Shea Weber Man Mountain FR

Cela peut sembler impensable, mais Shea Weber a été négligé à quelques reprises au cours de sa carrière.

Pour la première fois, Weber n'a pas été réclamé lors du repêchage de la Ligue de l'Ouest (WHL). Avant de mesurer 6pi3p, il n'était qu'un adolescent de 5pi10p qui évoluait à différentes positions. C'est lors de sa deuxième année au niveau Bantam qu'il a décidé de s'établir comme défenseur.

Quoi qu'il en soit, rien de tout cela n'a empêché Weber d'aider les Rockets de Kelowna à remporter deux championnats de la WHL en plus de mettre la main sur la Coupe Memorial en trois participations entre 2003 et 2005.

La deuxième fois, c'était lors de son année de repêchage dans la LNH, alors que 14 défenseurs ont été choisis avant que les Predators de Nashville ne jettent leur dévolu sur Weber avec le 49e choix au total en 2003.

En se penchant sur le repêchage quelques années plus tard, l'ancien assistant au directeur général de Nashville, Paul Fenton, a déclaré au journal The Province que les Preds voulaient consolider leur brigade défensive cette année-là et que la stratégie consistait à sélectionner plusieurs défenseurs dans l'espoir que certains d'entre eux se démarqueraient. Le fait que Weber se soit imposé en tant que joueur d'élite, a-t-il dit, est peut-être le résultat d'un brin de chance.

Cependant, les opinions étaient divergentes au sein de l'organisation. C'était notamment le cas chez l'ancien entraîneur-chef de Weber à Nashville, Barry Trotz.

« Tu bâtis de bonnes équipes avec de bons défenseurs et des gens de qualité », a décrit Trotz, qui a été l'entraîneur-chef de Weber de 2005-2006 à 2013-2014. « Les Predators étaient à la recherche de quelques trucs: ils cherchaient un gars avec un très bon caractère, un bon gabarit et un joueur qui venait d'une organisation gagnante. »

Trotz a rappelé que même si les dépisteurs de Nashville étaient très satisfaits de son compagnon en défense Ryan Suter - que les Preds ont sélectionné avec le septième choix au total lors de la même année - cela ne signifie pas qu'ils ne savaient pas ce qu'ils obtenaient en mettant la main sur Weber.

« On avait de très bonnes relations avec l'équipe de Kelowna. Je viens de cet endroit, mais nos dépisteurs étaient très proches des gens de Kelowna », a-t-il partagé. « Chaque année lors du repêchage, tu tentes d'identifier les joueurs avec du caractère et certaines habiletés. »

« Shea n'a pas déçu. »

D'ailleurs, le propriétaire des Rockets, Bruce Hamilton, avait prédit à juste titre que Weber arborerait un jour le ''C'' sur son chandail.

Hamilton avait dit à son ami Trotz que les Predators « adoreraient » Weber, et il n'a pas fallu longtemps pour que les gens de Nashville comprennent pourquoi.

« Lorsqu'il est arrivé au camp, on l'a remarqué immédiatement. Il se comportait comme un homme. Même s'il n'était qu'un jeune homme à l'époque, il était très mature », s'est rappelé Trotz. « Il était très respectueux et diligent, tout ce que vous voyez chez lui en ce moment alors qu'il est capitaine des Canadiens de Montréal… on l'a vu tout de suite. On savait qu'à un moment donné, il serait le meneur chez les Predators de Nashville. Toutes ces choses que vous voyez à Montréal, les jeunes à Nashville ont aussi eu l'occasion d'avoir un grand leader comme lui. »

Après avoir été repêché, Weber a soulevé la Coupe Memorial avec les Rockets en 2004 avant de remporter la médaille d'or avec le Canada au Championnat mondial junior en 2005.

Limité à seulement 28 matchs lors de sa première saison dans la LNH en 2005-06, il a enchaîné avec une campagne de 17 buts et 40 points lors de sa deuxième année.

Lorsqu'il est devenu le premier choix de Nashville à être nommé capitaine des Predators en 2010, il avait déjà trois saisons d'au moins 15 buts derrière la cravate - et ce en seulement cinq saisons dans la LNH.

Reconnu pour son puissant tir sur réception, Weber a perfectionné son art durant de nombreuses heures dans sa cour arrière à Sicamous, en Colombie-Britannique, avec son père James. Dans le cas de Shea, l'entraînement a porté fruit - il a déjà fait un trou dans le filet avec son tir durant un match contre l'Allemagne lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver, et il a remporté le Concours du tir le plus puissant à quatre occasions en sept apparitions au Match des étoiles - mais son tir n'est qu'un simple aspect de son jeu.

« Il est reconnu pour son tir, mais il est beaucoup plus habile et il possède plus de finesse qu'on le pense. Il fait beaucoup de bruit lorsqu'il est sur la glace », a décrit Trotz à propos de Weber, qui a remporté l'or avec le Canada en 2010 et aux Jeux de Sotchi en 2014. « Il est habituellement devant le filet ou le long des rampes, et il a ce puissant tir de la pointe. Il a de très bonnes habiletés et une excellente attitude pour n'importe quelle organisation, surtout en tant que leader. »

« On ne peut pas avoir de succès en tant que groupe sans un bon leadership. Shea était un joueur vers qui je pouvais me tourner. Je pouvais lui demander, « Qu'en penses-tu? », et il était très honnête ou il me disait, « Je m'en occupe, laisse-moi faire ». C'est ce qui est génial avec Shea: il a toujours été un gagnant. Il a gagné à Kelowna, il a gagné au niveau de la Ligue américaine, au Championnat mondial junior, aux Jeux olympiques… il a toujours connu du succès. Il est une grande partie du succès, et il le comprend. Il faut faire certaines choses pour apprendre à gagner, et il a réussi à le faire à tous les niveaux. »

Après 11 saisons à Nashville, Weber a été échangé à Montréal dans le fameux échange contre PK Subban, et il a été nommé le 30e capitaine dans l'histoire des Canadiens avant le début de sa troisième campagne dans la Mecque du hockey.

Shea Weber nommé capitaine des Canadiens de Montréal

Avant même d'arborer le ''C'' sur son chandail, Weber était déjà intimidant sur la glace. Par contre, l'homme des montagnes est un gentil géant en dehors de la glace, du genre à inviter les recrues chez lui pour des barbecues.

« Ce que les gens ne réalisent pas vraiment, c'est à quel point il est bon en dehors de la glace. Le rôle qu'il joue au sein de notre équipe, en intégrant les jeunes et les nouveaux joueurs afin de s'assurer qu'ils sont à l'aise et en leur apprenant la manière d'agir comme un professionnel. Il n'y a pas beaucoup de joueurs de la sorte dans la Ligue, et c'est tellement naturel chez lui; c'est le genre de personne qu'il est, il est un leader naturel », a souligné Brendan Gallagher au sujet de Weber, qui a remporté le trophée Mark Messier en 2015-2016 lors de sa dernière saison à Nashville. « Les gens veulent le suivre, et il a cette façon de le faire, tout simplement en étant capable d'apprendre aux autres la bonne façon de faire les choses. Pour une organisation comme Montréal, on est très chanceux d'avoir un capitaine de sa trempe. »

Alors que prend fin sa carrière de joueur, il vaut la peine de mentionner que Weber n'a pas seulement mené par des intangibles; il s'est démarqué à des chapitres très concrets également. Il quitte en étant le meilleur buteur de la LNH parmi les défenseurs actifs; il se classe au 10e rang dans l'histoire pour le plus grand nombre de buts en supériorité numérique chez les défenseurs; il est à égalité au 15e rang dans l'histoire pour le plus grand nombre de buts gagnants parmi les défenseurs; et ses 10 saisons de 15 buts ou plus le placent à égalité au cinquième rang dans l'histoire de la LNH chez les défenseurs.

Évidemment, Weber a pu conclure sa prolifique carrière par un séjour en finale de la coupe Stanley. Et, bien qu'il ne soit pas rentré au bercail en possession du précieux trophée, il s'est dit reconnaissant d'avoir vécu cette expérience et heureux d'avoir pu la traverser avec l'équipe qu'il avait, un club tissé serré largement grâce au gars arborant le « C » sur son chandail.

« Ce groupe a beaucoup de caractère et a affronté beaucoup d'adversité, cette année. On a prouvé à beaucoup de gens qu'ils avaient tort à notre sujet, et ce, pendant une année difficile où rien n'était normal », s'est rappelé Weber, qui a inscrit un but et six points, mené les siens avec un différentiel de +4 et terminé avec deux secondes de moins de temps de jeu que Ben Chiarot -- bon pour le deuxième rang du Tricolore --, en 22 matchs de séries. « Les gars se sont serré les coudes et ont travaillé fort. Je n'échangerais ça pour rien au monde. Je suis super fier de ces gars. »

Si l'on se penche sur la carrière de Weber, on peut se demander s'il a été négligé durant toutes ces années.

Au lieu de cela, la raison pour laquelle les dépisteurs et les directeurs généraux n'étaient pas en mesure de le voir lors de ces journées de repêchage était peut-être simplement parce qu'ils ne regardaient pas assez haut.