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Quelle remarquable histoire que celle des Golden Knights de Vegas! Cet amoncellement de pièces de rechange a fait mentir tous les observateurs, révélant au passage que, pour peu qu'on leur en donne la chance, un nombre important de joueurs de la LNH sont capables de performer comme des joueurs de premier plan.
Nul n'illustre mieux la chose que le centre numéro un des Golden Knights, William Karlsson. Connu comme un joueur défensif à Columbus, « Wild Bill » a révélé, entre Jonathan Marchessault et Reilly Smith, des talents de marqueur légitimes. Ce qui ne fait pas de lui un joueur complètement transformé pour autant. J'entends par là que Karlsson n'a pas sacrifié son savoir-faire défensif sur l'autel du Rocket Richard.

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La série de première ronde contre les Kings de Los Angeles, conclue tambour battant par les Golden Knights mardi soir, l'a clairement illustrée.
Les Kings ne sont plus cette formidable machine à broyer ses adversaires, menée de main de maître par Darryl Sutter à deux conquêtes de la Coupe Stanley. Bâtis sur le moule des Ducks d'Anaheim et des Sharks de San Jose du tournant de la décennie, les Kings étaient pesants, agressifs et de plus en plus dépassés par l'accélération du jeu. En congédiant Sutter cet été et en amenant de nouveaux joueurs plus jeunes et plus rapides, on espérait faire la transition à la volée.
Anze Kopitar et Drew Doughty, tous deux d'exceptionnels talents capables de jouer tous les styles aux quatre coins de la patinoire, n'ont guère eu de difficultés à s'adapter, et l'ancien capitaine Dustin Brown a certes connu, aux ailes de son vieux sbire Kopitar, une sorte de renaissance inattendue à 34 ans. Mais le retour de Jeff Carter (un autre talent caméléon), qui a pris part aux séries à peine revenu de blessure, et un groupe de joueurs de soutien plus ou moins aguerris ont rendu cette campagne pénible pour les Kings. Pour tout dire, outre Tanner Pearson, Tyler Toffoli et Jake Muzzin, le reste de l'alignement des Kings ne paye pas de mine.
Cet état de choses mettait donc la table pour une série axée sur un duel au sommet entre, d'une part, le trio de Karlsson et celui de Kopitar et, d'autre part, Drew Doughty appuyé d'une brigade amochée contre trois tandems peu connus, mais habitués à jouer ensemble.
Les Golden Knights n'ont pas simplement gagné, ils ont dominé. Naturalstatrick.com nous apprend qu'ils ont gagné la bataille des chances de marquer 112-82 à forces égales, 133-98 au total. En obtenant près de 58 pour cent des chances générées lors de la série, les hommes de Gerard Gallant ont confirmé que leur jeu, axé sur la vitesse et l'intelligence, est parfaitement en phase avec ce qu'est devenu le hockey des séries.
Ça n'a nulle part été plus apparent que dans le détail des confrontations. On voit souvent des équipes user de l'avantage de la patinoire pour envoyer leurs meilleurs éléments contre les adversaires les moins coriaces. Rien de tout ça dans cette série, alors que Karlsson, ainsi que le tandem de Nate Schmidt et Brayden McNabb ont systématiquement affronté Kopitar.

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Cet affrontement a largement tourné à l'avantage des Golden Knights, qui n'ont vu Kopitar prendre le contrôle du jeu que contre les troisième et quatrième trios de l'équipe, ceux de Cody Eakin et Pierre-Edouard Bellemare.

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En défensive, Kopitar a fait quelques misères à Schmidt et McNabb, mais ses rares confrontations contre le deuxième duo, Deryk Engelland et Shea Theodore, ont systématiquement tourné à l'avantage de Vegas.

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Dans les deux cas, la présence de Tanner Pearson au flanc de Kopitar permettait de renverser la vapeur, mais John Stevens ne pouvait se payer ce luxe trop souvent. Pearson et Toffoli constituaient sa seule véritable arme contre les deuxième et troisième trios des Golden Knights.
Cette dure réalité, Stevens y était soumis par la faiblesse de sa brigade défensive. Outre Doughty, ses autres défenseurs étaient soit amochés, soit inefficaces. Ajoutez un match de suspension à Doughty, et le tableau était complet.
Ça ne veut pas dire qu'on peut annoncer le déclin des Kings au même titre que celui de leurs grands rivaux de l'époque, les Blackhawks de Chicago. Même la machine bien huilée des Golden Knights peinait à freiner les formidables élans du numéro 8. Le graphique suivant montre comment même le trio de Karlsson ne parvenait pas à avoir l'avantage du jeu lorsque Doughty sautait sur la glace.

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Au-delà de la déception, donc, le plan est clair pour les Kings : mieux entourer leurs merveilleux joueurs de pointe, un vaste chantier, vu le peu de ressources présentement disponibles et les nombreux contrats encombrants. Un retour en forme de Jeff Carter ferait du bien, mais à 33 ans, il se peut que le grand attaquant soit enfin appelé à ralentir.
Du côté des Golden Knights, c'est un peu de repos supplémentaire en attendant la deuxième ronde. Si David Perron peut profiter de ce répit pour guérir encore un peu plus, ce serait un solide coup de pouce pour cette équipe, qui ne retrouvera plus sur son chemin d'adversaires ayant un personnel de soutien aussi peu menaçant.