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SUMMERLIN, Nevada -- Les joueurs de hockey ne sont souvent pas les plus loquaces. Mais ce soir-là, Deryk Engelland a parlé avec son coeur.
« J'ai rencontré ma femme ici, mes enfants sont nés ici et je sais à quel point cette ville est spéciale, a-t-il lancé devant la toute première foule de l'histoire des Golden Knights. Sachez que nous allons faire tout ce que nous pouvons pour vous aider, ainsi que la ville, à guérir. »
Ce soir-là, c'était le 10 octobre. Neuf jours après qu'un homme lourdement armé eut tué 58 personnes et en eut blessé 851 autres lors d'un festival de musique qui avait lieu sur la fameuse Strip de Las Vegas, à quelques kilomètres du T-Mobile Arena.

C'était aussi le soir qui marquait le premier match à domicile de la nouvelle concession de la Ligue nationale. Mais l'heure était loin d'être aux réjouissances, même si l'équipe avait remporté les deux premiers matchs de son histoire.
Avant la rencontre, l'organisation a tenu une longue cérémonie en l'honneur des victimes et des premiers répondants. Et c'est là qu'Engelland a lancé cette phrase qui allait en quelque sorte devenir la prémisse à la première saison mémorable de l'équipe.

« Notre propriétaire et notre entraîneur sont venus nous voir et nous ont dit qu'ils n'avaient rien à cirer du premier match de l'histoire de la concession, a relaté l'attaquant français Pierre-Édouard Bellemare. C'était à propos de la ville. Ils ne voulaient pas qu'on parle des Knights, mais bien de la ville en permanence.
« Je pense que ç'a aidé tout le monde à jouer plus honnêtement et à jouer pour l'équipe. Une fois que tu joues pour l'équipe pour un ou deux matchs, tu ne peux pas retourner en arrière. Ça nous a aidés à faire des fondations assez solides. »
Ce soir-là, les Golden Knights ont inscrit quatre buts - dont le premier de la saison d'Engelland - en 10:42, en route vers une victoire de 5-2 face aux Coyotes de l'Arizona.
« On pensait tous ne pas avoir de jambes après la longue cérémonie, s'est rappelé l'attaquant David Perron. Ils ont vraiment mis l'équipe de côté et ont mis l'accent sur les victimes de la tragédie. [...] Quand on a marqué les quatre buts, l'ambiance était incroyable. C'est là que tout le monde a embarqué avec les Golden Knights. »

Quelques mois plus tard, les Golden Knights concluaient la saison avec une fiche de 51-24-7, le titre de la section Pacifique et plusieurs records en banque pour une équipe d'expansion.
Ils ont balayé les Kings de Los Angeles au premier tour des séries et s'apprêtent à la demi-finale de l'Association de l'Ouest face aux Sharks de San Jose, jeudi (22h HE; CBC, TVAS, SN).
Aider à guérir
Les Golden Knights ont accompli tout ça avec Engelland, « un gars de la place », comme pilier. Réclamé des Flames de Calgary au repêchage d'expansion, le défenseur de 36 ans s'est imposé comme un des leaders de l'organisation, qui a préféré nommer plusieurs adjoints plutôt qu'un capitaine.
Le vétéran vient de connaître la meilleure saison de sa carrière au point de vue offensif, lui qui a récolté cinq buts et 18 aides en 79 rencontres.

Il est d'ailleurs en nomination pour l'obtention du trophée Mark Messier, remis annuellement au joueur qui démontre des qualités de leadership au sein de son équipe, tant sur la glace qu'à l'extérieur de celle-ci, durant la saison régulière.
« Sa famille et lui sont des piliers pour nous, a vanté Bellemare. Ils nous ont rendu la vie facile à l'extérieur du hockey et quand il ouvre sa bouche, tu la fermes. Tout le monde écoute ce qu'il dit. Il n'utilise pas de mots en trop. »
Et s'il a facilité la vie de ses coéquipiers, il aura aussi réussi à aider sa communauté et les proches des victimes à panser un tant soit peu leurs plaies à travers différentes initiatives et grâce aux succès de l'équipe.
« Je crois qu'on a réussi, a-t-il dit. C'est ce qu'on me dit quand je parle aux gens. Juste de venir voir le match et d'arrêter de penser à ça pendant deux ou trois heures, ça contribue beaucoup à surmonter cette épreuve. »