Bergevin 2016 Draft

BROSSARD - Le directeur général des Canadiens de Montréal Marc Bergevin en a fait sursauter plusieurs, lundi, lorsqu'il a été questionné au sujet des lacunes de l'équipe au chapitre du recrutement et du développement.
« Quand tu repêches un joueur en fin de première ronde chaque année, c'est difficile de trouver l'élément-clé de ta formation à moins d'être très chanceux », a-t-il lancé pour expliquer le manque d'espoirs de premier plan au sein de l'organisation.

S'il avait fait cette déclaration en parlant des rondes cinq à sept, personne n'en aurait fait de cas. Mais il parlait des potentiels 20 à 30 meilleurs espoirs de chaque cuvée.
Il est vrai que toutes les équipes ne frappent pas toujours de circuits, mais les exemples de joueurs sélectionnés en fin de première ronde qui connaissent du succès dans la LNH sont nombreux. Il faudrait peut-être rappeler à Bergevin que son capitaine Max Pacioretty, le meilleur élément offensif de l'équipe, a lui-même été repêché au 22e rang en 2007.
La liste peut s'allonger pendant longtemps, mais on n'a qu'à penser aux David Pastrnak (25e), Evgeny Kuznetsov (26e), Charlie Coyle (28e), Rickard Rakell (30e), Jordan Eberle (22e), Mikael Backlund (24e) et Kyle Palmieri (26e); tous des attaquants repêchés au cours des 10 dernières années ayant récolté au moins 50 points cette saison.
À titre comparatif, seulement deux attaquants du Tricolore ont atteint ce plateau en 2016-17, soit Pacioretty (67) et Alexander Radulov (54).
Certes, le repêchage est une science inexacte, mais il est exagéré d'affirmer qu'une équipe doive être « très chanceuse » pour mettre la main sur un joueur de qualité à un point si hâtif du repêchage.
À moins de vouloir camoufler certaines lacunes de votre organisation. Le recrutement, par exemple.
« Le repêchage, c'est quelque chose de très difficile, a défendu Bergevin. Tu fais des projections sur des jeunes de 17 ans. Je peux te nommer toutes les équipes de la Ligue nationale qui ont eu des choix au repêchage qui ont mal tourné.
« Pour l'instant, je n'ai aucun problème avec notre recrutement. Puis en ce qui a trait au développement, les IceCaps (de St. John's) ont fait les séries. On va continuer dans cette direction-là. Nos recruteurs travaillent beaucoup et ils sont bien conscients de nos besoins. »
Ces besoins ont été mis en lumière pas plus tard qu'au premier tour des séries alors que les Canadiens ont été éliminés en six matchs par les Rangers de New York après n'avoir inscrit que 11 buts. L'attaque ne produit pas et la saison de misère d'Alex Galchenyuk fait en sorte que le Tricolore doive poursuivre son éternelle quête d'un joueur de centre de premier plan.
Ce qui est inquiétant, c'est que l'aide à ce chapitre ne viendra pas des rangs mineurs. Si les IceCaps ont réussi à participer aux séries éliminatoires - une première en six saisons - il s'avère tout de même que leur ligne de centre est constituée pour l'instant de Chris Terry, Jacob De La Rose, Daniel Audette et Nick Petti.
Aucun de ces joueurs n'est en mesure de venir aider les Canadiens à court terme et Bergevin a été clair à ce sujet.
C'est donc par voie de transaction que le directeur général doit combler le manque de profondeur de son équipe année après année... en cédant bien souvent des choix de repêchage. C'est ce qu'il a fait à la date limite des transactions cette année, en cédant trois choix (quatrième ronde en 2017, quatrième et sixième ronde en 2018) pour faire les acquisitions de Dwight King, Steve Ott et Jordie Benn.
« On accorde beaucoup de valeur à nos choix de repêchage, a-t-il expliqué. Mais quand tu es dans une situation pour entrer dans les séries, tu vas donner des choix pour assurer ta place.
« À Montréal, c'est un marché extrêmement exigeant. Ici, on ne tourne pas les coins ronds, on fait tout en notre possible pour gagner. [...] Il y a parfois des morceaux à ajouter au casse-tête et c'est ma tâche. »
Vrai. Mais ces pièces manquantes peuvent aussi être dénichées au repêchage puis développées au sein de l'organisation.
Les Maple Leafs de Toronto et les Bruins de Boston, les plus grands rivaux des Canadiens, sont en train d'en faire la preuve et risquent de se retrouver sur le chemin de la formation montréalaise la plupart du temps dans les années à venir.