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BOSTON - C'est comme si ça avait pris une éternité. Assez longtemps pour que deux joueurs des Bruins de Boston tentent de glisser pour stopper la rondelle, assez longtemps pour que le gardien Anton Khudobin se couche devant son filet et qu'une ville entière retienne son souffle.
Tyler Seguin était content d'avoir attendu le bon moment, d'avoir contourné David Pastrnak et Ryan Spooner avant de déjouer Khudobin, de ne pas avoir besoin de la pénalité à retardement et de mettre fin au match en donnant une victoire de 3-2 aux Stars de Dallas à 2 :59 de la prolongation lundi au TD Garden.

Il s'agissait d'un jeu offensif brillant de la part d'un joueur offensif brillant, qui connait de bons moments récemment. Cela dit, peut-être que ce qu'il a fait dans le match avant le but en prolongation illustre plus ce que Seguin est devenu cette saison chez les Stars, sous la férule de l'entraîneur-chef Ken Hitchcock, et comment son jeu a changé.
« Je pense beaucoup plus à la défensive, aux mises en jeu, aux petites choses et à juger mes performances à partir de ces éléments plutôt que par les buts et les assistances, a dit Seguin après le match. Ce fut le plus gros changement pour moi, de faire passer le travail avant les habiletés, et ç'a bien fonctionné pour moi aujourd'hui. »
Hitchcock a donné ces responsabilités à Seguin cette saison, la première de l'entraîneur à son retour à Dallas. Il voulait que Seguin change son jeu et soit plus responsable pour devenir le centre numéro un qu'il croit que Seguin peut être.
Ça a rapporté, car Seguin est encore capable d'avoir un impact offensif - 22 buts et 19 passes - en plus de s'imposer défensivement, ce qui lui a valu une place dans l'équipe de la section Centrale au Match des étoiles Honda 2018 de la LNH.
Lundi, par exemple, il avait la tâche d'affronter la meilleure unité des Bruins, un trio sur lequel Seguin a déjà évolué durant ses trois premières saisons dans la LNH avec Boston, et il a tenu son bout contre Patrice Bergeron et ses coéquipiers.
Voilà qui n'est pas tâche facile.
« Nous nous sommes dit qu'il s'agissait de la meilleure ligne dans la LNH, a expliqué Seguin. Nous voulions être plus énergiques qu'eux, car nous savions que nous les affronterions tout le match. Parfois, tu dois choisir tes moments pour utiliser tes habiletés ou attendre l'occasion parfaite et ce soir ç'a fonctionné. »
Il s'agissait d'un changement, une manière différente de voir le jeu. Et avec Hitchcock en poste, ç'a commencé lors du premier match de la saison.
« Il est devenu un joueur beaucoup plus compétitif, a dit Hitchcock. Son niveau de compétition pour obtenir la rondelle et son attention aux détails font en sorte qu'il a fait d'énormes progrès comme joueur sur 200 pieds. »
« On utilise toujours ce terme, mais lorsque tu demandes à un gars habitué de n'écouler aucune pénalité de devenir un joueur de grandes occasions, que tu lui demandes de bloquer des tirs, d'être sur la glace en fin de match pour jouer des minutes importantes, d'affronter les meilleurs joueurs, si tu ne l'as jamais fait, c'est un gros ajustement. Il a fait ces ajustements en une demi-saison et je trouve que c'est incroyable. »
Le succès n'était pas assuré.
« Tu ne le sais pas au départ, a avoué Hitchcock. C'est comme si je lui avais tout donné pour voir ce qu'il en ferait. Je lui ai tout donné, il l'a pris et en a fait quelque chose de bien, ce qui démontre tout son caractère et c'est beau à voir. Tu n'as pas le choix d'être impressionné. »
Alors que ses adversaires, les Bruins, sont bien au fait du genre de buts que Seguin peut marquer, de sa créativité, de sa patience et de ses habiletés, cette nouvelle dimension du jeu de Seguin est moins connue.
« Il est beaucoup plus mature, a dit Bergeron. Sans la rondelle et avec la rondelle, il est beaucoup plus solide. Il a acquis de la force. On savait tous qu'il était un grand joueur au jour un, mais il continue de s'améliorer et d'être plus intelligent avec ou sans la rondelle. »
Tout cela a fait de Seguin un joueur élite capable de s'imposer offensivement, mais aussi d'écouler des pénalités, de prendre des mises en jeu importantes, d'être le quart-arrière de l'avantage numérique et d'être sur la glace contre des joueurs comme Bergeron.
Tout cela en plus de marquer le but gagnant en prolongation.
« Je pense qu'il a fait de lui-même un excellent joueur, a mentionné Hitchcock. On peut compter sur lui dans toutes les situations. Il a grandement mûri. C'est un gars dont on ne se soucie plus. Tout le monde se demandait si on pouvait faire de lui un centre numéro un. Honnêtement, il en est un. Il joue comme un numéro un. Il a joué six matchs de suite de cette façon. C'est ce que tu veux d'un premier centre. Il fait le travail. »