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MONTRÉAL - Des mini-bâtons au hockey dans la rue, des jeux vidéo aux jeux de société, les frères Charlie, Andrew et Ryan Lindgren n'ont jamais été tendres les uns envers les autres lorsqu'ils étaient jeunes.

Ce qui n'est pas anormal pour des frères, évidemment, surtout lorsqu'ils étaient enfants.
«C'était assez fou. On était très compétitifs, les trois. Si l'un de nous perdait à quelque chose, je me rappelle qu'on ne se parlait pas pendant des heures. C'était comme ça. On s'attendait tous à gagner dans tout ce qu'on faisait. Il y a eu pas mal de manettes qui ont été lancées et plusieurs parties arrêtées en plein milieu, que ce soit à NHL ou Madden. Honnêtement, je crois que NHL était le plus fâchant, se souvient Charlie en riant.
«C'était ce genre de jeu qui dérapait tout le temps. On se fâchait contre le jeu chaque fois qu'on perdait.»

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Sur la glace, toutefois, les frères Lindgren utilisaient leur esprit compétitif pour avoir la mesure de leurs opposants, ce qui les a ultimement aidés à faire chemin vers leur carrière de hockeyeur respective, avec Charlie en file de tête.
Remarquable entre les poteaux à l'Université St. Cloud State, le plus vieux du clan Lindgren, âgé de 23 ans, a paraphé une entente en tant que joueur autonome avec les Canadiens au terme de sa campagne junior et a excellé à sa première année chez les professionnels, en présentant une fiche de 24-18-6 avec les IceCaps de St. John's dans la Ligue américaine de hockey. Il a également remporté ses deux départs dans la LNH lorsqu'il a été rappelé par le grand club, contre les Panthers de la Floride et les Red Wings de Détroit, au début du mois d'avril.
Comme Charlie, Andrew, 20 ans, est lui aussi gardien de but. Après un passage de deux ans dans la North American Hockey League, il a choisi d'évoluer pour l'Université Saint John's dans la Minnesota Intercollegiate Athletic Conference, où il a complété sa première saison en 2016-2017.
Pour sa part, Ryan, âgé de 19 ans, joue à la position de défenseur. Il devrait devenir le premier joueur de deuxième année en huit saisons à occuper les fonctions d'adjoint au capitaine à l'Université du Minnesota. Il a été sélectionné au 49e rang du repêchage de 2016 à Buffalo par les Bruins de Boston et a aidé l'équipe américaine à mettre la main sur la médaille d'or au Championnat mondial junior 2017 à Montréal.
Ces jours-ci, la rivalité entre les frères a laissé sa place au soutien mutuel.
«On a un groupe de discussion par messagerie texte, un groupe Snapchat et on utilise aussi l'application Houseparty. On a plusieurs groupes en même temps. Avec la technologie d'aujourd'hui, c'est facile de rester en contact, peu importe où on se trouve. Le hockey est toujours un sujet de discussion, mais on se parle également de ce qui se passe à l'école et comment chacun progresse, explique Charlie, qui comprend bien l'expérience collégiale de ses frères, ayant aussi passé par là.
«On essaie de toucher un peu à tout quand on se parle, c'est ce qu'il y a de mieux dans nos conversations.»
«Reste qu'on aime toujours s'agacer entre nous. C'est moitié-moitié, je dirais. C'est ça être frères et avoir du fun, ajoute Charlie.
«Les autres fois, tu dois démontrer ton soutien et aider. La vie n'est pas toujours parfaite, donc on fait un peu des deux. On se parle tous les jours et on est très proches.
Un des moments mémorables reliés au hockey que les frères ont partagés ensemble dans les récentes années est survenu en juin dernier lors que le nom de Ryan a été appelé par les Bruins au KeyBank Center.
«J'étais vraiment fier de lui. Ç'a été la première réaction. Le repêchage était très stressant à regarder. Lorsqu'il a été choisi, la famille était très excitée. Puis, assez rapidement, on s'est dit - "La rivalité Canadiens-Bruins est l'une des plus grandes au hockey". On espère pouvoir la vivre ensemble prochainement, déclare Charlie, sur la probabilité de faire face à son plus jeune frère dans la LNH.
«C'était incroyable de le voir atteindre son but, en sachant tout le travail qu'il a mis là-dedans. C'était très mérité. Je crois qu'il a une grande carrière devant lui.»

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Deux mois et demi plus tôt, Ryan n'avait pu faire le voyage jusqu'en Caroline du Nord pour voir Charlie effectuer ses débuts dans la LNH - une victoire de 4 à 2 face aux Hurricanes. À ce moment-là, le futur choix de deuxième tour portait les couleurs de son pays au Championnat mondial des moins de 18 ans au Dakota du Nord. Charlie savait qu'il était avec lui en pensée, à l'encourager aux côtés d'Andrew et de ses parents, Bob et Jennifer, qui ont tous pris un vol de dernière minute de Minneapolis pour être présents.
«Avoir Andrew là-bas a été quelque chose de spécial. Ryan ne pouvait croire certains des messages texte que j'ai reçus après le match. Il était très émotif de me voir là-bas. Je crois que c'est un rêve qu'on partageait les trois en grandissant. D'atteindre ce niveau-là, c'était génial. C'est tout ce à quoi on rêve», avoue Charlie, qui a réalisé 26 arrêts dans son duel contre l'une de ses idoles de jeunesse, Cam Ward.
«C'est une soirée que je n'oublierai jamais. Ça voulait tout dire d'avoir leur appui.»

Leur complicité, toutefois, ne s'arrête pas l'aréna. Lorsque Charlie retourne à la maison pour la saison morte, passer du temps en famille est toujours la priorité.
«Lorsqu'on est ensemble, c'est toujours du bon temps, peu importe ce qu'on fait. Je crois que c'est très important de prendre ce temps. Ces deux gars-là sont mes meilleurs amis et on va le rester pour le reste de nos vies, dit Charlie, qui passe ses étés au Minnesota.
«On aime pêcher ensemble, on y va souvent. On joue aussi beaucoup au tennis. Ça reste compétitif, mais on passe du bon temps.»
Est-ce que l'une de ces activités dans les prochains mois inclura une séance sur glace pour que Ryan puisse pratiquer ses tirs sur lui? Seul le temps le dira.
«Je crois que je vais le laisser prendre des tirs sur moi cet été. Je ne suis toujours pas habitué que ce soit une situation perdante pour moi. Il s'attend à ce que je le stoppe, mais s'il marque, je vais en entendre parler pendant trop longtemps. On va voir. Ce sera peut-être un long été si c'est le cas», conclut Charlie en riant.