Dupuis

CRANBERRY, Pennsylvanie -Se disant touché et honoré, l'ancien attaquant des Penguins de Pittsburgh Pascal Dupuis était un brin mélancolique, dimanche, en commentant sa nomination parmi les trois finalistes pour l'obtention du trophée Masterton cette saison.

« C'est un trophée que vous ne souhaitez pas remporter », a débité Dupuis, qui se retrouve en lice en compagnie des ailiers droits Jaromir Jagr des Panthers de la Floride et Mats Zuccarello des Rangers de New York.
Dupuis n'a pas complètement tort.
Le trophée Masterton, attribué annuellement au joueur de la LNH qui incarne le plus les qualités de persévérance, d'esprit sportif et de ténacité, a été remis au cours des dernières années à des joueurs qui ont connu des problèmes personnels ou qui ont surmonté des obstacles dans leur carrière.
Le gardien Devan Dubnyk du Wild du Minnesota a été coiffé de l'honneur la saison dernière, après être passé au travers d'une période tumultueuse qui a failli mettre fin à sa carrière de sportif.
Le joueur de centre Dominic Moore des Rangers a été le récipiendaire du trophée la saison précédente après avoir relancé sa carrière à la suite de la perte de son épouse, décédée du cancer. L'ancien gardien du Wild Josh Harding a gagné le trophée en 2013 parce qu'il a continué de jouer malgré un diagnostic de scléroses en plaques.
Dupuis rentre dans la même catégorie. Il a dû se retirer le 8 décembre en raison de problèmes médicaux liés à des caillots de sang. Il a joué 18 matchs sous médication avant que les médecins lui indiquent que ce serait préférable, pour sa santé à long terme, qu'il accroche ses patins.
Il a été incommodé par des problèmes de caillots sanguins pour la première fois en janvier 2014, à la suite d'une blessure à un genou. Il a dû être traité aux anticoagulants pendant six mois, avant d'effectuer un retour au jeu au début de la saison 2014-15. On a de nouveau décelé un caillot de sang sur un poumon en novembre et il a été contraint de manquer le reste de la saison.
Dupuis a obtenu le feu vert pour renouer avec l'action en juin 2015. Tôt en début de saison, il a été victime d'incidents qui lui ont fait réaliser les risques qu'il courrait en poursuivant sa carrière.
Il a confié avoir encore de la difficulté à accepter d'avoir été contraint à prendre sa retraite.
« J'apprends à m'y faire, a-t-il concédé. Au début, j'essayais de rester le plus en retrait possible parce que c'était trop douloureux dès que je me retrouvais dans l'entourage de l'équipe. Je restais donc à l'écart. Nous voilà en séries éliminatoires, je sais que l'équipe a le potentiel d'accomplir de grandes choses. Si je peux aider, le moindre détail ou information peut aider l'équipe à gagner. C'est la raison pour laquelle je suis proche de l'équipe.»
Dupuis seconde le personnel d'entraîneurs des Penguins ainsi que les joueurs sur une base quotidienne. Il suit le déroulement des matchs des tribunes de presse et il assiste aux séances d'entraînement de l'équipe. Il voyage avec le groupe en séries.
« Ça revêt une grande importance pour moi qu'on me permette d'être dans l'entourage de l'équipe et qu'on veut que je m'implique, a relevé Dupuis. Ça démontre combien l'équipe, les dirigeants et l'organisation appuient ses joueurs. Je ne suis plus un joueur. Je suis comme entre les deux, à cheval sur la clôture, et c'est super qu'on souhaite que je reste alentour. »
Dupuis suit les matchs en compagnie de l'entraîneur du développement des défenseurs des Penguins Sergei Gonchar. Il se rend dans le vestiaire de l'équipe entre chacune des périodes et il n'hésite pas à fait part de ses observations aux entraîneurs et aux joueurs. Il précise que personne n'a à le solliciter pour des conseils.
« J'ai un franc-parler et je peux être désagréable parfois. Je n'ai pas besoin de personne pour dire ma façon de penser », a-t-il précisé à la blague.
D'être impliqué de la sorte agit comme un baume qui lui permet de mieux accepter son statut de nouveau retraité.
« C'est très difficile à ce stade de la saison de ne plus être un joueur, a résumé le Lavallois âgé de 37 ans. Vous voulez lutter avec les gars. J'ai même pensé que je pourrais rejouer plus tôt cette année, mais là c'est hors de question. Je ne pourrais plus soutenir le rythme à l'entraînement. C'est assurément très dur d'être confiné à un rôle de spectateur. »