, Nylander et Tavares, qui évoluent ensemble depuis 2018-19.

L'attaquant de 27 ans vient de connaître une des meilleures saisons de sa carrière grâce à une marque personnelle de 102 points (27 buts, 75 passes). Il a été utilisé à profusion sur le jeu de puissance et en infériorité numérique, et il a même agi comme défenseur brièvement. C'est sans oublier sa performance mémorable lors de la Confrontation des 4 nations avec le Canada, lorsqu'il a marqué le but victorieux en prolongation contre la Suède, avant de se faire complice du but victorieux de Connor McDavid contre les États-Unis en finale.

Sa contribution n'a pas échappé au directeur général des Maple Leafs Brad Treliving, qui aura son mot à dire sur le retour ou non de Marner.

« Ses statistiques méritent d'être reconnues », a affirmé Treliving. « Il y a eu une période où beaucoup de gars étaient absents. C'était en novembre, peut-être en décembre. Et Mitch a vraiment tenu le fort pour nous...

« Il y a eu une portion de la saison où il nous a vraiment gardés sur les rails. Pour moi, c'est un peu le microcosme de son année. Il a été un leader. Il a été un joueur de premier plan. Et je pense qu'il est se sent très bien. »

À la veille de son neuvième printemps consécutif à participer aux séries éliminatoires, Marner a pris le temps d'interrompre ses préparatifs pour un entretien en tête-à-tête avec LNH.com, portant sur la bataille de l'Ontario, les rumeurs entourant son statut contractuel et la confiance qu'il a acquise en étant l'un des meilleurs joueurs canadiens à la Confrontation des 4 Nations en février :

Tout d'abord, tu as toujours dit clairement que tu ne te préoccupais pas de ton contrat, que tu ne pensais pas que c'était ta dernière chance à Toronto et que ton objectif était de gagner la Coupe Stanley avec les Maple Leafs, l'équipe de ta ville natale, celle que tu encourages depuis que tu es jeune. Mais ça n'a pas empêché que ton avenir est un sujet brûlant dans ce marché. Comment fais-tu pour ne pas entendre tout ce qui se dit à ton endroit?

« J'ai beaucoup de chance d'avoir la famille et les amis qui m'entourent. Mon épouse (Stephanie) m'a beaucoup aidé à ce sujet, notamment en ce qui concerne la santé mentale, le fait de rester positif et de demeurer dans le moment présent. Ma famille et la sienne ont été là pour moi à chaque instant. J'ai également parlé à de nombreux préparateurs mentaux, qui m'ont aidé à rester fort et à ne pas me préoccuper de ce qui se dit. Je ne peux pas me concentrer là-dessus. Vous ne pouvez que vous concentrer sur votre jeu, sur ce que vous faites. Et je pense que c'est ce que j'ai essayé de faire toute l'année, en me concentrant sur moi-même et sur la façon d'aider l'équipe à gagner des matchs. Que ce soit sur le plan offensif ou défensif, je dois être moi-même. J'ai grandi en rêvant à ce que ça représenterait de gagner une Coupe ici, et ça n'a pas changé. »

Est-ce que les difficultés de l'équipe en séries éliminatoires dans les dernières années augmentent la pression sur toi et tes coéquipiers?

« Je ne pense pas que ça nous importe. Nous ne nous soucions pas de ce que les gens disent à l'extérieur, nous nous concentrons sur ce que nous devons faire. Il va falloir travailler dur. Il y aura des hauts et des bas. Il faut rester unis, se serrer les coudes et être là pour se soutenir les uns les autres. »

Comment as-tu changé, sur la patinoire et en dehors, depuis ta saison recrue en 2016-17? Et comment arrives-tu à te remettre à zéro après toutes les déceptions d'après-saison au cours de ta carrière dans la LNH?

« J'ai beaucoup changé, c'est évident. Et j'essaie de ne pas mettre l'accent sur les expériences du passé. On ne peut rien changer, même si on le voulait. C'est tout simplement impossible. C'est ainsi que le monde fonctionne. J'essaie donc de ne pas penser au passé. Je pense que les émotions et les papillons sont les mêmes que lorsque j'ai fait mes débuts dans cette ligue et que j'ai participé pour la première fois aux séries éliminatoires. Oui, il y a quelques différences. Mon épouse et moi allons bientôt avoir notre premier enfant, alors j'ai vraiment hâte de devenir père et de partager ça avec ma famille. »

Quelle est la différence entre cette équipe et celles qui ont vécu des frustrations en séries? Et à quel point le changement peut-il être lié à l’entraîneur Craig Berube, qui en est à une première année derrière le banc des Maple Leafs?

« Je pense que 'Chief' nous aide beaucoup. On sait qu’il va demeurer calme et stable. Il sait que ça ne sera pas facile. Ça ne sera pas toujours beau ou parfait chaque soir ou à chaque présence sur la glace. C’est pourquoi on doit s’appuyer les uns sur les autres. Et je pense que c’est ce qui explique la raison de nos succès dans la dernière année. Tout le monde était capable de se lever et de prendre la relève. Il y a eu des joueurs des grandes occasions dans les moments importants. Et notre brigade défensive a été incroyable tout au long de l’année, que ce soit pour bloquer des tirs ou pour réaliser des jeux. »

Parlant de grandes occasions, tu en as vécu deux sur la plus grande scène à la Confrontation des 4 nations, marquant le but en prolongation contre la Suède, puis en mettant la table pour McDavid en finale. Ce sont des moments qui définissent une carrière. À quel point ces jeux t’ont-ils permis de gagner en confiance, et est-ce qu’ils font en sorte que tu es dans un autre état d’esprit à l’aube de ce nouveau parcours éliminatoire?

« Peut-être un peu. C’est le genre de chose à laquelle tu penses si tu te retrouves dans un creux de vague. Mais j’essaie toujours d’avoir confiance en mes moyens, de savoir que je suis le type de joueur qui aime les grands moments et qui peut avoir un impact sur le jeu des deux côtés de la patinoire. Ce sont assurément des moments dont tu te souviens et qui te rappellent que tu es capable de faire la différence lorsque c’est nécessaire. »

Tu étais simplement un enfant qui grandissait dans la région de Toronto lorsque les Maple Leafs et les Sénateurs se sont affrontés quatre fois en cinq saisons entre 2000 et 2004. Te souviens-tu de ces batailles de l’Ontario, même si tu étais très jeune? Et à quel point est-ce excitant d’en faire maintenant partie?

« Ça fait vraiment longtemps. Je me souviens de la fébrilité qu’on avait mon père et moi, assis près de la télévision, prêts à regarder chaque match. Nous encouragions les Leafs et ça rassemblait la famille. C’était toujours tellement amusant. Je me souviens que je regardais les matchs avec mon père à la maison et que nous parlions de hockey. Je n’avais évidemment pas tellement d’expérience à cette époque-là, alors j’aimais l’écouter. Il fait encore la même chose aujourd’hui. »

Les attaquants des Sénateurs Brady Tkachuk et Tim Stützle font partie du top-3 des joueurs ayant attiré le plus de punitions cette saison dans la LNH. À quel point votre rendement en infériorité numérique sera-t-il crucial?

« Ça commence par l’importance de rester loin du banc des pénalités le plus possible. Il faut réussir des jeux autour du filet, ces petits jeux rapides qui peuvent frustrer leurs gros joueurs. Nous devons nous assurer de bien communiquer, de sortir de notre zone le plus rapidement possible et de limiter les passes transversales et les jeux en fond de territoire. »

Qu’est-ce qui rend cette ville aussi spéciale pendant les séries éliminatoires?

« C’est l’ambiance, la fébrilité, la passion. Je suis vraiment chanceux de jouer dans un marché comme celui-là. »

Plus tôt aujourd’hui, tu as été questionné sur ta capacité à te faire pousser une barbe ou une moustache des séries, un aspect qui n’a pas été une tasse de thé pour toi dans le passé. Es-tu maintenant plus confiant d’y arriver après toutes ces années?

« Oui, en espérant que nous allons vivre un plus long parcours pour que ça ait plus de temps pour pousser! On va voir. »