CRANBERRY, Pennsylvanie – Stuart Skinner sait qu’il se trouve dans une situation qui avoisine l’absurdité.
Le gardien a sauté sur la glace pour l’entraînement matinal mardi, lui qui rejoignait finalement les Penguins de Pittsburgh après avoir été échangé par les Oilers d’Edmonton vendredi. Des problèmes d’immigration l’ont empêché de participer aux deux matchs de sa nouvelle équipe au cours de la fin de semaine.
Skinner avait fière allure. Chandail noir, culottes noires avec une ligne dorée, des jambières blanches avec une autre ligne dorée.
Puis il y a son masque : orange et bleu avec un énorme logo des Oilers.
C’est ce masque que Skinner va porter à son premier départ avec les Penguins, qui aura justement lieu contre Connor McDavid, Leon Draisaitl et le reste de ses anciens coéquipiers des Oilers au PPG Paints Arena mardi (19h30 HE; HBO MAX, truTV, TNT, SNW, SNO, SNE).
« C’est très drôle, a lancé Skinner. Nous arrachons le bandage d’un coup dès le départ, ce qui est toujours une bonne chose quand on y pense. Je préfère que ça se passe ainsi et tout de suite passer à autre chose, mais je vais aussi chercher à en profiter. »
Skinner a été acquis en compagnie du défenseur Brett Kulak et d’un choix de deuxième ronde au repêchage 2029. Edmonton a reçu en retour le gardien Tristan Jarry, qui va aussi affronter son ancienne équipe pour la première fois, et l’attaquant Samuel Poulin.
« J’ai la chance d’affronter mes anciens coéquipiers, et de le faire avec Brett, a noté Skinner. C’est vraiment quelque chose qui m’enthousiasme. »
Skinner a conservé un dossier de 109-62-18 avec une moyenne de buts alloués de 2,74 et un pourcentage d’arrêts de ,904 en 197 matchs (191 départs) en six saisons depuis qu’il a été repêché par les Oilers en troisième ronde (78e au total) en 2017. Il a aidé Edmonton à atteindre la finale de la Coupe Stanley au cours des deux dernières saisons, mais les Oilers ont baissé pavillon chaque fois contre les Panthers de la Floride.
Edmonton (15-12-6) a décidé que Jarry représentait la pièce manquante pour mettre la main sur ce championnat qui leur échappe.
Skinner, qui montre un dossier de 11-8-4 avec une moyenne de 2,83 et un taux d’efficacité de ,891 cette saison, savait qu’une transaction était possible. Il admet avoir entendu des rumeurs au cours des cinq dernières années ou presque.
« Il y avait évidemment beaucoup de bruit, a reconnu Skinner. Les gardiens sont souvent au centre des rumeurs. Je ne sais pas si c’est juste ou non. Je pense simplement que ça fait partie de notre métier. Il s’agit d’une transaction qui devait être conclue, et je pense qu’elle est bonne pour les deux équipes.
« Je me soucie surtout de l’endroit où je dois aller au travail, et avoir la chance de jouer pour une nouvelle équipe, c’est très excitant. Je ne m’attarde pas trop à me demander si c’est juste ou non pour moi. Ça fait partie de ma vie, et je dois faire avec. »
Le cerbère de 27 ans est persuadé avoir fait tout ce qu’il pouvait pour aider les Oilers.
« Il n’y a pas eu un moment où je n’ai pas fait de mon mieux à Edmonton, alors je n’ai aucun regret, a-t-il affirmé. La manière dont j’ai géré les choses, dont j’ai persévéré, la force que j’ai démontrée, je peux descendre la liste des choses que j’ai tenté de faire pour l’organisation et, surtout, pour mes coéquipiers et mes entraîneurs. Alors de mon côté, je suis très fier de ce que j’ai été en mesure d’accomplir là-bas.
« Est-ce que j’aurais pu faire un arrêt ou deux de plus? Absolument. Je vais probablement dire la même chose ici. Ça fait partie du métier de gardien, et de moi en tant que personne. On s’améliore sans cesse, on continue à apprendre, mais j’ai toujours fait de mon mieux et je ne vais jamais cesser de le faire. »
Les Penguins (14-8-9), qui cherchent à retourner en séries éliminatoires après avoir raté le tournoi printanier au cours des trois dernières campagnes, pourraient s’inspirer de cette attitude.
Un départ positif a été quelque peu refroidi récemment. Pittsburgh possédait une avance au cours de quatre de ses cinq revers consécutifs (0-1-4). Les Penguins menaient 5-1 avant de perdre 6-5 en prolongation contre les Sharks de San Jose samedi, avant d’échapper une priorité de 3-0 dans un revers de 5-4 en prolongation contre le Mammoth de l’Utah le lendemain.
Néanmoins, aux yeux de Skinner, l’objectif est le même que lorsqu’il évoluait avec les Oilers.
« Ce groupe est vraiment affamé et souhaite retourner (en finale de la Coupe Stanley), et je sais que les gars ici l’ont déjà fait, a souligné Skinner. Alors pour moi et Brett qui arrivons ici et qui goûtons à ça, ça apporte un peu d’énergie. Nous voulons nous y mettre. Nous voulons les aider à tout gagner. »
Après avoir joué derrière McDavid et Draisaitl, Skinner arrive dans une équipe qui mise sur Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kris Letang – un noyau qui a mené les Penguins à des championnats en 2009, 2016 et 2017.
« Je suis très chanceux d’avoir pu jouer avec des joueurs aussi fantastiques, des joueurs dont on va se souvenir à jamais, a mentionné Skinner. Alors c’est très cool pour moi. Il s’agit d’une situation unique, de pouvoir les regarder et apprendre d’eux. J’ai beaucoup appris en côtoyant ces gars-là à Edmonton, et je veux faire la même chose avec tout le monde dans ce vestiaire. »
Kulak partage ce point de vue. Il admet cependant qu’il sera plus facile de s’acclimater avec Skinner dans les parages.
« Ça rend le tout un peu plus facile, a lancé Kulak. Que ce soit pour trouver mon chemin vers l’aréna ou encore trouver mes repères à l’intérieur de l’amphithéâtre. C’est toujours bien d’arriver avec quelqu’un qu’on connaît, puisqu’à part lui, je ne connais personne dans ce vestiaire. »
Ce changement, même s’il est soudain, est accueilli d’un bon œil par les deux joueurs. Et du point de vue de Skinner, il ne ressent que de la gratitude.
« De mon côté, je suis simplement reconnaissant de pouvoir jouer dans la LNH, a dit Skinner. Et si je dois être échangé à nouveau, passer encore une fois par toutes ces étapes avec ma famille, trouver une maison et des voitures, je sais que c’est une période occupée.
« Mais ça sonne aussi comme l’expérience d’un homme très chanceux à mes yeux. »





















