Les 45 jours de hockey de Noël: édition Marc Bergevin

MONTRÉAL -- Affirmer que Marc Bergevin et son entourage ont été occupés lors des deux derniers mois serait l'euphémisme de la décennie.

Depuis le début du mois de septembre, les Canadiens ont effectué 36 mouvements de personnel au niveau de la LNH et de la AHL.
Vous avez bien lu. 36.
C'est la version hockey des Douze jours de Noël.
Chantons ensemble :
13 prolongations de contrat, neuf ententes de la AHL, six transactions, cinq prêts en Europe, deux signatures de joueurs autonomes et un rachat de contrat tout en haut du pommier.
Avec tout ça en tête, allons voir en détail certaines statistiques reliées à ces mouvements de personnel pour mieux comprendre l'appréciation grandissante qu'ont les analystes et les partisans envers le département hockey de l'équipe.
Jeff Petry
Pendant plusieurs années, Jeff Petry a été perçu comme étant un défenseur sous-estimé. Et bien que le monde du hockey apprécie de plus en plus la valeur d'un défenseur capable de faire circuler la rondelle, la critique sous-jacente qui affirme que ce type de défenseur comporte toujours son lot de risques existe toujours.
Ce n'est toutefois pas le cas de Petry.
En fait, lorsque Petry est sur la patinoire, les Canadiens accordent bien moins de tirs et de chances de marquer que les moyennes de l'équipe et de la Ligue.
Il est aussi un excellent candidat pour rappeler qu'il est difficile d'évaluer un joueur dans un système différent. Il y a tout simplement trop de variables qui entrent en ligne de compte. Parmi ces variables, notons les coéquipiers, les entraîneurs, la compétition interne, le temps de jeu et bien plus.
Bien que certains indices laissaient croire que Petry était sous-estimé avant sa venue avec les Canadiens, ses statistiques (qui se situaient en dessous de 50%) se sont grandement améliorées dès son arrivée à Montréal en 2014-2015.
[Les statistiques ci-dessous servent à juger de l'impact d'un joueur lorsqu'il est sur la patinoire. Par exemple, en 2019-2020, les Canadiens ont contrôlé 56,7% des tirs lorsque Petry se trouvait sur la glace.]

Petry était tout simplement un diamant brut qui s'est fait offrir une chance de briller à Montréal.
Sa valeur va au-delà de sa capacité à réduire le nombre de chances de marquer qu'affronte son gardien. Il est aussi l'un des défenseurs de la LNH dont la production est la plus constante.

Parmi ses 74 buts en saison et en séries, 15 étaient vainqueurs, une autre statistique qui démontre l'importance de Petry chez les Canadiens.
Il est aussi à l'origine d'une théorie du hockey qui s'avère incontestable jusqu'à présent : l'effet Petry®.
L'effet Petry® affirme que n'importe quel joueur jumelé à Jeff Petry verra ses statistiques et sa production augmenter, même s'il fait face à une opposition bien plus grande que d'habitude.
En résumé, Petry améliore la défensive, se classe parmi les défenseurs les plus fiables et productifs de la Ligue, inscrit des buts décisifs à un rythme plus élevé que la plupart des joueurs étoiles et rend meilleur son partenaire en défense.
Oh, et sa famille est adorable. C'est le genre d'intangible qu'il est impossible de quantifier, à moins d'utiliser l'émoji 100.
Brendan Gallagher
Vous avez probablement tous déjà entendu parler de la capacité de Gallagher à dominer à 5-contre-5. En fait, la légende dit que si vous écoutez attentivement, le soir, vous pouvez entendre une personne scander des statistiques reliées à Gallagher au sommet du mont Royal.
Mais si vous n'avez pas entendu ma voix -- je veux dire, cette voix inconnue -- voici un rappel.
Depuis 2017-2018, à 5-contre-5, Gallagher se retrouve au cinquième rang de la LNH pour les buts, au premier pour les tirs, au premier pour les tirs dangereux, au premier pour les occasions de rendre les gardiens adverses fous*, au premier pour les tentatives de contre-attaques, au premier pour les rebonds créés, au premier pour la part de tirs chez les attaquants et au premier pour les buts attendus.
Et voici sa particularité : il a accompli cela avec un temps de jeu moins élevé que ses adversaires.
Par exemple, les 331 tirs dangereux de Gallagher représentent, et de loin, le meilleur total à travers la Ligue lors des trois dernières saisons. Nathan MacKinnon vient au deuxième rang dans cette catégorie avec 304 tirs dangereux.
Quelle est la plus grande différence? Gallagher a fait cela en jouant presque 800 minutes de moins que son plus proche poursuivant.
Le même principe s'applique à sa capacité de marquer des buts qui, en matière pure de chiffres, se rapproche des meilleurs francs-tireurs de la Ligue. Seulement quelques joueurs ont réussi à inscrire plus de buts à 5-contre-5 que Gallagher dans les dernières années. Des quatre qui y sont parvenus, trois étaient de premiers choix au total à leur année de repêchage (Auston Matthews, Alexander Ovechkin et Connor McDavid).
C'est un exploit assez impressionnant, surtout lorsqu'on considère que Gallagher a été sélectionné au cinquième tour, mais le meilleur reste à venir.
Lorsqu'on évalue ces statistiques par 60 minutes passées sur la patinoire, le talent de Gallagher pour marquer des buts à 5-contre-5 devient plus évident.

Évidemment, en ce qui concerne Gallagher, ce n'est pas seulement une question de statistiques.
Il traverserait mur après mur comme le bonhomme Kool-Aid pour chercher à marquer un but, même dans une cause perdue. C'est ce qui fait de lui un joueur spécial. Il n'arrête jamais et fait tout ce qu'il faut pour que son équipe gagne.
Mais même en enlevant les éléments qui font tant la particularité de Gallagher (sa ténacité, son éthique de travail, sa détermination qui rend tous les blaireaux jaloux et son énergie sans fin) et en ne nous concentrant que sur les statistiques, il demeure l'un des meilleurs joueurs à 5-contre-5 des temps modernes.
Bien qu'il ne fasse aucun doute que ces intangibles l'ont mené jusqu'où il est, il serait faux de penser que ce que Gallagher a accompli n'est dû qu'à son travail acharné.
Plusieurs joueurs travaillent fort, mais Gallagher combine détermination et talent indéniable.
En fin de compte, c'est ce qui fait en sorte qu'il est un joueur spécial. Il est l'exemple parfait du joueur complet.
Défense
« Tu n'as jamais assez de défenseurs. » -- Tous les directeurs généraux de l'histoire de la LNH, incluant Marc Bergevin.
Avec l'ajout de Joel Edmundson, les Canadiens ont présentement une douzaine de joueurs qui lutteront pour un poste à la ligne bleue, une fois que la saison 2020-2021 se mettra en branle. Et la grande majorité d'entre eux ont déjà disputé plusieurs centaines de matchs en carrière.
Après avoir renforcé sa défensive, Marc Bergevin a ajouté une autre pièce au casse-tête, cet été : un gardien substitut fiable et expérimenté.
Le potentiel impact de Jake Allen ne devrait pas être ignoré. En fait, j'irais même jusqu'à dire que son acquisition pourrait s'avérer la meilleure décision de Bergevin lors des dernières années.
D'abord, un Carey Price reposé permet à un Carey Price d'être dominant. Et la seule façon de lui donner du repos est en comptant sur les services d'un gardien réserviste fiable qui ne gardera pas seulement le fort, mais qui mènera plutôt son équipe vers la victoire même lorsqu'elle ne joue pas à son plein potentiel.
C'est à ce moment que le pourcentage d'arrêts d'Allen à 5-contre-5 lors des trois dernières années (,922) et sa moyenne élevée de buts sauvés (4,9) devraient s'avérer déterminants.
Il y a aussi la réalité que la prochaine saison offrira un calendrier très condensé. Nous ignorons encore à quoi ressemblera cette saison en raison de la situation actuelle, mais nous savons tout de même qu'il y a de fortes chances que les gardiens ne pouvant compter sur un bon adjoint ne pourront profiter de beaucoup de repos. Allen agit à titre de police d'assurance dans l'une des positions les plus importantes du sport.
Du renfort chez le Rocket
Nous ne savons toujours pas quand commencera la saison de la AHL, mais le Rocket de Laval aura beaucoup de renfort lorsque les activités reprendront.
En plus des prolongations de contrats LNH accordées à des joueurs comme Michael McNiven, Joseph Blandisi, Jake Lucchini et autres, les Canadiens se sont entendus avec neuf joueurs de la AHL, dont Kevin Lynch, l'un des attaquants les plus fiables chez la troupe de Joël Bouchard.
Étant donné l'arrivée de plusieurs espoirs à Laval, le personnel d'entraîneurs se doit de trouver le bon équilibre entre la victoire et le développement, avec une légère emphase sur ce dernier. Lynch est exactement le genre de joueur qui devrait faciliter l'équilibre victoire-développement en raison du fait qu'il est d'accord pour occuper un certain rôle, tout en ayant le talent pour évoluer au sein des deux premiers trios, au besoin.
Josh Anderson
Monsieur Anderson…
Avant de parler de ce qu'amène Josh Anderson à l'équipe (des buts, de la vitesse et sa capacité à tenir bon, physiquement), revenons sur sa plus récente -- et décevante -- saison.
Il y a une certaine vérité en ce qui concerne les statistiques : il y aura presque toujours des valeurs aberrantes. L'important est de déterminer quelle saison représente vraiment la valeur d'un joueur.
Pour Anderson, dont le pourcentage de tirs à 5-contre-5 se situe à environ 10%, la dernière saison a certainement été l'intruse et les chances que son faible pourcentage de tirs se répète sont minces. Cette baisse devrait se redresser, surtout lorsqu'on sait qu'Anderson jouera dorénavant avec un club qui a tendance à tirer plus souvent que l'adversaire.
Passons maintenant aux choses amusantes : Anderson semble avoir un impact positif sur son équipe en ce qui a trait aux buts, aux buts attendus et aux chances de marquer.
Et il ne marque pas seulement des buts en ayant le dessus sur les défenseurs, bien que cela soit normal en raison de sa taille.
Il détient ce talent de tireur qui lui permet de battre les gardiens de but même lorsqu'ils voient parfaitement la rondelle; que ce soit d'un tir des poignets ou du revers. Jumelez son tir à sa vitesse et à son penchant pour la zone dangereuse et vous vous retrouvez avec tous les ingrédients nécessaires pour qu'un attaquant de qualité puisse jouer un rôle primordial lorsqu'un match devient très physique.
Tyler Toffoli
Il existe un vieil adage dans le monde du hockey qui s'applique au fait de marquer des buts : Dirigez la rondelle vers le filet et de bonnes choses se produiront.
Peu de joueurs peuvent rivaliser avec Gallagher lorsque vient le temps de générer des tirs en fonction de leur temps de jeu.
Toffoli est l'un de ceux-là, alors qu'il se classe au septième rang de la LNH à ce chapitre, pour les trois dernières saisons.

Son tir explique en partie pourquoi il est parvenu à inscrire plus de 20 buts à quatre reprises dans sa carrière, ce qui inclut une saison de 30 buts en 2015-2016.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là.
À l'instar de Gallagher, les statistiques de Toffoli sont vraiment bonnes.
Mis à part certaines exceptions au cours de sa carrière, le taux de tir de Toffoli, son taux de chances de marquer et son taux de buts -- situés entre 55 et 60% -- ont toujours été au-dessus des moyennes de la Ligue.
Toffoli semble être le joueur idéal pour se mouler à une équipe qui fait déjà du contrôle de la rondelle l'une de ses priorités, surtout lorsqu'on considère qu'il a déjà prouvé être en mesure de trouver le fond du filet sur une base régulière, et ce, à tous les niveaux.
\pas encore une statistique officielle de la LNH...
Toutes les statistiques proviennent de [Natural Stat Trick.]*