Bednar

TAMPA -Par instinct, Jared Bednar a continué à donner ses directives jusqu'à ce qu'il ne reste plus de temps au cadran.

Même quand les joueurs de l'Avalanche du Colorado se sont mis à célébrer devant lui dans les dernières secondes, dimanche, Bednar tentait encore de les garder concentrés.
« J'étais tellement nerveux, a admis Bednar. Je n'avais même pas connaissance du temps qu'il restait. J'ai vu les gars commencer à célébrer sur le banc et j'ai regardé vers le tableau, il restait encore sept secondes. Je me suis demandé pourquoi on célébrait. C'est le genre d'intensité que nous avions derrière le banc. »
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Quand le son de la sirène s'est fait entendre et que les joueurs ont sauté sur la glace, Bednar s'est retrouvé au cœur d'une accolade avec ses adjoints et tout le personnel. C'est à ce moment que les émotions l'ont envahi.
« Il y avait beaucoup de soulagement, a raconté Bednar. Je n'y croyais pas pendant un moment. Les gars étaient déjà sur la glace, mais ça prend un instant ou deux pour tout réaliser. Même quand nous nous sommes retrouvés sur la glace, ça restait difficile d'y croire parce que tu as tellement travaillé fort pour en arriver là. Dans mon cas, c'est un parcours de six ans de travail avec ces gars et avec cette équipe. »
Ce parcours a connu un départ rocambolesque en 2016-17 alors que Bednar a été embauché moins d'un mois avant le début du camp d'entraînement en septembre à la suite de la démission inattendue de Patrick Roy à titre d'entraîneur. Le Colorado a ensuite maintenu un dossier de 22-56-4 et terminé au dernier rang de la LNH avec 48 points pour rater les séries éliminatoires dans une troisième saison consécutive.
Bednar, qui en était à un premier emploi dans la LNH, a reconnu qu'il aurait pu voir sa carrière d'entraîneur s'envoler en fumée si le directeur général Joe Sakic et le propriétaire de l'Avalanche Stan Kroenke s'étaient montrés moindrement impatients.
« Je dois remercier Joe et le propriétaire de m'avoir fait confiance, d'avoir cru que je pouvais être celui qui allait nous aider à gagner et de m'avoir donné la chance de revenir après cette année [de misère], a dit Bednar. Bien des fois, c'est une ligue qui ne pardonne pas.
« Il ne fallait que bâtir à partir de là. »
La saison suivante, le Colorado a conservé une fiche de 43-30-9 et s'est qualifié pour les séries. À la fin de la saison 2020-21, l'Avalanche remportait même le trophée des Présidents, remis à la meilleure équipe en saison régulière, mais elle s'inclinait en deuxième ronde pour une troisième saison consécutive.
Encore une fois, des questions ont été soulevées à savoir si Bednar était la bonne personne pour mener l'équipe vers un premier championnat depuis 2001. Toutes les réponses à ces questions ont été fournies lorsque l'Avalanche a détrôné le Lightning de Tampa Bay, qui avait triomphé dans les deux dernières saisons.
« Nous avons touché le fond en [2016-17], et nous ne pensions pas nous retrouvés ici, certainement pas dans cinq ou six ans, a avoué le capitaine de l'Avalanche Gabriel Landeskog. Ça démontre que les gestionnaires ont été patients avec Jared. Ils ont été patients avec nous. Ils n'ont pas tout chambardé après la troisième élimination de suite en deuxième ronde. Ils ont continué à croire en nous. »

Landeskog fait partie des quelques joueurs du noyau qui était en place en 2016-17, avec Nathan MacKinnon, Mikko Rantanen, J.T. Compher et le défenseur Erik Johnson. Le parcours sinueux avec ce groupe a permis à Bednar d'apprécier davantage le moment quand il a soulevé la Coupe.
« C'est vraiment satisfaisant parce qu'on avait eu une année très difficile et nous bâtissons quelque chose depuis. Puis il y a eu plusieurs moments crève-cœur et de bons moments en cours de route. Il y a plusieurs gars qui étaient ici quand je suis arrivé comme entraîneur recrue. Gagner avec eux, ç'a une saveur particulière. Nous avons été capables de souder un groupe avec Joe, son équipe, mon équipe et tous les joueurs. C'est un long parcours et le sentiment de satisfaction est énorme. »
Les titres de championnat n'ont rien de nouveau pour Bednar. Il avait mené la Caroline du Sud à la Coupe Kelly dans l'ECHL en 2009 et Lake Erie à la Coupe Calder dans la Ligue américaine en 2016.
À l'âge de 50 ans, Bednar est le premier entraîneur de l'histoire à mettre la main sur la Coupe Kelly, la Coupe Calder et la Coupe Stanley.
« Il prend tellement de fierté à faire ce qu'il fait, et il arrive préparé chaque jour, a souligné Sakic. Je suis tellement fier de lui et de tout son personnel. Depuis cinq ans, il tente d'améliorer les systèmes chaque jour. Je ne pourrais jamais être entraîneur. Ils donnent beaucoup trop de leur temps. Ce sont de longues heures. C'est spécial de le voir être récompensé. Il est une personne formidable, un excellent entraîneur, et les joueurs croient en lui. »