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TAMPA BAY - Jusqu'où peut aller Nikita Kucherov? Le potentiel de l'ailier droit russe du Lightning de Tampa Bay paraît illimité.
L'actuel meilleur marqueur de la LNH a toujours fait mieux d'une saison à l'autre depuis ses débuts dans la ligue le 25 novembre 2013.

Après avoir amassé 18 points en 52 matchs à sa première saison, il a enchaîné avec des saisons de 65, 66 (en 77 rencontres) et 85 points. Avec déjà 63 points au compteur cette saison à la pause du Match des étoiles Honda 2018 de la LNH, un sommet dans la ligue, il est en voie de surpasser la barrière des 100 points à l'âge de 24 ans.
Une progression tout autant fulgurante qu'insoupçonnée pour le principal intéressé.
« Je ne pouvais pas deviner, comme je n'essaie pas de projeter à quel point je peux devenir bon », déclare Kucherov en entrevue à LNH.com. « J'essaie simplement d'être à mon mieux et meilleur d'une saison à l'autre. Je tente d'aider l'équipe et mes coéquipiers et les gars me le rendent bien. Le niveau de compétitivité est relevé entre nous, c'est le "fun". Il y a toujours de la place pour de l'amélioration. J'estime que je peux tout le temps m'améliorer. C'est mon objectif. »
Kucherov fait remarquer qu'il est de toute façon loin d'être rendu au sommet de son art. Il souligne que des joueurs vedettes comme Sidney Crosby des Penguins de Pittsburgh et Patrick Kane des Blackhawks de Chicago continuent de s'améliorer.
« J'ai moi-même un excellent exemple sous les yeux en Steven Stamkos, relève-t-il en parlant de son coéquipier. « Il est un des meilleurs, mais il ne cesse de redoubler d'ardeur afin d'être toujours meilleur. Je m'inspire de tous ces joueurs. »
Un perfectionniste fini
Stamkos lui rend la pareille en soulignant qu'il lui rappelle son ancien coéquipier Martin St. Louis en matière d'habitudes de travail et de quête d'excellence.
Choix de deuxième tour du Lightning en 2011 (58e au total), Kucherov est un mordu de hockey. Il en mange, confirment les gens de son entourage. Du genre à installer une patinoire synthétique et un filet dans le garage de sa résidence à Tampa pour passer le temps en été! C'est également un perfectionniste fini.
André Tourigny peut témoigner pour l'avoir dirigé pendant plus d'un tiers de saison (41 matchs, incluant les séries éliminatoires) lors du passage de Kucherov chez les Huskies de Rouyn-Noranda dans la LHJMQ en 2012-13.
« J'ai vite réalisé que j'avais à faire à un jeune adulte très réfléchi, un étudiant du jeu ("student of the game") », commente Tourigny, qui est actuellement l'entraîneur des 67 d'Ottawa, dans la Ligue de hockey de l'Ontario. « Il ne laissait absolument rien au hasard, il décortiquait tout : les lectures de jeu, les tendances des adversaires, etc. »
Vive Google traduction
Avant de s'aligner avec les Huskies, Kucherov avait brièvement porté les couleurs des Remparts de Québec. Patrick Roy, qui cumulait les tâches d'entraîneur et de directeur général, a gardé le souvenir d'un jeune très curieux, mystérieux à la limite.
« C'était un drôle de gars », a raconté l'ancien gardien vedette en début de saison lors d'un point de presse avec les journalistes de Québec. « Il arrivait avec son cellulaire et il me disait : "Veux-tu m'expliquer le jeu de puissance? Où dois-je me positionner?" Il écrivait ça dans son cellulaire et il partait. Et là, je me demandais ce qu'il allait faire avec ça. »
Simple, il retranscrivait les paroles de Roy en anglais dans Google traduction afin de bien saisir les explications de son entraîneur.
« N'oubliez pas que j'arrivais de Moscou et que je ne parlais pas du tout l'anglais, relate Kucherov. Je posais donc beaucoup de questions et mon téléphone portable était mon meilleur ami avec Google traduction. C'est comme ça que j'ai appris l'anglais. Mes coéquipiers m'ont également beaucoup aidé. Ils ont été super avec moi.
« À Rouyn, des gars comme les Dillon Fournier, Liam O'Brien, Marcus Power et Sven Andrighetto m'ont été très utiles. Le personnel d'entraîneurs a également été très gentil avec moi. »
Tourigny dit que Kucherov a vite surmonté la barrière de la langue parce qu'il maîtrisait à merveille le langage du hockey.
« On voyait parfois que ça le frustrait de ne pas tout comprendre, mais sa grande intelligence lui permettait de s'en sortir. Il est doté d'une intelligence au jeu hors du commun. Nous n'avions pas besoin de lui répéter deux fois la même chose. »
Auteur de 53 points en seulement 27 matchs chez les Huskies, puis de 24 autres en 14 rencontres en séries, Kucherov n'a fait que passer à Québec avec une récolte de 10 points en six matchs. C'est que Roy a dû se résoudre à l'échanger parce qu'il s'était déjà commis à l'endroit de deux Européens, Mikhail Grigorenko et Nick Sorensen - la limite permise dans la formation des équipes de la LHJMQ.
Roy savait qu'il devait se départir d'un joueur au talent fou, même s'il admet qu'il n'aurait pas pu prédire que Kucherov ferait autant sa marque dans la LNH.
Tourigny, lui, se dit moins surpris en raison du grand désir de dépassement de soi qui habite Kucherov.
« J'ai rarement vu un joueur être exigeant envers lui-même comme "Kuchie". Il se juge très sévèrement, c'est presque exagéré, avance-t-il. Il lui arrivait d'être mécontent même après avoir joué d'excellents matchs parce qu'il estimait avoir raté un jeu ou deux.
« Je ne suis pas surpris de l'entendre dire qu'il veut continuellement s'améliorer. C'est une obsession pour lui. »
Stamkos et Kucherov pourraient être le premier duo de joueurs d'une même équipe à totaliser 100 points ou plus chacun depuis qu'Alex Ovechkin et Nicklas Backstrom des Capitals de Washington ont réalisé l'exploit en 2009-10.
« C'est sûrement faisable avec l'équipe que nous avons, soumet Kucherov. Nous avons quatre trios qui peuvent réussir des buts, ça nous facilite la tâche. Si nous jouons de la bonne façon en respectant la structure de l'entraîneur et que l'équipe continue d'avoir du succès, ce n'est pas impossible. »