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Dominique Ducharme a rarement besoin d'élever le ton ou de lancer une poubelle d'un bout à l'autre du vestiaire pour réveiller ses troupes.
Au lieu de ça, il laisse son regard perçant faire le travail. Jonathan Drouin est le premier à pouvoir en témoigner, lui qui a été dirigé par le pilote québécois entre 2011 et 2014 avec les Mooseheads d'Halifax.
« Honnêtement, Dom a tout le temps eu un regard où il n'a pas besoin de dire un mot, a déclaré l'attaquant des Canadiens en riant.
« S'il le fallait, il aurait pu ne pas cligner des yeux pendant cinq minutes. Parfois, je revenais au banc et je n'avais pas besoin de me faire crier après, j'avais juste un regard et je savais que j'avais quelque chose à changer dans mon jeu. »
C'est peut-être au fond ce qui fait le succès de Ducharme, qui en est maintenant à sa deuxième saison à titre de directeur général et entraîneur-chef des Voltigeurs de Drummondville.

À 44 ans, il fait partie de la nouvelle classe d'entraîneurs qui savent comment s'y prendre avec les jeunes provenant de l'énigmatique génération des milléniaux.
« Il a plus d'intensité que les gens pensent », a vanté Joël Bouchard, qui a connu Ducharme alors que les deux étaient adjoints avec le Junior de Montréal entre 2008 et 2011.
« Il y a de l'intensité dans son message, de bons instincts, un bon œil. Dans sa tête, il est organisé. C'est un bon coach à la base. Et si tu veux coacher, il faut que tu aies les deux pieds dans la bouette. Dom est investi dans ce qu'il fait et c'est ce qui fait sa force. »
Ducharme n'a pas mis de temps à démontrer tout ça et à faire sa marque dans le circuit junior québécois.
Après avoir passé deux saisons comme adjoint à Pascal Vincent avec le Junior, il a décroché le prestigieux poste d'entraîneur-chef des Mooseheads d'Halifax.
Il a du même coup hérité d'une jeune formation prometteuse qui avait été exclue des séries éliminatoires lors de deux des trois saisons précédentes.
« Nous avions entendu beaucoup de bonnes choses à son sujet, a indiqué Cam Russell, le directeur général des Mooseheads depuis 2008. Quand nous l'avons rencontré, nous l'avons interviewé durant environ quatre heures. Il était très organisé, très concentré et aussi très confiant. Il semblait être l'homme de la situation pour notre jeune équipe. »
Moins de deux ans après cet entretien, Ducharme a conduit les Mooseheads au meilleur dossier de l'ère moderne de la LHJMQ (58-6-4), à la conquête de la Coupe du Président et de la Coupe Memorial.
Bien sûr, l'équipe était menée par Drouin et par Nathan MacKinnon, mais ce n'était quand même pas tout.
« Les gens vont tout le temps parler du talent que nous avions dans l'équipe, mais elle a été dirigée comme elle le devait, a expliqué Drouin. Il y a des jours où les entraînements n'étaient pas plaisants, mais nous savions que ça allait rapporter. Le personnel d'entraîneurs a fait une grosse différence là-dedans. »
Une offre à court terme?
En acceptant le défi proposé par les Voltigeurs pour se rapprocher de sa famille l'an dernier, Ducharme a jeté les bases de ce qui pourrait éventuellement devenir une équipe championne.
Avec l'une des formations les plus jeunes de la LHJMQ cette saison, il pointe au quatrième rang du classement général avec une fiche de 36-14-2.
« C'est un enseignant, un entraîneur nouveau genre, a affirmé Russell. Il est toujours égal, il se fâche très rarement. Il connaît son hockey et il travaille très fort. Il est respecté par ses joueurs à cause de ça. Il réussit à soutirer le meilleur de tous. Il ne dirige pas seulement l'équipe, il dirige chaque joueur individuellement. »
La question n'est pas de savoir si son projet arrivera à terme, mais plutôt s'il aura la chance de le mener lui-même jusqu'au bout. Parce que Ducharme ne s'en cache pas, il est bien disposé à écouter si une équipe professionnelle vient cogner à sa porte.
Et les chances que ça se produise à court terme deviennent de plus en plus élevées, surtout qu'il a attiré l'attention en menant le Canada à la conquête de l'or au dernier Championnat mondial junior.
Il est ainsi devenu le quatrième entraîneur de l'histoire à remporter la Coupe Memorial et le Mondial junior. Les trois autres - Terry Simpson, Don Hay et Brent Sutter - ont tous dirigé dans la LNH ensuite.
« Dom, c'est un super bon coach, a lancé Bouchard. Je l'ai toujours dit, dans la vie, tu fais tes affaires et ce qui doit arriver va arriver. »