Matthews_McDavid

Ils n'ont pas encore 20 ans, mais ils ont déjà le lourd mandat de relever chacun une concession à bout de bras.
Rien que ça.

Les attentes envers Auston Matthews des Maple Leafs de Toronto et Connor McDavid des Oilers d'Edmonton sont-elles démesurées dans un monde hyper médiatisé?
Est-ce trop de pression pour des joueurs qui ont encore la couche aux fesses?
La question mérite d'être posée.
Ils ont le dos large, les deux jeunots. Et ils ont certainement un talent aussi rare qu'exceptionnel.
Chose certaine, ils ne font rien pour diminuer les exigences de leurs admirateurs et critiques, qui en veulent toujours un peu plus.
C'est bien connu, les premiers de classe, match après match, sont condamnés à l'excellence.
Matthews, à son premier match dans l'uniforme des Maple Leafs, a réalisé l'improbable : une performance de quatre buts s'il vous plaît. Du jamais vu pour une recrue.
McDavid? La jeune vedette des Oilers, à ses trois premiers matchs, a récolté six points. Certains observateurs le voient déjà comme un sérieux candidat au trophée Art Ross. Imaginez.
Matthews est perçu comme le sauveur des Maple Leafs, qui n'ont pas gagné la Coupe Stanley depuis 1967.
Et McDavid est déjà considéré comme la nouvelle version de Sidney Crosby dans un marché qui a déjà été le royaume d'un certain Wayne Gretzky. Les Oilers ont raté les séries éliminatoires de la Coupe Stanley au cours des dix dernières années et McDavid a pour mandat de mettre un terme à cette série noire.
Déjà capitaine
Ce n'est pas tout. Même s'il n'a que 19 ans, les Oilers l'ont bombardé du titre de capitaine. Comme s'il n'en avait déjà pas suffisamment sur les épaules.
Il aura beau prêcher par l'exemple, comment s'y prendra-t-il pour rappeler à l'ordre un joueur de 25, 26 ou 27 ans?
Cela dit, il ne fait aucun doute que les deux coqs ont déjà acquis beaucoup de maturité. À se mesurer la plupart du temps à des joueurs plus âgés, souvent plus costauds, ils ont vieilli plus vite.
Il suffit de les observer pour s'en convaincre. Peu importe les situations, ils affichent un calme étonnant. Devant l'adversaire et les journalistes, ils ne sont jamais à court de réponses.
Oui, ils sont doués. Fort doués même. Et certainement capables de grandes réalisations dans des marchés de hockey particulièrement exigeants, des marchés qui tentent de retrouver leurs lettres de noblesse après des années de misères.
Mais quelque part, on leur demande d'avoir 24 ou 25 ans avant même de fêter leurs 20 ans.
C'est beaucoup leur demander.
Mais à tort ou à raison, c'est là le lot des p'tits Mozart du sport professionnel.
Comme un livre d'histoire
Si Gordie Howe a été le locataire le plus célèbre de l'Olympia de Detroit, Steve Yzerman a probablement été le locataire le plus populaire du Joe Louis Arena.
Les Red Wings de Detroit, on le sait, disputent une dernière saison au Joe Louis Arena, baptisé en l'honneur de l'ancien roi des poids lourds, Joe Louis, avant d'aménager dans un nouvel amphithéâtre, l'an prochain.
Oui, c'est la fin d'une époque.
Au Joe Louis Arena, les Red Wings, avec Yzerman comme chef de file, ont envoyé bien des adversaires au tapis.
Entre 1979, l'année d'inauguration de ce château fort, et 2016, les Wings ont notamment remporté la Coupe Stanley quatre reprises en plus de signer un record de 23 victoires consécutives à domicile (2011-2012).
À une certaine époque, ils se voulaient, grâce à leur vitesse, leur créativité et leur flair pour débusquer des talents souvent méconnus au repêchage, le meilleur show en ville.
Toutes les équipes, sans exception, redoutaient un rendez-vous avec les Red Wings au Joe Louis Arena.
C'était l'équivalent ou presque d'un rendez-vous chez le dentiste.
Leurs craintes étaient justifiées : Yzerman, Brendan Shanahan, Nicklas Lidstrom, Chris Chelios, Sergei Fedorov et Dominik Hasek, entre autres, représentaient un défi à la fois considérable et intimidant.
Un immeuble défraîchi ne sera toujours qu'un immeuble défraîchi, diront certains avec raison, d'ailleurs.
Mais le Joe Louis Arena est bien plus que cela. Pour des milliers et des milliers de partisans des Red Wings, son souvenir sera celui d'un merveilleux livre d'histoire.
Les vieux édifices meurent. Pas les souvenirs.