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NEW YORK - Imaginez pendant un moment que vous êtes le gardien des Canadiens de Montréal Carey Price.
Vous êtes largement considéré comme l'un des meilleurs au monde dans votre profession, si ce n'est pas le meilleur, et pourtant, vous êtes incapable de progresser dans votre carrière puisque les gens autour de vous ne sont pas capables de faire leur travail dans les moments les plus importants.

Année après année, vous répondez aux mêmes questions, et peut-être même que vous commencez à vous les poser vous-mêmes.
Vous aurez 30 ans au mois d'août, et vous êtes à un an de devoir négocier le plus important contrat de votre carrière, une carrière qui se trouve plus près de la fin que du début.
Comment vous sentez-vous? Que faites-vous?
Price a accordé 12 buts en six matchs, et les Canadiens ont été éliminés par les Rangers de New York dans la première ronde de l'Association de l'Est. Il a cédé deux fois sur 22 tirs dans un revers de 3-1 au cours du match no 6 samedi.
Price a conservé un pourcentage d'arrêts de ,929 dans cette série. Ce ne fut pas suffisant parce que ses coéquipiers ont inscrit 11 buts contre le gardien des Rangers Henrik Lundqvist, une différence d'un but alloué entre ces deux gardiens qui signifie que Lundqvist peut continuer à espérer soulever la Coupe Stanley pour la première fois, et que Price ne le peut plus.
« C'est décevant pour moi de ne pas avoir été en mesure de réaliser tous les arrêts opportuns dont nous avions besoin sur leurs chances de marquer, a affirmé Price. C'est ainsi que les choses se passent en séries. »
Les choses se passent ainsi bien trop souvent pour Price en séries, alors que tout ce qu'il peut faire est d'exprimer ses regrets alors qu'il n'a aucune marge d'erreur.
Samedi, Price a accordé à l'attaquant des Rangers Mats Zuccarello le premier de ses deux buts à 2:26 de la deuxième période sur un tir qu'il aurait dû stopper. Price serait le premier à l'admettre.
Ce but a fait basculer le momentum du côté des Rangers, il a ranimé la foule du Madison Square Garden, il a mis la saison des Canadiens en péril.
Price a commis une erreur, et son équipe n'a pas été en mesure de la racheter. Encore.
Il s'agit d'un thème récurrent depuis l'arrivée de Price à Montréal, et comme il pourra devenir joueur autonome sans compensation le 1er juillet 2018, son avenir avec les Canadiens s'apprête à devenir un sérieux sujet de conversation.
Ce n'était pas le cas samedi, puisque les Canadiens étaient occupés à expliquer pourquoi ils ont été incapables de battre Lundqvist assez souvent pour vaincre les Rangers.
« Je crois que nous avons généré suffisamment d'offensive. Je crois que nous avons manqué de finition, a avancé l'entraîneur de Montréal Claude Julien. Nous avons obtenu plusieurs chances de marquer, plusieurs très bonnes chances, mais nous n'avons pu déjouer leur gardien. »
Julien est l'entraîneur des Canadiens depuis le 14 février, mais ses prédécesseurs ont utilisé exactement le même raisonnement pour expliquer leurs éliminations au cours des dernières années.
Le meilleur marqueur des Canadiens, le capitaine Max Pacioretty, n'a pas touché la cible dans cette série malgré un total de 28 lancers, plus que tout autre joueur de Montréal ou de New York. Ses 35 buts lui ont procuré le premier rang chez les Canadiens en saison régulière, mais dès qu'il a passé quatre matchs sans marquer en séries, la pression à son endroit à commencer à grimper.
Il a été grandement critiqué à Montréal pour son manque de production depuis ce moment, et ces critiques ne risquent pas de cesser maintenant.
Pourquoi? Parce qu'il n'a pas marqué, mais aussi parce que les Canadiens avaient besoin qu'il marque s'ils voulaient avoir des chances de connaître du succès.
« Les chances étaient là, a admis Pacioretty. Je ne tiens pas le compte, mais les chances étaient là. Leur gardien a très bien joué. Il s'agit d'une équipe très forte défensivement.
« Je sais pourquoi les gens réagissent comme cela. Mon travail est de marquer lorsque j'obtiens ces chances. Je prends l'entière responsabilité pour ne pas avoir marqué au cours de cette série. J'ai eu mes chances. »
Il est juste pour Pacioretty d'accepter des critiques pour ne pas avoir produit en séries puisque c'est là l'essence même des séries. Ce qui est probablement moins juste, c'est que sa production représente un aspect aussi crucial de l'attaque des Canadiens.
Il a mentionné à quel point il doit répondre souvent aux questions à la suite de défaites ou de victoires par un but, et il lui a été demandé de manière détournée s'il s'agissait d'un signe que les Canadiens avaient besoin d'aide offensivement.
« Je ne suis pas certain, a-t-il répondu. Je ne suis pas le DG. »
Le directeur général est plutôt Marc Bergevin, qui a hérité de ce manque d'offensive lorsqu'il a été embauché en 2012, un problème qui est toujours là cinq ans plus tard.
Il s'agit d'un problème que Bergevin a reconnu et qu'il a tenté très fort de corriger, mais sans succès.
Sauf que maintenant, l'urgence de le faire est devenue très évidente.
Soudainement, son meilleur joueur se trouve à un an de l'autonomie complète, et Bergevin doit convaincre Price qu'il vaut la peine de demeurer à Montréal, et que l'équipe va remédier au fait que l'on se fie bien trop souvent à lui.
Il sera difficile de trouver des arguments pour soutenir ce plaidoyer.