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L’ancien attaquant Marcel Bonin, un des plus excentriques joueurs de l’histoire de la LNH et gagnant de la Coupe Stanley quatre fois, est décédé à l’âge de 93 ans, dimanche.

Bonin a porté les couleurs des Red Wings de Detroit, des Bruins de Boston et des Canadiens de Montréal entre les années 1952 et 1962.

Il a savouré quatre conquêtes de la Coupe Stanley: une avec les Red Wings (1955) et trois avec le CH (1958, 1959 et 1960).

Les Red Wings lui avaient remis, il y a une quinzaine d’années, une bague de championnat commémorative, qu’il portait fièrement.

À 5 pieds 10 pouces et 170 livres, Bonin n’était pas le plus baraqué, mais il était un des joueurs les plus forts de son époque. Un ailier gauche coriace doté d'un bon coup de patin, habile marqueur et fabricant de jeux, les partisans et ses coéquipiers raffolaient de son style de jeu casse-cou.

En 454 matchs, il a réussi 97 buts et totalisé 272 points. Il a ajouté 25 points en 50 matchs, incluant 11 buts, en séries éliminatoires.

Il a connu son moment de gloire au cours des séries en 1959 en marquant 10 buts en 11 rencontres avec les gants de Maurice Richard!

Bonin était également connu pour ses exploits à l’extérieur de la glace. Fort comme un cheval, il avait hérité du surnom de « l’ours de Joliette » après qu’il eut défié un ours dans une cage pour impressionner des amis à l’âge de 16 ans lors d’une visite du cirque Barnum & Bailey dans son patelin.

Extravagant, il lui arrivait de croquer dans du verre afin d’amuser ses coéquipiers. Il a déjà raconté que le « Rocket » Richard s’était essayé une fois et qu’il s’était coupé à l’intérieur de la bouche.

À la retraite, il a longtemps été impliqué dans le sport amateur et il s’est découvert une passion pour l’histoire en montant une collection de 3000 vieux livres.

« J’ai été beaucoup plus qu’un joueur de hockey », avait-il mentionné dans une entrevue qu’il a livrée au Journal de Montréal en 2018.

Un aréna porte son nom à Joliette, où il a passé son enfance et est demeuré jusqu’à la fin de ses jours. Construit en 1932 et rénové en 2013, c’est le plus ancien aréna toujours en activité au Québec.

Bonin est allé rejoindre sa défunte épouse Simone, laissant dans le deuil ses quatre enfants Richard, France, Manon et Michel.

Avec Howe et Lindsay

Né le 17 septembre 1931 à Montréal, Bonin est âgé de sept ans quand la famille déménage à Berthier, non loin de Joliette, à la suite du décès tragique par noyade de son père, le 26 juillet 1939.

Il s’initie au hockey vers l’âge de 10 ans. Il gravit rapidement les échelons. Il amorce la saison 1951-1952 avec les As de Québec de la Ligue de hockey senior du Québec, avant que ses droits de joueur ne soient cédés aux Red Wings. Il fait la navette entre Detroit et Philadelphie, où évolue le club-école des Red Wings dans la Ligue américaine de hockey (LAH), disputant 37 parties dans la LNH.

Il se taille un poste à Detroit en 1954-55, avec les Gordie Howe, Ted Lindsay et Alex Delvecchio, aidant les Red Wings à vaincre les Canadiens en finale de la Coupe Stanley. C’est l’année de la suspension du « Rocket » pour avoir frappé un arbitre.

Bonin passe aux Bruins la saison suivante, avant que les Canadiens ne le réclament lors du repêchage intraligue. Les quatre années et demie passées à Montréal s’avèrent les plus illustres de sa carrière.

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En 1959, Maurice Richard, blessé, ne participe qu'à quatre rencontres éliminatoires. Même chose pour Jean Béliveau, qui est limité à trois parties. Bonin, qui vient de connaître une saison de 13 buts en 57 matchs, enfile les gants du « Rocket » pour les derniers matchs des séries. Ça lui porte chance, Bonin marquant 10 buts, dont celui qui assure la conquête des siens dans le match décisif.

En plein cœur de la saison 1961-1962, une blessure au dos met prématurément fin à sa carrière. Il est alors âgé de 30 ans.

Après sa carrière, Bonin travaille comme policier à Joliette pendant sept ans et pour la commission scolaire de la région comme surveillant et intervenant en toxicomanie pendant 16 ans. Il fait la connaissance d’un professeur d’histoire et il développe une fascination pour les bouquins anciens.

Collectionneur, Bonin avait en sa possession la copie d’un contrat signé par Maurice Richard en septembre 1956, rédigé sur une simple feuille d’agenda. On peut y lire que le salaire de base du meilleur joueur du CH pour la saison 1956-1957 s’élevait à 12 000 $, avec des bonis de performance pouvant lui valoir 2000 $.