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En faisant de Spencer Knight le 13e choix du Repêchage 2019 de la LNH, les Panthers de la Floride ont dérogé à la tendance en devenant la première équipe à sélectionner un gardien dans le top-20 depuis Andrei Vasilevskiy en 2012.
La question qui est maintenant sur toutes les lèvres est la suivante : le jeu en vaudra-t-il la chandelle?

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À mon avis, si les Panthers ont jugé que Knight avait un talent vraiment supérieur, ça vaut la peine de prendre une chance. C'est comme pour n'importe quel joueur. La grosse différence, c'est que le développement d'un gardien prend beaucoup plus de temps que celui d'un attaquant ou d'un défenseur.
Ça fait en sorte que la période de projection est beaucoup plus longue et que le risque de se tromper est ainsi plus grand. C'est un choix difficile à faire, mais Knight est un gardien talentueux qui fait l'unanimité chez les experts et chez les observateurs.
J'ai regardé beaucoup de vidéos de lui dans les dernières semaines pour tenter de comprendre le phénomène et je vous confirme que c'est un très bon gardien. J'ai constaté qu'il était très difficile de le battre sur le premier lancer et que sa grande force était ses déplacements latéraux.
C'est certain qu'il n'a pas la vitesse de la Ligue nationale - il vient d'avoir 18 ans - mais son papillon est très large et il est en mesure de couvrir beaucoup d'espace quand il se déplace. C'est un gardien très athlétique et cet aspect plaît habituellement beaucoup aux recruteurs parce que c'est spectaculaire et que ça capte leur attention rapidement.
Knight a aussi un très bon sens du hockey et est en mesure de manier la rondelle très facilement. On l'a d'ailleurs vu déculotter quelques joueurs russes dans un match lors du dernier Championnat mondial des moins de 18 ans. Ça démontre sa maturité et son sens du hockey. C'est un ensemble complet.

On parle aussi d'un gardien fort imposant à 6 pieds 3 pouces et 196 livres. À mon époque, on disait que 6 pieds 2 pouces était la taille parfaite pour un gardien. Maintenant, je crois que la taille idéale est exactement celle de Knight - on en voit beaucoup dans la LNH - et ça le rend encore plus attrayant.
Plusieurs avaient des doutes quant à lui puisqu'il était le gardien de l'excellente équipe du programme américain de développement. On soutient que ç'a pu lui faciliter la tâche en cours de saison.
J'ai souvent discuté de ce problème avec Jeremiah Crowe, qui a été directeur du personnel des joueurs du programme américain avant de devenir recruteur professionnel pour les Sabres. Il m'a répondu que c'est en regardant Knight dans les entraînements qu'on constate à quel point il est dominant.
Parce qu'avec le nombre de joueurs de grande qualité qu'il a dans son équipe, c'est là que tu peux vraiment voir de quel bois il se chauffe. Il faut aussi se rappeler que c'est une formation très offensive et qui prend beaucoup de chances pour marquer des buts. Souvent, il était laissé à lui-même et devait réaliser des arrêts importants pour racheter les erreurs de ses coéquipiers.
J'ai aussi eu la chance de parler de Knight avec son coéquipier Cole Caufield à la Séance d'évaluation des joueurs à Buffalo au début du mois. Ce dernier a marqué 72 buts cette saison, donc je voulais savoir s'il avait été mis à contribution lors des entraînements pour aider Knight à s'améliorer.
Il m'a plutôt répondu que la présence du grand gardien dans le filet l'avait personnellement beaucoup aidé parce qu'il devait se surpasser à chaque entraînement pour essayer de le battre. Quand un gars qui a marqué 72 buts dit qu'il adorait s'entraîner avec Knight parce que ça lui compliquait la tâche, ç'en dit long sur le talent du jeune gardien.
Pression?
En ayant moi-même été un choix de première ronde des Sabres en 1995 (no 16), j'ai une bonne idée de ce qui attend Knight au chapitre de l'attention et de la pression dans les prochaines années avec la Floride.
Toutefois, la différence entre les gardiens issus de la Ligue canadienne de hockey et ceux qui évoluent dans les collèges américains, c'est le nombre d'années dont l'équipe dispose avant d'évaluer la progression du joueur et de lui accorder ou non un contrat.
Un joueur de la LCH n'a que deux ans pour faire ses preuves tandis que les joueurs des collèges en ont quatre. C'est donc évident que la pression est beaucoup moins présente. Si Knight a une mauvaise première saison à Boston College, l'an prochain, ce n'est pas la fin du monde parce qu'il a du temps pour se reprendre. Ce n'était pas vraiment mon cas ni celui des gardiens de la LCH.
C'est d'ailleurs ce qui peut expliquer le fait que les gardiens des collèges américains ont plus la cote auprès des équipes depuis quelques années. En 2008-09, seulement 13 des 66 gardiens ayant signé une victoire dans la LNH provenaient des collèges américains. En 2018-19, le chiffre est passé à 21 sur 73 gardiens.
Un saut aussi important en 10 ans, c'est énorme. Surtout quand on constate que les chiffres sont demeurés à peu près les mêmes pour les gardiens de la LCH et de l'Europe.
Les Panthers doivent maintenant veiller à ce que Knight se joigne à ce contingent d'ici quelques années.