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TORONTO - Dur lendemain de veille, n'est-ce pas?
Eh oui, ça s'est bel et bien produit. Encore une fois. Une autre élimination au premier tour. Cinq fois de suite, c'est cruel, je sais. Surtout avec une équipe bourrée de talent, menée par deux vedettes comme Auston Matthews et Mitch Marner. Les Maple Leafs peuvent légitimement aspirer à de grandes choses. Mais ça ne se produit jamais.

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J'ai une question pour toi, cher ami torontois. Y as-tu vraiment cru cette fois?
Les joueurs semblaient sincères quand ils disaient avoir la foi, et l'entraîneur Sheldon Keefe avait l'air convaincu quand il s'est dit en pleine confiance - plus que par les autres années - avec cette édition sous la main. Mais, toi, y croyais-tu? J'ai le sentiment que tu étais prêt à être déçu, blessé, à nouveau.
C'était mon tout premier match au Scotiabank Arena. Je m'attendais à une ambiance électrisante. Un match ultime contre les doubles champions en titre. Vos favoris avaient travaillé d'arrache-pied tout au long de la saison pour s'offrir l'avantage de la glace. Le luxe de compter sur le septième joueur.
Je me souviens encore de cette soirée du 7 avril 2007 - un coeur de partisan a une mémoire très sélective.
Ce soir-là, tu avais soufflé dans les voiles des Leafs et tu les avais aidés à combler un retard de deux buts dans les 25 dernières minutes du dernier match de la saison pour battre les Canadiens 6-5 et les priver d'une participation aux séries. C'était peut-être le volume de ma télévision, mais tu semblais très bruyant.
Hier, 15 ans de déceptions plus tard, c'était comme si tu n'attendais qu'un prétexte pour baisser les bras. Comme si ton deuil était déjà fait. Comme si tu t'empêchais d'y croire pour ne pas avoir mal. Peut-être que tu attendais de voir si c'était pour vrai, cette année. C'est peut-être aussi pour ça que la ville n'a pas trop affiché ses couleurs.
Très peu de fanions sur les voitures, pas trop de drapeaux dans les vitrines des magasins. Même autour de l'aréna. Tu sais, à Montréal, c'est la tradition. On voit même des fanions quand l'équipe termine au dernier rang!
Après le but égalisateur de Morgan Rielly, tu t'es levé. On a cru pendant un moment que l'avalanche allait déferler. David Kampf a touché la barre horizontale et William Nylander a raté une chance en or en échappée en l'espace de trois minutes. Tu leur donnais de l'énergie et on pensait bien que les Leafs allaient prendre les devants.
Mais c'est là que Nick Paul a inscrit son deuxième du match. Et c'est aussi là que tu t'es résigné. La malédiction frapperait encore, et il n'y avait aucun moyen d'y échapper. Tu as eu quelques sursauts en troisième période, mais chaque arrêt supplémentaire d'Andrei Vasilevskiy minait ton enthousiasme.
Comme le veut la tradition, tu as poliment applaudi tes favoris pour la belle saison et tu es reparti à la maison sans rouspéter. Quand je suis sorti de l'aréna, c'était le calme plat et on était déjà en train de ranger les clôtures du Maple Leafs Square, où des milliers de partisans s'étaient réunis pour vivre ensemble cette nouvelle déception.
Tu es désormais habitué aux échecs. Mais tu sais quoi, cher ami torontois, je te souhaite de vivre l'ivresse de la victoire. Et à voir cette équipe tenir tête au Lightning comme elle l'a fait, je crois bien que tu n'auras pas à attendre encore bien longtemps.