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Comme tant d'autres observateurs, j'ai cru que le Lightning de Tampa Bay serait, cette saison encore, une équipe à surveiller. Or, il n'en est rien. Arrivée à la pause du Match des étoiles, la troupe de Jon Cooper est pratiquement éliminée. Torpillé par les blessures et des performances en dent de scie de certains joueurs clés, le Lightning devra bientôt se résigner à faire le tri de ses ressources et planifier en fonction de la prochaine saison.
Le Lightning a su construire ses succès des dernières saisons sur un jeu de possession supérieur à la moyenne à 5-contre-5, qui lui a permis d'exploiter pleinement le talent de ses meilleurs éléments offensifs. Ce mélange entre jeu collectif et habiletés individuelles se traduit, entre 2014 et 2016, par le
septième meilleur taux de tirs
obtenu et le quatrième meilleur taux de conversion de tirs en but. Les gardiens, au cours de cette même période, affichent le 14e meilleur pourcentage d'arrêts de la ligue.

Cette saison, le jeu de possession
est légèrement retombé
(51 pour cent, huitième rang), et les pourcentages d'arrêts et de conversion ont complètement cassé : 24e pourcentage d'arrêt, 21e taux de conversion.
Dans le détail de la chose, on constate qu'à forces égales, l'équipe a réussi à survivre un moment à un jeu de possession en déclin, mais les taux de réussite et d'arrêts se sont effondrés au mois de décembre, laissant une amélioration réelle du jeu de possession sans effet sur la fiche du club.

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La capacité du Lightning à obtenir plus d'avantages numériques que l'adversaire en début de saison, couplée à la bonne performance des gardiens, a donc aidé à sauver les meubles. Mais l'effondrement des cerbères semble de plus en plus être là où le bât a blessé. Même si le jeu de possession tire de la patte, les tireurs de Tampa ont réussi à faire mal paraître les gardiens adverses, faisant flotter ceux-ci sous la moyenne de la ligue jusqu'au quart de la saison environ. Mais, alors que leurs propres gardiens deviennent de plus en plus inefficaces, les tireurs perdent eux aussi leurs marques.

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Ce genre de chute combinée est excessivement difficile à vivre pour une équipe qui peut obtenir soir après soir un avantage massif aux tirs. Pour une équipe comme le Lightning, qui fait mieux que la moyenne sans être spectaculaire, c'est tout simplement catastrophique. L'évolution du différentiel de buts sur 10 matchs le reflète clairement. Même si les unités spéciales continuent à être profitables au Lightning, le jeu à forces égales coule tout simplement le club.

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Le problème qui affecte Tampa Bay semble donc être similaire
à celui qu'on a constaté du côté des Blues de St-Louis
plus tôt cette semaine. Et contrairement à ces derniers, le Lightning se trouve désormais enfoncé au classement. En plus d'avoir quatre à cinq points de retard sur les équipes qui occupent les places de quatrième as, Tampa Bay a présentement trois matchs de joués de plus que les Sénateurs d'Ottawa et les Maple Leafs de Toronto, respectivement deuxièmes et troisièmes dans la section Atlantique.
On peut se demander si, dans le cas du Lightning, les succès récents n'ont pas fini par peser physiquement. Ayant disputé 108 et 99 matchs au cours des deux dernières saisons en plus d'avoir déjà 49 parties jouées dans une campagne à l'horaire compressé par le Coupe du monde de hockey 2016, certains joueurs clés de l'équipe traînent de la patte, notamment Tyler Johnson et Ondrej Palat. En plus, les blessures frappent : après avoir utilisé 32 joueurs en 2014-15 et 2015-16, on en est déjà à 34 joueurs différents pour la présente campagne.
Les gardiens ont aussi laissé tomber l'équipe. Ben Bishop connaît, de loin, sa pire saison depuis son arrivée en Floride, et Andrei Vasilevskiy n'a pas su prendre la relève.
Le marché des transactions s'active désormais autour de la fin de semaine du Match des étoiles et Steve Yzerman va devoir se poser la question : est-il temps de lancer la serviette et d'utiliser le reste de la présente campagne pour faire vivre l'épreuve du feu aux jeunes de l'organisation?
S'il s'y résigne, Ben Bishop, dont le contrat s'achève cette année, peut certainement lui rapporter gros. Ce serait un drôle de message à lancer, mais l'occasion est là et s'il joue bien cette carte, ses meneurs de jeu, enfin reposés, ne seraient que mieux entourés l'an prochain.