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MONTRÉAL - La présaison est maintenant chose du passé et la formation des 23 joueurs a été dévoilée. Alors que le Tricolore s'apprête à amorcer la saison 2017-2018 à Buffalo, le directeur général Marc Bergevin s'est entretenu avec le canadiens.com pour discuter de ses attentes pour l'année, des joueurs qui l'ont impressionné au camp, et de ce que changera le transfert du club-école de la Ligue américaine de Terre-Neuve à Laval pour la campagne à venir.

L'équipe a connu un début de calendrier préparatoire difficile en subissant six revers consécutifs, mais elle s'est reprise dans les deux derniers matchs. Est-ce que la fiche en présaison t'inquiète ou préfères-tu utiliser ce temps pour évaluer les joueurs individuellement, spécialement en raison du fait que vous avez joué huit matchs en 13 jours cette année?
On veut toujours gagner, mais au bout du compte, la fiche n'est pas la chose la plus importante. Tu évalues toujours les joueurs et comment ils compétitionnent. Cette année, on a vu des joueurs qui se sont vraiment levés et d'autres qu'on aurait aimé voir un peu plus. Au bout du compte, ces matchs sont là pour ça. Je suis toujours fâché après une défaite, mais on sait ce que c'est. La moitié du temps, tu affrontes une équipe qui présente une formation complète, mais pas toi, et c'est le cas pour toutes les équipes à ce temps-ci de l'année.
La victoire de 9 à 2 face aux Sénateurs en conclusion du calendrier a quand même dû vous inspirer confiance.
Oui, mais en même temps, il faut regarder du côté d'Ottawa. Les joueurs se disaient probablement «C'est le dernier match et je ne veux pas me blesser» ou peut-être que certains joueurs qui étaient en uniforme auraient voulu se reposer, ce qui est normal. D'un autre côté, on savait qu'on voulait finir sur une bonne note à la maison. Au final, les résultats en présaison ne veulent rien dire.

Tu mentionnes chaque année au camp d'entraînement que tu veux que les jeunes joueurs prennent des décisions pour toi. Victor Mete et Charles Hudon ont connu un très bon camp. Est-ce qu'ils t'ont forcé la main avec leur jeu en présaison?
Je ne dirais pas qu'ils m'ont «forcé la main» parce que je dis toujours aux joueurs : «Je ne vous mentirai pas en vous disant qu'il y a 23 postes ouverts, mais il y a certains postes ouverts.» Tu veux que les joueurs se lèvent, spécialement les plus jeunes, et ceux que tu as mentionnés l'ont fait. J'ajouterais Jacob de la Rose dans cette catégorie. Je crois qu'il a connu un fort camp et il s'améliorait plus ça avançait, ce qui était bien à voir.
Mete a gagné sa place dans votre formation de 23 joueurs avec son jeu en présaison.En tant que joueur de 19 ans, Victor Mete devrait soit rester dans la LNH ou retourner avec les Knights de London dans la OHL. Est-ce que ça rend votre décision quant à son futur immédiat plus difficile, en sachant que s'il ne fait pas le club, il passera toute la saison dans les rangs juniors?
Je ne pense pas en ce moment à le renvoyer dans la OHL; je pense à ce qu'il peut faire pour aider les Canadiens. En ce moment, comme on l'a vu, il mérite d'être ici. Avec lui, on a une fenêtre de neuf matchs, donc on va l'observer attentivement. L'an passé, on a fait la même chose avec Mikhail Sergachev. On l'a renvoyé après trois matchs. Ce n'est pas coulé dans le béton pour Victor, mais de la façon dont il joue en ce moment, il a mérité le droit de commencer la saison à Montréal.
C'est la première saison du Rocket de Laval. La proximité avec Montréal aidera évidemment, logistiquement parlant, pour les rappels et les renvois, mais en quoi - s'il y a lieu - ça changera la donne pour l'évaluation des joueurs? Combien de fois penses-tu te retrouver à Laval toi-même cette année?
Beaucoup. J'ai fait mon horaire pour le mois d'octobre et je serai à Laval assez souvent. C'est facile - c'est un trajet de 20 minutes pour nous -, donc c'est très bien. Ce sera bien aussi pour le cap salarial : on va pouvoir retenir un joueur un peu plus longtemps à Laval en raison de la facilité de la logistique du rappel, donc on va économiser un peu ici. En général, avoir une équipe de la Ligue américaine à Laval sera très bénéfique pour l'organisation.
Comment cela impactera-t-il les occasions de développement? Est-ce que les joueurs auront plus accès aux ressources qu'ils ne l'avaient auparavant?
On est séparés entre deux équipes, donc le Rocket aura son propre personnel, mais où on verra la plus grande différence, c'est lorsque les gars comme Rob Ramage et Francis Bouillon vont venir à Montréal. Ils vont être en mesure d'aller voir un match du Rocket ce jour-là et venir voir les Canadiens le soir même ou le jour suivant. Notre personnel sera en mesure de passer plus de temps avec nos espoirs. On pourra les observer plus attentivement et s'adapter plus rapidement, c'est certain. Aller à St. John's n'était pas aussi facile.

Les Canadiens ont terminé au sommet de la section Atlantique avec 103 points l'an dernier, mais ont perdu au premier tour face aux Rangers. Après avoir connu ce genre de succès en saison régulière, comment une sortie rapide en séries éliminatoires influence-t-elle votre planification et votre stratégie durant la saison morte? À quoi t'attendais-tu?
Mon but premier est de participer aux séries éliminatoires. Tu ne peux pas simplement bâtir une équipe pour les séries parce que, la prochaine chose que tu sais, c'est que tu n'y participes pas. L'an dernier, on a participé aux séries après une très bonne saison et la défaite au premier tour a fait très mal. Mais la chose qu'on voit chaque printemps, c'est qu'à partir du moment où tu obtiens ton billet pour les séries, tout devient possible. Tu pourrais te qualifier de justesse et te rendre jusqu'au bout, ou gagner ta section et perdre au premier tour. C'est une ligue difficile et les Rangers ont très bien joué contre nous. Mon but premier est de me rendre en séries - en santé - et lorsqu'on sera rendu là, on verra quelle est la situation.

Jonathan Drouin a été ta plus importante acquisition de l'été et il semble emballé par l'idée de jouer à Montréal. Les fans apprécient aussi ce qu'il apporte à la formation. Quelles sont les attentes réalistes dans son cas cette saison?
Mes attentes envers lui n'ont rien à voir avec les points; je veux que l'équipe gagne. Je sais à quel point il a de bonnes habiletés et de quoi il est capable. Comme tu as dit, il est emballé par le défi de Montréal. Il aime ce marché. Il vient d'ici. La pression n'est pas un problème pour lui. Ça m'importe peu le nombre de points qu'il va obtenir. Évidemment, il doit produire, mais ce qui compte pour moi, c'est comment il joue. Il a très bien adopté son rôle de joueur de centre et son trio fonctionne en ce moment. La saison n'est pas encore commencée encore et je suis sûr qu'il va y avoir des changements - Drouin, Max Pacioretty et Brendan Gallagher jouent ensemble en ce moment -, mais des fois ça ralentit et c'est le travail des entraîneurs de faire bouger les choses. Il n'y a pas une équipe dans la LNH qui aura les mêmes trios à la fin du calendrier qu'au début de saison. Les changements de trio font évidemment plus parler à Montréal qu'ailleurs, mais ça fait partie du travail des entraîneurs de remanier les lignes durant une saison de 82 matchs.
Tu as mentionné la différence de réactions entre Montréal et les autres marchés. Jonathan arrive de Tampa, où il a probablement reçu un peu moins d'attention qu'il en a en ce moment - as-tu des conseils pour lui quant à la gestion de l'adversité à Montréal? Par exemple, s'il passe quelques matchs sans inscrire de points…
Il a la personnalité pour Montréal. C'est un gars très confiant, mais sans être arrogant. Il veut connaître du succès et il veut bien faire. C'est sûr qu'à un moment donné, il peut être sans point durant cinq matchs, mais c'est sa façon de jouer qui compte pour moi. Je ne juge pas la performance du joueur selon ses buts ou ses passes. C'est comment il compétitionne et comment il joue avec et sans la rondelle. Ce que j'ai vu jusqu'à présent de Jo, c'est qu'il est très responsable sans la rondelle et qu'il retire de la fierté de son rôle de joueur de centre, particulièrement dans son territoire.

Karl Alzner amène une présence de vétéran dans la formation, mais qu'attends-tu aussi de lui?
De la stabilité à la ligne bleue. Nous avons perdu Emmy [Alexei Emelin] et Marky [Andrei Markov], mais Karl Alzner est connu à travers la Ligue comme quelqu'un de fiable. Je crois qu'il n'a pas manqué beaucoup de matchs en carrière. Il est très fiable défensivement, il bouge bien la rondelle et il amène de la stabilité à la défense, ce qu'on cherchait.

Qu'est-qu'Ales Hemsky apportera à l'avant que vous manquiez l'an dernier?
Il amène de la vitesse à notre formation. En ce moment, Claude le fait jouer avec Jacob De La Rose et Paul Byron - c'est un trio très rapide. Je voulais être un peu plus rapide. Dans la LNH d'aujourd'hui, chaque trio doit pouvoir produire de l'offensive. Si c'est notre quatrième trio - encore une fois, ça peut changer - mais si ce l'est, on a Paul qui a marqué 20 buts l'an dernier et Hemsky qui peut faire des jeux. Si on peut avoir un quatrième trio qui peut marquer comme je crois qu'il peut le faire, ça sera très bien.
Quels sont les plans pour David Schlemko lorsqu'il sera de retour de sa blessure?
On n'a pas vu grand-chose de David; il s'est blessé au deuxième jour du camp, je crois. Il ne va pas commencer la saison, mais c'est un défenseur qui bouge bien la rondelle et il est mobile. Il n'est pas physique, mais il est intelligent. Je l'ai vu joué pas mal à San Jose l'an passé. Il jouait à la droite de Brenden Dillon. Cette année, je crois que Claude devra le faire jouer à gauche, mais c'est difficile en ce moment parce qu'on n'a pas eu la chance de le voir depuis qu'il est blessé.

Joe Morrow est sur la liste des 23 joueurs que tu as soumis à la Ligue pour commencer la saison, tandis que Peter Holland jouera à Laval. Dans quels rôles les vois-tu évoluer cette année?
En ce moment, on a Joe comme défenseur de profondeur. On ne va pas jouer les 82 matchs avec les mêmes six défenseurs. Je crois que son camp a été bon par moments et moins bon à d'autres moments. Des fois, lorsqu'un plus jeune arrive, il essaie de faire bonne impression et essaie d'en faire un peu trop. C'est dans ce genre de situations qu'ils se mettent dans le trouble. Je veux qu'il joue comme il l'a fait en séries l'an passé contre Ottawa avec les Bruins. Quant à Peter Holland, je crois que son camp allait de mieux en mieux, plus ça avançait. Il amène beaucoup de profondeur et comme j'ai dit, on ne va pas jouer les 82 matchs avec les mêmes 23 gars, donc il faut avoir de la profondeur dans l'organisation.
À l'aube de la saison 2017-2018, comment définirais-tu l'identité de l'équipe?
Il faut être une équipe qui se bat chaque soir. La Ligue est comme ça aujourd'hui. Il y a quelques puissances - on pourrait nommer les Penguins de Pittsburgh par exemple, qui viennent de gagner deux coupes Stanley consécutives, et les Capitals de Washington - mais après ça, c'est ouvert. Plusieurs équipes se sont améliorées au cours de l'été et ça va être une course jusqu'à la fin pour participer aux séries. La Ligue voulait de la parité et c'est ce qu'on a maintenant. On aura une équipe qui compétitionnera chaque soir, qui jouera avec un objectif, et qui sera responsable défensivement. On ne voit plus de matchs de 6 à 5. Il faut être une bonne équipe dans les deux sens de la patinoire et c'est ce que Claude amènera.

Plusieurs «experts» de pool prédisent que les Canadiens vont terminer dans le Top 3 de la section Atlantique, d'autres prédisent une place parmi les deux équipes repêchées dans l'Est. Est-ce juste?
Je suis totalement indifférent face à tout ça.

Quelles sont tes attentes?
Je ne pense pas au mois d'avril pour le moment. Je me concentre sur les 10 premiers matchs et sur notre début de saison. Je ne regarde jamais bien loin en avant - je ne le fais jamais.