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La scène était surréaliste au son final de la sirène. Je regardais tout autour et je me demandais ce qui se passait en voyant mes coéquipiers tout joyeux sur la glace. Je ne savais pas trop où aller.
C'est la première fois que je vivais une situation semblable. J'ai déjà gagné des championnats en Europe, en Suède et en France. J'avais envie de célébrer notre titre de l'Association de l'Ouest, mais là c'était bizarre parce que je me disais que ce n'est pas fini.

Le sentiment est pas mal « cool », mais il reste la Finale de la Coupe Stanley à jouer. C'est pourquoi je ne réalise pas réellement notre accomplissement. C'est une bonne chose parce que personne dans l'équipe n'est encore rassasié.
Je n'ai pensé un seul instant avant le match que si on le gagnait nous serions champions d'association. Je me disais qu'on passerait au tour suivant. C'était l'attitude de tout le groupe. C'est l'attitude qu'il faut avoir. Il y avait tout de même de la retenue dans nos célébrations, j'ai bien aimé.
Cela dit, ça demeure une grande réussite pour l'organisation. Tout le mérite revient aux bâtisseurs. Dois-je vous rappeler qu'à la même date il y a un an, l'équipe n'avait même pas de joueurs? C'est dire tout le travail qui a été fait en amont. Dès que nous avons mis les pieds à Las Vegas, nous nous sommes sentis comme chez nous. Les dirigeants ont établi clairement de quelle façon ils voulaient nous voir jouer. Tout le monde a compris et a embarqué.
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Je sais que la tradition veut qu'on ne doive pas toucher au trophée d'association de crainte que ça porte malchance pour la grande finale.
Nous avons dérogé de cette convention historique et c'est parfait pour moi. Nous avons pris possession du trophée Clarence S. Campbell et nous avons retraité dans le vestiaire. Nous avons immortalisé le moment en prenant une photo d'équipe à l'intérieur. Nous méritons d'avoir ce trophée parce que nous avons travaillé tellement fort.
Eh oui je lui ai touché. Je ne suis pas l'être le plus superstitieux au monde, mais je ne vois pas pourquoi nous devrions nous priver de tenir la récompense dans nos mains. J'estime que quand tu mérites quelque chose, il faut que tu prennes plaisir à le savourer sinon tu ne réalises pas tout l'effort qui a été requis. C'est ma façon de penser.
Je constate que l'engouement pour les Golden Knights augmente en France. Je m'attends à ce que la Finale soit plus suivie dans mon pays cette année parce que j'en ferai partie.
Je reçois d'ailleurs de plus en plus de messages d'encouragement des fans. Je saisis l'occasion pour remercier tout le monde. Sachez que votre soutien est très apprécié.
Je suis le deuxième joueur français de l'histoire qui atteint la Finale de la Coupe Stanley. Mon ami Cristobal Huet a été le premier et il a remporté la Coupe avec les Blackhawks de Chicago en 2010. Ça n'arrive pas tous les jours. Nous sommes une petite nation de hockey. D'avoir des joueurs qui arrivent à se démarquer, que ce soit dans la Ligue Charles Bertrand ou dans la LNH, ça donne un peu de visibilité à notre sport et nous en avons besoin dans notre pays.
Quelques mots en terminant sur le match de dimanche. Notre trio a réussi le but gagnant. C'est gratifiant d'aider l'équipe de la sorte. Pour nous, ce n'est pas de remplir le but qui compte, mais de marquer au moment opportun. C'est ce que Ryan Reaves a fait. Ryan est l'incarnation même de nos succès. Il est resté positif quand il ne jouait pas et il a redoublé d'ardeur à l'entraînement. Il a intégré la formation il y a six matchs et il voit ses efforts être récompensés.

Dans cette série, l'équipe a été meilleure d'un match à l'autre. Le cinquième match a été le plus proche d'un effort constant de 60 minutes que nous avons fourni. Les quatre trios et les six défenseurs savaient ce qu'ils devaient faire et ils se sont appliqués à le faire. Personne n'a dérogé du plan établi.
Une équipe qui mise sur des gars qui sont prêts à camper des rôles précis est vouée au succès même si elle n'a pas de super-vedette dans ses rangs, comme c'est notre cas, à l'exception de notre gardien.