Nikita Scherbak

MONTRÉAL - Environ 30 à 40 minutes de métro séparent la maison familiale de Nikita Scherbak à Moscou et le gymnase de son père qui est situé au centre-ville, un trajet qu'il a fait à de nombreuses reprises l'été dernier lorsqu'il a passé du temps sur sa terre natale.

Quand le choix de premier tour des Canadiens en 2014 (26e au total) est retourné pour la première fois en Russie, il s'est donné quelques semaines pour revoir ses amis et sa famille avant de reprendre l'entraînement. Ses séances d'entraînements étaient suivies d'un détour quotidien à Gorky Park, où celui qui se décrit comme étant un fanatique de basketball rejoignait ses amis pour une partie de basket.
L'objectif de Scherbak à l'été 2017 était de demeurer en forme afin de ne pas être à la traîne lorsqu'il sauterait sur la glace pour le camp d'entraînement à l'automne. Malgré le fait que l'attaquant de 22 ans visait un poste avec le grand club pour entamer la saison 2017-2018, les choses ne se dont pas déroulées telles que prévues.
Scherbak admet qu'il a été déçu de son camp d'entraînement, qui a résulté par son envoi à Laval pour entamer la saison. Cependant, il savait très bien que tout le travail accompli au cours de l'été finirait par payer.
«Personnellement, je pense que j'ai trop réfléchi un peu, principalement au camp d'entraînement. Je n'ai pas eu un grand camp. Évidemment, tout le monde le sait et en parlait beaucoup. Je ne l'ai pas aimé» a admis Scherbak, qui n'a pas amassé de point, obtenu huit tirs au but et présenté un différentiel de -1 en trois rencontres de présaison avec les Canadiens. «Ça appartient au passé, mais peut-être que j'aurais pu faire mieux, faire autre chose. Dans le hockey, tu dois avoir la mémoire courte et passer à autre chose.»
«J'ai eu un bon été d'entraînement. Je savais que ça finirait par payer. Mentalement, j'étais prêt à faire l'équipe, et c'était mon but de jouer quelques matchs avec les Canadiens. Après le camp, j'ai été envoyé à Laval. J'étais déçu de moi-même. Je me suis dit que je devais y retourner le plus rapidement possible, et je savais que je pouvais le faire parce que j'étais préparé, j'étais en forme. Je savais que si je travaillais fort, les choses tourneraient en ma faveur.»

L'ailier de 6'2'' et 192 livres s'est servi de sa déception comme source de motivation et il a connu un excellent départ avec le Rocket pour le lancement de la saison inaugurale de l'équipe à la Place Bell, lui qui a amassé neuf points en six rencontres avec le club-école du Tricolore avant d'être rappelé le 22 octobre.
«J'avais pour mentalité que je voulais mériter ma place, et la mériter le plus rapidement possible. Pas juste d'être un joueur rappelé, mais d'y rester le plus longtemps possible afin que je puisse démontrer ce que je peux faire à un niveau de jeu élevé, et pas seulement au niveau de l'AHL - qui est un niveau de jeu assez fort aussi» a souligné Scherbak. «Mais c'est différent dans la LNH. Il y a beaucoup plus de talent, tu as besoin d'être plus concentré. Tu dépenses beaucoup plus d'énergie parce que les joueurs sont plus forts et plus costauds, et tu dois être conscient de ce qui se passe en tout temps. Les joueurs peuvent sortir de nulle part et obtenir une chance de marquer de qualité si tu perds de vue ton défenseur. J'ai appris cela.»

Scherbak gagnait en confiance et il était bien heureux de son rappel, mais à son deuxième match - le 26 octobre contre Los Angeles - il s'est blessé. Il croyait être en mesure de jouer malgré ce qui venait d'arriver à son genou droit et il a tenté un retour, mais quand il a essayé de tourner dans le coin, il a pris pleinement conscience de la gravité de sa blessure.
«J'étais vraiment, vraiment frustré dans le vestiaire, mais Claude [Julien] est venu me voir et il m'a dit que j'avais bien joué et que ça faisait partie du hockey. Ça arrive, ça fait partie du jeu. Tu n'es jamais en sécurité» se rappelle Scherbak, qui a subi une opération quelques jours après sa blessure. «Je garde en tête que ça fait partie du hockey et qu'il n'y a rien que je puisse y changer. Je peux juste penser à mon futur, travailler fort chaque jour, guérir le plus rapidement possible et revenir au boulot.»
Une période de rétablissement de six semaines l'attendait, cependant, et sa mobilité a été réduite si bien qu'il a dû se soumettre à une thérapie et un processus de réhabilitation avant de pouvoir revenir au jeu.
Scherbak a enfilé l'uniforme du Rocket à nouveau à la mi-décembre, affirmant lui-même qu'il était surpris par la facilité avec laquelle il est revenu à son niveau de jeu. Ce n'est pas avant le début du mois de février, cependant, qu'il a reçu de nouveau l'appel de Montréal. Il a disputé sept rencontres, majoritairement sur une ligne avec Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk et amassant un but et deux aides, tout en maintenant une moyenne de 14 minutes de temps de glace par match.

Après un autre séjour de 10 jours dans les mineures, Scherbak a été rappelé de nouveau. Il a fait sentir sa présence dès son arrivée lorsqu'il a inscrit le but d'assurance dans une victoire de 3 à 1 face aux Islanders à la maison, à son premier match depuis son retour. Il a disputé 17 des 19 dernières rencontres de la saison régulière et a senti qu'il prenait son envol aux côtés de deux visages familiers - Julien l'a souvent jumelé avec un de Charles Hudon ou Daniel Carr (et parfois les deux), deux anciens coéquipiers de Scherbak dans l'AHL.
«Oui, j'ai joué souvent avec Hudy, spécialement à St. John's. Je savais quel genre de joueur il était, qu'il a un bon lancer et que je devais le trouver pour lui donner de bonnes chances de marquer» a vanté Scherbak, qui a récolté trois buts et 25 tirs au but dans le dernier mois et demi de la saison. «J'aime jouer avec lui. Il est vraiment talentueux.»
Dans ce qui a été une saison difficile pour l'équipe, Scherbak a montré, Scherbak a montré des signes prometteurs avec son jeu dans les circonstances. L'un de ces moments en particulier est une séquence face aux éventuels champions, les Capitals de Washington, qui a émerveillé la foule du Centre Bell et qui lui a valu l'admiration des partisans.

«Bien sûr, ce moment m'a probablement donné beaucoup de confiance. C'est mon style de jeu, c'est ce que j'aime faire. Je n'avais jamais connu une telle séquence dans la LNH, alors j'espère que c'était la première de plusieurs. J'ai eu du plaisir. C'était assez fou de voir la réaction des partisans. Honnêtement, j'étais surpris. C'est quelque chose avec lequel tu dois faire attention, tu ne veux pas commettre un revirement à la ligne bleue, spécialement quand tu es un jeune joueur. Mais des moments comme celui-là, ça va arriver. Pour moi, à titre de joueur, avec le type de joueur que je suis, je dois prendre avantage de moments comme cela et montrer mon talent, en montrer davantage, essayer de battre les joueurs à un contre un» explique Scherbak. «Ça m'a donné un élan de confiance, c'est certain. C'est quelque chose que je rêve de faire à un niveau élevé. Je l'apprécie tout autant que les partisans.»
Cet été, Scherbak s'est engagé à demeurer à Montréal. Au complexe sportif Bell de Brossard où il s'entraîne, l'attaquant des Canadiens a dit qu'il prévoyait travailler sur son coup de patin et espérait améliorer sa force de bas du corps, afin d'amener son jeu dans les coins et devant le filet à un autre niveau.
Comme il ne prévoit pas retourner en Russie cette année, Scherbak profite des avantages que les étés montréalais ont à offrir. Lorsqu'il s'ennuie de la maison, il se rend dans le Vieux Montréal - qui lui rappelle son chez lui - et cela l'aide à se rapprocher de sa maison.

«J'ai bien apprécié les derniers étés que j'ai passé ici. C'est une bonne ville, ça fait du bien d'être ici. Il y a plusieurs choses à faire, plusieurs restaurants, plusieurs activités. C'est vraiment beau, surtout le Vieux Port pendant l'été» a décrit Scherbak, qui a établi domicile près du Centre Bell. «C'est vraiment un style européen, alors si jamais je suis triste, je prends une marche là-bas et ça me met dans une meilleure humeur.»

Dans le vestiaire, Scherbak a beaucoup apprécié être entouré par le noyau de vétérans de l'équipe et après avoir goûté à la vie dans la grande ligue l'an dernier, il espère pouvoir passer beaucoup plus de temps avec eux cette saison.
«Les joueurs plus vieux se préoccupent des plus jeunes. Ils veulent que nous réussissions et que nous soyons des gagnants. Surtout dans cette ville, il y a beaucoup de pression; je ne crois pas que personne n'aime perdre dans cette ville. Tout le monde veut ramener la coupe en ville. Ils sont incroyables, ils sont fantastiques» a-t-il conclu. «Je ne pourrais demander mieux, tout le monde est vraiment cool et ils s'entraident tous. C'est beau à voir.»