henri guy jean yvan

La ville de Montréal, les partisans et d'innombrables amateurs de hockey sont en deuil à la suite du décès de Henri Richard. Les grands Yvan Cournoyer et Guy Lafleur le sont tout autant.
Celui qui a remporté la Coupe Stanley à 11 reprises avec les Canadiens est décédé à Laval, après une longue bataille contre la maladie d'Alzheimer. Il était âgé de 84 ans.

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Cournoyer a été nommé capitaine des Canadiens en 1975-76, l'année suivant la retraite de Richard. Il avait joué 12 saisons avec lui. Il se souvient vivement d'un robuste joueur de centre qui en menait bien plus large que ses 5 pieds 7 pouces et 160 livres.
« Sa détermination. Je m'en souviens si bien, a souligné Cournoyer. Henri détestait perdre. Mon premier capitaine a été Jean (Béliveau), mon deuxième a été Henri. J'ai énormément appris à respecter les joueurs et la Ligue. Il aimait tellement jouer au hockey. Jean et Henri m'ont montré comment gagner. »
Ils sont plusieurs à croire que Richard a toujours évolué dans l'ombre de son légendaire frère aîné, Maurice « Rocket » Richard, qui était 15 ans plus vieux. Cournoyer soutient que ce n'est pas du tout le cas.
« Non, Henri ne parlait pas beaucoup avec Maurice, a raconté Cournoyer. Ils avaient des caractères semblables, mais étaient des hommes plutôt solitaires. Si l'un ne voulait pas parler, peut-être que l'autre ne le voulait pas non plus. Mais lorsque Maurice est décédé (en mai 2000), je pense qu'on pouvait voir à quel point Henri était triste. Il n'en parlait pas, mais connaissant Henri depuis longtemps, je sais comment ç'a pu l'affecter. La mort de Maurice avait fait très mal à Henri.
« Henri aimait vraiment Maurice, particulièrement plus tard dans sa vie. Maurice a arbitré des matchs des anciens alors qu'Henri jouait. Ils ont alors passé beaucoup de temps ensemble. Ils ont voyagé ensemble dans les autobus et c'est peut-être à ce moment qu'ils ont réellement été de simples frères. »
Pour Lafleur, l'annonce de la mort de Richard était une triste nouvelle de plus, les Canadiens perdant un autre membre légendaire de la famille.
« J'étais très attristé d'apprendre qu'Henri était mort, a dit Lafleur. Mais d'un autre côté, il était malade depuis tellement d'années et sa qualité de vie avait grandement diminué. C'est difficile. En tant que coéquipier, Henri était un des derniers guerriers. Lorsqu'il jouait, il donnait toujours son 100 pour cent. Il détestait perdre. »
Puis, en riant, Lafleur a ajouté : « Et Henri détestait ses adversaires. C'était comme ça quand il jouait. »
Lafleur commençait sa carrière dans la LNH alors que celle de Richard s'achevait. Selon Lafleur, les deux attaquants ont été co-chambreurs pendant environ une demi-saison.
« Henri était le genre de gars à te le dire s'il trouvait que tu jouais du hockey de paresse, s'est souvenu Lafleur. Il le disait aux gars avant que (l'entraîneur) Scotty (Bowman) le fasse. Je n'ai jamais vu un gars plus fier qu'Henri de porter cet uniforme. Il inspirait ses coéquipiers, il nous rendait tout aussi fiers. Il disait 'Vous devez être fiers, nous devons gagner la Coupe Stanley.' Ce n'était jamais 'Il faut faire les séries.' »
Si Lafleur était pressenti par les partisans et les médias montréalais d'être celui qui prendrait la relève de la légende Jean Béliveau à sa saison recrue en 1971-72, Richard, lui, le savait. Béliveau venait de prendre sa retraite.
Richard a succédé à Béliveau comme capitaine, et il a pris soin de conseiller le jeune Lafleur, qui deviendrait un des joueurs les plus excitants de sa génération.
« Les quelques premières années, je ne jouais pas bien ou je manquais de constance, a dit Lafleur. Alors Henri m'a dit un jour, 'Arrête d'écouter Scotty et joue ton style.' Alors c'est ce que j'ai fait et ç'a fonctionné. »
Lafleur a ri une fois de plus.
« Henri et Scotty ont eu quelques prises de bec. »
Lafleur a précisé que c'était un privilège d'être devenu un ami proche de Richard pendant autant de décennies. Ils ont participé à plusieurs événements de promotion de l'équipe entre les saisons.
« C'est quelque chose que je n'oublierai jamais, d'avoir eu la chance de jouer avec un gars comme lui, et de travailler avec lui durant les étés », a-t-il mentionné.
Cournoyer se souviendra d'un « gars simple », d'un modeste et humble champion qui avait une soif de victoire hors du commun.
« Parfois, (l'entraîneur Toe) Blake devait lui crier de revenir au banc, car il ne voulait pas débarquer (de la glace), s'est-il remémoré. Il aimait transporter la rondelle. C'était presque impossible de l'arrêter. Son adversaire pouvait faire 6 pieds 5 pouces, mais ça ne le dérangeait pas.
« Le caractère de Henri était plus grand que cela. Il nous a montré comment gagner et comment être de bons joueurs de hockey, autant sur la glace qu'en dehors. »