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MONTRÉAL - Les Canadiens de Montréal et le Lightning de Tampa Bay se sont placés en bonne position, en ce début de saison, pour se livrer une lutte sans merci pour le titre de la section Atlantique, comme ç'a souvent été le cas ces dernières années.
Mais c'est après avoir vécu des saisons mortes diamétralement opposées que ces deux équipes s'affronteront pour la première fois de la campagne, jeudi, au Centre Bell (19h30 HE ; RDS, SN360, SUN).

Grosso modo, les Canadiens ont tout fait pour tenter de changer, tandis que le Lightning a tout fait pour éviter de changer.
Cela tombe sous le sens compte tenu que les Canadiens ont raté les séries éliminatoires de la Coupe Stanley, la saison dernière, tandis que le Lightning s'est rendu jusqu'en Finale de l'Association de l'Est pour la deuxième année de suite. Sauf que le contraste entre les deux clubs est frappant quand on regarde dans quel contexte ils ont repris le boulot cet automne.
Les Canadiens ont remanié leur formation, le changement le plus notable survenant quand ils ont échangé le défenseur P.K. Subban aux Predators de Nashville en retour du défenseur Shea Weber dans le but de modifier la chimie dans le vestiaire et de donner au groupe la force de résister aux obstacles qui ont sapé leurs forces l'hiver dernier.
Jusqu'ici tout va bien à ce titre, alors que Montréal est la dernière équipe dans la LNH à ne pas avoir subi la défaite en temps réglementaire. Les Canadiens connaissent un départ similaire à celui de l'automne dernier, quand ils avaient établi un record d'équipe en remportant leurs neuf premiers matchs.
Et c'est justement le fait qu'il ait vécu une telle séquence, il y a un an, qui explique pourquoi le capitaine des Canadiens Max Pacioretty ne s'emballe pas plus qu'il le faut avec la série de succès actuelle.
« Nous le savons, a souligné Pacioretty. Nous savons ce qui est arrivé l'an dernier. Nous savons que ce que nous avons accompli jusqu'ici, ce n'est rien. En fait, ça peut se retourner contre nous, comme nous l'avons vu l'an dernier. Nous devons nous assurer que notre niveau de jeu s'améliore chaque jour. »
Outre Weber, les Canadiens ont ajouté les attaquants Andrew Shaw et Alexander Radulov à leur formation, de même que l'attaquant recrue Artturi Lehkonen, qui fait lui aussi partie d'un des deux premiers trios de l'équipe. Le gardien Carey Price est de nouveau en santé après avoir raté tous les matchs des siens sauf 12 la saison dernière. Ajoutez les changements mineurs apportés durant l'été dans le but d'améliorer la chimie au sein de l'équipe, et les Canadiens espèrent que tout cela leur permettra de faire la preuve que la saison dernière a été un accident de parcours.
Une victoire contre le Lightning, jeudi, les aiderait en ce sens.
« Les gars qui achètent le concept d'équipe, c'est important, a souligné l'entraîneur des Canadiens Michel Therrien. L'atmosphère qu'il y a dans cette équipe, on l'a vue depuis le camp d'entraînement, on en parle entre nous.
« La chimie d'équipe est très importante, et elle est présente depuis le premier jour. »
Personne ne le sait mieux que le Lightning, dont les joueurs ont consenti toutes sortes d'efforts pour s'assurer que la chimie dans leur propre vestiaire ne change pas au cours de la saison morte.
Le 29 juin dernier, le capitaine du Lightning Steven Stamkos a signé un contrat de huit ans au montant de 68 millions $ qui lui a permis de rester avec le Lightning - un contrat qui, selon plusieurs observateurs, est assorti d'un salaire bien modeste comparé à ce qu'il aurait pu toucher s'il avait testé le marché des joueurs autonomes sans compensation.
Quelques jours plus tard, le défenseur no 1 Victor Hedman a accepté une prolongation de contrat de huit ans pour une somme de 63 millions $, laissant peut-être lui aussi de l'argent sur la table alors qu'il aurait pu devenir joueur autonome sans compensation au mois de juillet prochain.
Et il y a l'attaquant Nikita Kucherov, un joueur autonome avec compensation, qui a conclu une entente de trois ans à raison de 14,3 millions $, le 11 octobre, bien en dessous de la valeur du marché pour un joueur qui avait marqué 59 buts sur l'ensemble de ses deux saisons précédentes.
Le directeur général du Lightning Steve Yzerman devra composer avec d'autres contrats qui seront bientôt échus, ce qui signifie qu'il aura de la difficulté à garder le groupe actuel ensemble ; mais au moins, il sait que les joueurs accordent beaucoup d'importance à la chimie qu'ils retrouvent à Tampa et à l'opportunité unique qu'ils ont de gagner ensemble.
« Le noyau de cette équipe est encore très jeune, et c'est là quelque chose d'assez rare dans notre Ligue, je pense, d'avoir une équipe qui a connu du succès, mais qui continue d'avoir le potentiel pour répéter ces succès, a noté Stamkos. Nous avons vu ce qu'a fait Chicago et ils en sont peut-être à la fin de leur bonne période, alors qu'on commence à voir un peu de roulement chez leurs joueurs maintenant. Mais c'est un peu de cette manière que nous voulons grandir et remporter un championnat ensemble. … Maintenant que nous avons tous [signé des contrats], il faut retourner au boulot et essayer de réaliser quelque chose. Nous sommes venus près, mais nous n'y sommes pas encore arrivés. »
Les Canadiens et le Lightning sont, chacun de leur côté, confrontés à une pression tout à fait particulière cette saison, et ce qu'avance Stamkos ici reflète peut-être une réalité que bien des gens ont de la difficulté à saisir quand vient le temps d'évaluer les performances des équipes de premier plan. En ce sens que oui, le Lightning aligne une équipe jeune, talentueuse et qui a les atouts pour tout rafler ; mais rien n'est acquis d'avance dans la LNH et les joueurs doivent quand même aller sur la patinoire et faire tout ce qu'il faut faire pour s'assurer que leur potentiel se transforme en résultats concrets.
Quand tout le monde s'attend à ce que ces résultats soient au rendez-vous, cela peut être une situation difficile à gérer.
« Si nous gardons la même équipe, et que les équipes un peu partout dans la Ligue s'améliorent et vont chercher de nouveaux joueurs, les joueurs qui font partie de notre groupe doivent donc être meilleurs. C'est à nous d'y voir, a noté Hedman. Il ne peut pas y avoir de relâchement. Nous avons pas mal la même équipe depuis trois ans ; c'est plutôt rare dans notre sport, et dans le sport en général, d'avoir le même alignement pendant aussi longtemps. Nous sommes très chanceux que ce soit le cas, de savoir que la direction croit en nous. Maintenant, c'est à nous de livrer la marchandise sur la glace. »
La pression qui repose sur les épaules des Canadiens, c'est celle d'instaurer au sein du groupe cette même chimie qui a incité les meilleurs joueurs du Lightning à faire des compromis pour rester avec leur équipe, et ainsi de justifier tous les changements apportés par le directeur général Marc Bergevin durant l'été.
S'ils y parviennent, peut-être qu'un jour, les Canadiens obtiendront le privilège de ressentir le même type de pression que les joueurs du Lightning vivent à l'heure actuelle.